Le Premier ministre, Xavier Bettel, revient sur cette fin d’année particulière, entre contestation violente et démissions en série. Il prône la fermeté face aux émeutiers et répète que la vaccination est le seul moyen de sortir de cette crise.
Fin d’année chaotique pour le Premier ministre, menacé jusque devant son domicile. Il acte aussi le départ de trois ministres et s’est retrouvé accusé de plagiat. L’important pour Xavier Bettel est de sortir de cette crise et de mettre en œuvre la suite de l’accord de coalition.
Les évènements qui se sont produits au marché de Noël et devant votre domicile constituent une première au Grand-Duché ? Y aura-t-il un avant et un après 5 décembre ?
Xavier Bettel : Ce qui s’est passé samedi dernier (NDLR : le 5 décembre) est tout simplement intolérable. Répondre par la haine et la violence, c’est quelque chose qu’on n’a pas connu au Luxembourg jusqu’à maintenant. Souiller des monuments historiques, perturber les loisirs de milliers de gens qui voulaient se rendre au marché de Noël en famille, c’est du jamais vu. On ne peut pas tolérer que des gens s’exhibent avec une étoile jaune quand on sait que 6 millions de juifs sont morts dans les camps de concentration. Pour le peu de survivants, c’est finir de les achever. Comme je l’ai dit, il faut comprendre comment des gens peuvent se radicaliser et atteindre de telles extrêmes. Leur opinion n’est pas celle que la médecine et la science valident. J’espère que ce qui s’est passé samedi (NDLR : le 4 décembre) restera un cas isolé. Je ne veux pas que des gens imposent un changement dans mes libertés, je ne peux pas l’accepter. Mais je pense surtout aux gens qui ont peur de venir en ville le samedi parce que des gens sont là pour casser et effrayer. Si les gens veulent manifester, nous avons délimité un périmètre pour ça, sinon ils sont en infraction.
La pandémie a exacerbé les inégalités existantes dans tous les domaines, affectant en particulier les groupes vulnérables, relève l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. N’est-pas aussi cela qui s’exprime dans la rue ? La contestation vous semble-t-elle multiple ?
Il n’y a pas que les manifestants qui en ont ras-le-bol. On voit au niveau mondial que cette pandémie a créé des clivages non seulement dans la société, mais aussi au sein des familles. La différence d’opinion doit pouvoir exister, mais si elle entraîne la violence, c’est inacceptable. Les manifestants ne sont pas d’accord avec les mesures sanitaires et c’est ce qu’ils nous disent et c’est l’objet de leur contestation. Nous n’avons pas d’interlocuteurs, les organisateurs restent anonymes.
Il est important d’inculquer l’esprit critique dès le plus jeune âge pour permettre de distinguer le vrai du faux
Les fake news sont en grande partie responsables de la position des antivaccins. Comment comptez-vous combattre ce phénomène ?
La première chose à faire, c’est d’investir dans la presse. Les investissements que le gouvernement réalise en faveur des médias sont le meilleur rempart contre les fausses informations. Il faut que les gens comprennent que ce qu’ils lisent dans la presse est écrit par des journalistes, car pour certaines personnes la presse est complice des gouvernements. La semaine dernière, quelqu’un avec qui je discutais m’a dit que le virus n’existait pas. Je suis allé rendre visite à des patients qui souffrent d’un covid long. Certains se déplacent avec une bouteille d’oxygène parce qu’ils n’arrivent plus à respirer, il ne faut pas leur dire que le virus n’existe pas. Les gens se forgent une opinion sur ce qu’il pense être juste et les médias sociaux jouent un grand rôle ici. Il est important d’inculquer l’esprit critique dès le plus jeune âge pour leur permettre de distinguer le vrai du faux. La dernière fake news en date que j’ai entendue voudrait que la manifestation devant mon domicile a été organisée par nous-mêmes pour les décrédibiliser et que la voiture de Gauthier (NDLR : son époux) était déjà griffée depuis quelques jours. Non, tout cela est faux, bien entendu. Donc, l’éducation aux médias et à l’esprit critique est très importante. Il suffit de visiter un hôpital pour se rendre compte de la situation réelle et non de croire tous les pseudo-experts autoproclamés sur les réseaux sociaux.
Rien ne pourra faire changer d’avis les plus farouches opposants aux vaccins. Une mesure radicale comme la vaccination obligatoire peut-elle être envisagée ?
C’est toujours une possibilité. Pour l’instant, nous laissons le libre choix à la population, mais avec les conséquences que cela comporte. La vaccination obligatoire fait qu’on pénalise par une amende les gens qui ne se font pas vacciner et la question reste ouverte. La vaccination est le seul remède pour s’en sortir.
Les fausses informations, encore elles, qui circulent concernant la réforme constitutionnelle sapent les efforts fournis depuis près de 20 ans par les députés pour aboutir à une réforme. Craignez-vous la tenue d’un référendum dans ces conditions ?
Je suis actuellement saisi d’une procédure de référendum populaire et je ne peux pas me positionner tant que les signatures sont en cours. Le Parlement ne s’appelle pas pour rien la Constituante, donc les députés ont fait leur choix. Quant à moi, j’attends le résultat du nombre de signatures et si les 25 000 sont atteintes, il m’appartiendra d’organiser un référendum, ce que je ferai. Attendons de voir.
Trois membres de votre gouvernement quittent leurs fonctions à la fin de l’année. C’est un coup dur pour vous, d’autant que la démission de Pierre Gramegna fut une surprise totale.
