Quelque 12 000 visiteurs, fans de littérature, de beaux livres, chasseurs de dédicaces, mais aussi simples badauds, sont attendus jusqu’à dimanche autour du stade Prince-Henri à Walferdange à l’occasion des journées du Livre.
La commune de Walferdange, au nord de la capitale, ne s’est peut-être pas imposée comme un lieu de création littéraire, mais quelques jours par an, en septembre, elle devient la capitale incontestée de la littérature grand-ducale et de la Grande Région. Voilà 23 ans, en effet, que le centre de la commune accueille les Walfer Bicherdeeg, principal salon du Livre du Luxembourg.
La manifestation tourne autour de trois axes. Elle propose ainsi aux visiteurs de se balader autour de livres neufs, voire très neufs, car nombreux sont les éditeurs et les auteurs qui arrivent à Walferdange avec leur dernière nouveauté sous le bras, mais aussi de livres d’occasion.
Les Walfer Bicherdeeg invitent aussi à aller à la rencontre de très nombreux auteurs luxembourgeois et des alentours, de découvrir les différentes maisons d’édition et leurs spécificités, mais aussi les différentes institutions en lien avec les livres : Centre national de littérature, bibliothèques…
Enfin, ces journées du Livre proposent, pour les lecteurs moins confirmés, toute une programmation faite de musique, spectacles, lectures, jeux, animations diverses, ou encore, pour ceux qui regrettent les années lycée, de la Grande Dictée RTL.
Si la très grande majorité de ce programme est concentrée samedi et dimanche, cette 23e édition a connu son premier rendez-vous hier soir avec le vernissage de l’exposition «Kreativitéit – Iwwert Iddien an Inspiratioun» – thématique principale de cette édition 2017 – et propose encore deux préouverture avec, ce soir, la traditionnelle soirée de remise des Lëtzebuerger Buchpräis et, demain soir, le concert «Best of» avec trois cover bands qui se succéderont sur scène : Fascination, The Challengers et Lifestyle.
Le rendez-vous de l’année
«C’est le rendez-vous le plus important de l’année pour la littérature au Luxembourg», résume Manuel Schortgen, responsable des éditions Schortgen et président de la Fédération des éditeurs de livres luxembourgeois. «Tout le monde de l’édition et du livre est présent. C’est là qu’on présente la plupart de nos nouveautés aux lecteurs», ajoute-t-il.
L’écrivaine, poète et dramaturge Nathalie Ronvaux ne dit pas autre chose : «Les journées du Livre de Walferdange sont pour moi quelque part l’annonce de la saison littéraire luxembourgeoise. C’est le premier week-end de la saison où les auteurs se rencontrent pour présenter leurs derniers travaux, tout en étant, en même temps, une manifestation dédiée au public, au grand public, avec des événements très différents.»
Celle qui est par ailleurs assistante de direction, chargée d’Esch 2022 à la Kulturfabrik d’Esch, sera la marraine de cette édition 2017 et ouvrira, avec Gast Groeber qui en sera le parrain, la première édition de la résidence d’auteurs de Walferdange. «Je trouve que c’est une belle idée, mais, comme c’est la première édition, je pense qu’il y aura beaucoup de réflexions pour le futur, beaucoup de choses à débriefer par la suite pour voir comment améliorer encore la chose.»
Car si les deux auteurs seront présents sur place le week-end pour donner «un aperçu de leur métier et des processus de travail créatif», selon les programmateurs, parler, là, de résidence littéraire semble un peu exagéré. «Ce n’est pas tout à fait une résidence dans le sens où certains l’entendent, reprend l’auteure de La liberté meurt chaque jour au bout d’une corde, Vol de nuit à ciel ouvert ou encore La vérité m’appartient, avec un lieu où les auteurs se seraient retrouvés à Walferdange pour travailler un texte sur place et y écrire pendant des semaines.
En fait, il s’agit surtout d’une commande qui nous a été faite et qui sera publiée dans les Cahiers luxembourgeois. Un texte de dix pages en format A4 avec une liberté totale sur le genre.»
Sa contribution s’intitule Je l’ai tué. «Ça parle d’un écrivain qui a une activité de nègre littéraire et qui finance son écriture par le biais de cette activité alimentaire de ghost writer.
Il va obtenir une nouvelle commande et ce texte parle de ses rencontres avec la personne qui lui a passé commande et le collaborateur de cette personne», explique l’auteure, qui précise : «Mon parti pris a été de raconter une histoire.
On nous avait dit qu’il y aurait des lectures de ces textes – je ne sais pas si c’est encore à l’ordre du jour – et j’avais l’envie d’écrire un texte scénique, d’utiliser le genre de la dramaturgie pour réaliser ma commande, tout en permettant quand même des possibilités de lecture. J’ai donc tenu à une structure qui permet des moments de soliloque et des moments de scène.»
Comme elle, tous les auteurs luxembourgeois et de la Grande Région, ou presque, devraient passer leur week-end à Walferdange. Parmi eux, John Rech, qui revient au stade Prince-Henri avec une nouvelle BD dessinée par son acolyte Andy Genen, Voll am Bësch!, le troisième tome de Dem Junior seng Aventures.
«Junior n’est pas très content parce qu’on va construire une cité juste derrière chez lui. Une très grande cité contre laquelle il va se battre, à sa manière, avec sa copine Kitty. Ils vont essayer de protéger les animaux, s’engager pleinement pour leur habitat», résume le scénariste, qui rappelle ainsi que le rendez-vous de ce week-end s’adresse aussi aux petits, voire aux tout-petits.
www.bicherdeeg.lu
Retrouvez l’intégralité de l’article dans votre journal du jeudi 16 novembre.
Pablo Chimienti