Les enfants surdoués seraient mieux pris en charge à l’école d’après le ministre de l’Éducation nationale. Une priorité qui cache une grande différence de niveaux des élèves sur le terrain.
La prise en charge des enfants dits désormais à «haut potentiel» pose problème dans les écoles du Luxembourg. Les enseignants ne sont pas assez formés. Mais le ministre Claude Meisch assure que des formations sont de plus en plus suivies et un projet pilote à Luxembourg est en cours.
La prise en charge des enfants surdoués à l’école est une «priorité» qui tient à cœur au ministre de l’Éducation nationale. C’est ce que ce dernier répond dans une question parlementaire de la députée CSV Martine Hansen qui s’interrogeait sur la détection de ces élèves précoces et de la formation des enseignants qui ont ce type d’élèves dans leurs classes.
«Depuis l’année 2007/2008, l’offre de formation continue à l’attention des enseignants comportait à peu près deux formations avec en moyenne une trentaine d’inscriptions par année sur la thématique des enfants à haut potentiel», répond le ministre. Une conférence intitulée «Hochbegabt», organisée en coopération avec une association privée en mai 2014, attirait 211 enseignants et lançait une vaste sensibilisation au sujet des enfants à haut potentiel, ajoute le ministre dans sa réponse. Depuis 2014, les collaborateurs des équipes multi-professionnelles (EMP) et les SPOS ont été sensibilisés et invités à être attentifs en ce qui concerne le dépistage de la précocité intellectuelle. Une collaboration avec l’institut spécialisé de la Rhénanie-Palatinat, situé à Trêves, a été entamée.»
Un projet pilote entamé avec la Ville de Luxembourg vise trois acteurs : les élèves à haut potentiel de la Ville, leurs parents ainsi que les professionnels de l’enseignement, mais pas exclusivement les enseignants. Cela passe par des cours supplémentaires proposés par des enseignants formés spécialement. Le lycée classique de Diekirch (LCD) accompagne des élèves à haut potentiel intellectuel en favorisant leur intégration scolaire et sociale. Les futurs lycées de Clervaux et de Mondorf ont inscrit la prise en charge des élèves à haut potentiel intellectuel dans leurs avant-projets pédagogiques respectifs.
Des niveaux très différents
Pourtant, sur le terrain, cette priorité accordée aux élèves à haut potentiel cache une réalité à laquelle les enseignants doivent faire face tous les jours. Des élèves qui ont des niveaux très différents, même à l’entrée de l’école fondamentale. Sans compter la présence de nombreux enfants étrangers qui doivent rattraper un retard considérable en matière d’apprentissage de la langue luxembourgeoise, pilier de l’enseignement pour les écoles publiques du pays.
Pour un enseignant de l’est du pays, l’accueil des enfants à haut potentiel n’est pas la priorité : «Nous sommes plutôt formés à identifier et suivre les élèves plus faibles. Une éducation différenciée telle qu’on nous la demande, avec 18 enfants c’est impossible. J’ai des enfants du cycle 1, de 4 à 6 ans, et selon s’ils ont suivi le précoce ou pas, le niveau est déjà très différent. L’importance de la langue est tellement grande que je ne peux pas envoyer des enfants en deuxième cycle s’ils ne maîtrisent pas bien le luxembourgeois, beaucoup d’enfants redoublent.»
Selon cet enseignant, l’appellation «haut potentiel» est également galvaudée : «Le niveau a baissé ces dernières années, si bien que l’on considère un élève surdoué aujourd’hui alors qu’il n’est en réalité que moyen… La barre est tellement basse que c’est la réalité. Nous devons accueillir des enfants psychologiquement perturbés, des enfants trisomiques, alors les surdoués deviennent de véritables petits assistants des enseignants. Ils sont ravis d’aider, de faire de petits exposés aux autres pour transmettre leurs connaissances. Je leur propose également des activités adaptées pour qu’ils ne s’ennuient pas.»
Comme le propose le ministre, l’accent est mis sur la communication entre les enseignants et les parents pour juger de ce qui est le mieux pour les enfants. «Je ne suis pas très favorable à ce que les enfants sautent une classe, car ils ne sont déjà pas très socialement intégrés et pourraient en souffrir encore plus. Il est important qu’ils se fassent des amis. Nous pouvons signaler à notre inspecteur que l’enfant est considéré comme haut potentiel, mais le choix revient à l’enseignant et aux parents. La communication avec ces derniers est primordiale.»
Audrey Somnard
Extrêmement déçue par la qualité de cet article !
Effectivement, il reflète bien, malheureusement, la manière de penser de la grande majorité des instituteurs/trices (de mon expérience de mère d’un enfant scolarisé) et cela s’étend à d’autre domaine que la Douance, mais à force de se focaliser sur une langue véhiculaire pour des raisons politiques on en oublie que l’arbre cache la forêt ! Et la forêt est touffue !
Je pense, personnellement, que la journaliste aurait pu bien mieux faire son travail de journaliste – justement ! – car, Dieu merci, le paysage de la douance est mieux fourni que ce qu’elle décrit-là… Ici on n’a qu’une voix qui s’exprime, celle de cet « instituteur de l’est du pays », qui est tout sauf positive et surtout pleine de préjugés et d’idées préconçues sur la Douance. En fait, la voix de ceux qui laissent entendre qu’il vaut mieux ne rien faire et donc continuer à ignorer les problèmes.
En tant que mère d’un de ces enfants, ce genre de propos me hérisse le poil car ils me prouvent, une fois de plus, que le chemin est encore bien long jusqu’à ce que ce type de personnage comprenne que l’erreur est peut-être, juste peut-être, du côté de leur oeillères vaillamment portées en flambeau dressé haut dans le ciel de leur fière ignorance.