L’inflation dans la zone euro s’est rapprochée en mai de l’objectif de 2% fixé par la Banque centrale européenne, portée par les prix du pétrole et par un chômage au plus bas depuis neuf ans, selon des chiffres publiés jeudi par l’Office européen des statistiques, Eurostat.
Le taux de chômage en zone euro s’est établi à 8,5% en avril, en baisse par rapport à 8,6% en mars (révisé à la hausse). Il s’agit du taux le plus faible enregistré dans la zone euro depuis décembre 2008, quand il était de 8,3% puis avait bondi à 8,7% en janvier 2009. Parmi les 19 pays de la monnaie unique, les taux de chômage les plus faibles en avril ont été enregistrés en République Tchèque (2,2%) à Malte (3%) et en Allemagne (3,4%). Le Luxembourg arrive en 13e position (5,3%), devançant la Belgique (6,3%) et distançant la France (9,2%). Les taux les plus élevés ont été relevés en Grèce (20,8% en février, dernier chiffre disponible) et en Espagne (15,9%). La moyenne européenne se situe à 7,1%.
D’autre part, selon une première estimation d’Eurostat, l’inflation a atteint 1,9% en mai dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, un taux bien plus élevé que celui de 1,2% enregistré en avril. Ce chiffre permet à la zone euro de s’inscrire dans les objectifs de la BCE, pour qui une inflation très légèrement inférieure à 2% sur un an est considérée comme un signe de bonne santé de l’économie.
Casse-tête italien
Mais il pourrait aussi accentuer les pressions pour que la BCE mette un frein à son vaste programme de rachats de dette publique et privée, ce qui pose problème au moment où l’Italie, très fortement endettée et qui bénéficie grandement de ce programme, traverse une grave crise politique. « L’Italie crée une sorte de casse-tête pour la BCE », résume Stephen Brown, économiste chez Capital Economics, d’autant plus que « les récentes hausses des prix du pétrole maintiendront l’inflation globale au-dessus de 2% au cours des prochains mois ».
L’inflation de la zone euro n’avait pas atteint un tel niveau depuis avril 2017. Cette progression aussi forte qu’inattendue s’explique principalement par les prix de l’énergie, qui ont grimpé de 6,1% en mai contre 2,6% le mois précédent. Les prix du pétrole évoluent en effet autour de leurs plus hauts niveaux depuis fin 2014, en raison d’inquiétudes sur des ruptures d’approvisionnement causées par la décision des États-Unis de sortir de l’accord nucléaire iranien, ainsi que les troubles au Venezuela.
Le contexte est également compliqué par le fait que les États-Unis semblent sur le point d’annoncer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens, « ce qui pourrait avoir un impact inflationniste supplémentaire si le conflit commercial devient incontrôlable ». L’inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatils) a elle aussi progressé, passant de 0,7% en avril à 1,1% en mai.
Le Quotidien/AFP