C’est un choix personnel pour chacun d’eux. Dan Kersch a expliqué qu’il ne pouvait plus, non pas qu’il ne voulait plus. Pierre Gramegna, très fair-play, a expliqué qu’il avait apprécié cette expérience politique, mais qu’il ne voulait plus se représenter aux élections. Il va devenir grand-père et veut passer du temps avec sa famille. Je le regrette, car c’était un poids lourd du gouvernement, mais je respecte son choix. Quant à Romain Schneider, il avait annoncé son désir de partir à la retraite depuis quelque temps.
En revanche, Yuriko Backes, c’est un coup de maître…
On voulait quelqu’un à ce poste qui connaisse les rouages de l’État, qui sache comment fonctionnent l’administration et les institutions européennes. Il fallait aussi que cette personne soit un fin stratège et négociateur et un travailleur. Le nom de Yuriko Backes nous est venu, nous l’avons contactée et elle a demandé un temps de réflexion. J’étais heureux qu’elle accepte le challenge, car j’ai eu la chance de travailler avec elle, comme Jean-Claude Juncker avant moi. Elle a un bon bagage et je sais qu’elle sera appréciée par les gens qui ne la connaissent pas encore. C’était important aussi qu’une femme occupe ce poste.
Le LSAP insiste pour obtenir encore des concessions en ce qui concerne l’équité fiscale. Même sans réforme globale, quelles sont la marge de manœuvre et la volonté d’agir du gouvernement ?
Nous avons un accord de coalition qui est notre feuille de route. Les 22 prochains mois, je sais que chacun va préparer ses programmes électoraux, mais à l’extérieur. Au sein du gouvernement, nous continuons à mettre en œuvre notre accord et je sais que Yuriko Backes arrivera à trouver les compromis nécessaires entre les trois partis pour le prochain budget aussi. La marge de manœuvre dépend de la sortie de la crise. Pour l’instant, nous avons déboursé un milliard pour le chômage partiel et 500 millions pour les entreprises, une dépense qui ne figurait pas dans l’accord de coalition. C’est difficile de faire une réforme fiscale en empruntant de l’argent. Aujourd’hui on nous prédit une croissance de 6 % et j’espère que l’on aura plus de moyens pour faire certaines choses, mais aujourd’hui il est trop tôt pour faire le bilan. On voit qu’autour de nous il y a encore des pays qui ordonnent le confinement, des fermetures de certains secteurs. Pour l’instant, nous essayons d’éviter le pire, mais nous n’avons pas de boule de cristal.
L’Allemagne connaît une nouvelle coalition, similaire à celle du Luxembourg. Connaissez-vous le nouveau chancelier Olaf Scholz et quelles sont vos attentes à l’égard du nouveau gouvernement en matière de politique européenne ?
Je l’ai rencontré quand il était maire de Hambourg et nous avons eu quelques échanges déjà par le passé. Je dois avouer qu’Angela va me manquer. C’est quelqu’un avec qui j’avais eu un très bon contact personnel. C’est une grande dame qui tire sa révérence.
Les attentes sont nombreuses, mais le pire, ce serait d’avoir un gouffre permanent entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. Il est important d’avancer et donc de réunir. Il faut être plus ambitieux qu’aujourd’hui, car je dois avouer que souvent, à Bruxelles, c’est le plus petit dénominateur commun que l’on trouve. Il est aussi regrettable que chaque deuxième ou troisième conseil, on soit obligé de rappeler les valeurs de l’Europe, comme les droits des journalistes ou ceux des minorités, et de se mettre d’accord sur ce que cela signifie. J’ai tendance à leur dire en réunion ce que j’en pense, j’évite de parler des uns et des autres dans les médias, mais je leur dis en face ce qui ne va pas. La condition du respect de l’État de droit pour le versement des fonds européens est une bonne chose.
Que retenez-vous de l’affaire Monica Semedo, un an après sa démission du parti ?
Au niveau personnel, ça n’a pas été un moment agréable. Au niveau politique, le dossier est clos. Elle a décidé de quitter le parti avant que l’on ait pu discuter et c’est son choix. Je le respecte, mais je le regrette. J’aurais aimé qu’on puisse avoir un échange.
L’affaire du plagiat concernant votre mémoire de DEA et qui a été largement commentée n’a pas eu l’air de vous atteindre plus que ça…
J’ai tout dit sur cette affaire. Cela fait 22 ans que je dors bien. Je sais que j’ai rendu un devoir médiocre qui a obtenu une note tout aussi moyenne que j’ai rattrapée à mon examen oral. Je veux que les gens me jugent sur le travail que je fais maintenant depuis huit ans et pas sur quelque chose que j’ai fait il y a 22 ans. Je veux qu’ils jugent le Premier ministre Bettel et pas l’étudiant Bettel.
Dans le cercle européen, personne n’a eu un bon mot sur cette affaire ?
Non, personne. Je sais que certains partis ont dit que c’était une mauvaise publicité pour le Luxembourg, mais j’ai vu des commissaires européens, des chefs d’État, des chefs de gouvernement et je n’ai pas été considéré comme un pestiféré.
Entretien avec Geneviève Montaigu
Eh bien non, je suis Luxembourgeois, je n’ai pas voté pour M. Bettel et malgré tout celà je m’en fiche de son diplôme. L’équipe gouvernementale fait une excellente gestion de crise, le Luxembourg s’en sort de la pandémie beaucoup mieux que ses voisins, alors arrêter de râler, vous n’êtes certainement pas capables de faire mieux!
Les luxos en ont aussi marre d’ un premier ministre tricheur xb avec plagiat 96 % de l’université nancy !!!