À 18 ans seulement, Yvandro Borges semble parti à la conquête de la Bundesliga au sortir d’une préparation rondement menée avec Mönchengladbach.
Ce samedi, à huit jours d’un premier match officiel en Coupe face au minuscule club d’Oberliga d’Oberachern, Mönchengladbach boucle sa campagne de matches amicaux contre les Espagnols de la Real Sociedad et c’est toute la ville qui se prend en ce moment de passion pour un sujet qu’on ne voyait pas venir aussi tôt : un petit Luxembourgeois pas bien épais, qui n’apparaît même pas sur la photo d’équipe de début de saison, mais a quand même eu les honneurs d’un sujet dans… Marca la veille de son tout premier but chez les pros, le 12 juillet, en amical contre Munich 1860 (6-0).
Yvandro Borges, 18 ans, plus jeune joueur de l’effectif du 10e de la dernière saison de Bundesliga, est effectivement en train de marquer les esprits. Très fort même. Au point qu’il y a une dizaine de jours, son coach, Daniel Farke, a dû très fort appuyer sur la pédale de frein face à l’emballement médiatique :
«C’est un bon garçon. Mais je ne suis pas quelqu’un qui aime miser sur de jeunes joueurs trop tôt. On n’est qu’en phase de préparation, ce fut un test contre une équipe de 3e division. Ce sera tout autre chose s’il joue avec nous en Bundesliga. Mais il a fait bonne impression. Par contre, je ne fais pas de cadeaux. Sa titularisation contre Munich 1860 n’est donc pas due au hasard. Yvandro a très bien presté jusqu’à présent. Un grand compliment à lui. Mais il lui manque encore pas mal de choses. Il doit encore apprendre beaucoup. À un moment, il faut entamer le chemin et c’est ce qu’il a fait. Maintenant, on va regarder de combien de temps, il aura besoin pour aller au bout.»
Son «body language»? «Une forme de nonchalance»
Aller au bout, tout le monde comprend ce que cela veut dire. C’est, dans la foulée de Mathias Olesen à Cologne ou de Leandro Barreiro à Mayence, devenir dès cet été, voire à l’automne, le troisième Roude Léiw à évoluer dans l’un des tout meilleurs championnats du monde.
Mais face à cette éventualité ultraréjouissante vue du Grand-Duché, même Luc Holtz se fend d’un petit rétropédalage : «Il a un talent fou et je sais que, là-bas, il fait très forte impression! Mais beaucoup ont eu du talent et n’ont pas fait le chemin parce qu’il manquait le travail. Je lui ai rappelé, en juin, de ne pas se contenter de vivre sur ses qualités. Qu’en Bundesliga, il fallait mettre de l’intensité dans les efforts défensifs. D’autant que lui-même le reconnaît, son « body language », depuis qu’il est petit, tend vers une forme de nonchalance. En Allemagne, il faut une tension corporelle de chaque instant, physiquement et mentalement. C’est cela, s’adapter à la compétition des hommes.» À Tegernsee, en stage de présaison, c’est très précisément ce que Daniel Farke n’a pas manqué de rappeler à son adolescent de service.
Pendant ce temps, Yvandro Borges, lui, continue de se montrer intelligent dans les quelques déclarations qu’il s’autorise et malgré les attentes qu’il suscite. Mi-juillet, après avoir fait pour la presse un petit tour rapide de ses idoles de jeunesse (Neymar, Ousmane Dembélé, Ronaldinho… mais délaissant Cristiano Ronaldo, allant même jusqu’à dire que «le meilleur, c’est Messi»), il n’a fait que rêver : «Quelques minutes de temps de jeu, cette saison, ce serait déjà exceptionnel.»
Complétant sa réflexion, il a ajouté : «Si vous considérez qu’en tant que jeune professionnel, j’ai le droit de jouer et de m’entraîner dans une équipe avec Alassane Plea (NDLR : qui fait l’objet de marques d’intérêt de l’OM et de Nice), Marcus Thuram, Lars Stindl, Jonas Hofmann et Breel Embolo (NDLR : depuis transféré à Monaco), alors il est clair que j’essaie de faire autant que possible à chaque séance d’entraînement, d’apprendre et de regarder. Ce sont tous de grands joueurs.»
Pourtant, c’est bien son but face à Munich 1860, autant que sa vitesse et sa capacité d’élimination, qui, il y a dix jours, a mis le feu aux poudres : un tir réfléchi, à mi-distance, sur un centre en retrait de Jonas Hofmann, au bout d’une attaque que l’ancien gamin du RFCU avait lui-même initiée, conservant le ballon dans sa moitié de terrain alors qu’il était mis sous pression, avant de décaler Marcus Thuram et de se retrouver à la conclusion de l’action.
Et si, avant la réception d’Hoffenheim le 6 août et un déplacement à Schalke 04 le 13, la DFB Pokal, pour ce qui sera un tour de chauffe, était déjà un peu l’occasion de voir la nouvelle baby star de Mönchengladbach ?