Moins d’un mois après la mort du traité de désarmement INF, la course aux missiles a déjà repris : les États-Unis ont annoncé lundi avoir réalisé avec succès leur premier test de missile de portée intermédiaire depuis la guerre froide.
Le test, réussi, a été effectué dimanche depuis l’île de San Nicolas, au large de la Californie, à 14h30 locales (23h30 au Luxembourg), a précisé le Pentagone dans un communiqué.
« Le missile testé a quitté sa rampe de lancement terrestre et touché avec précision sa cible après plus de 500 km de vol », a précisé le ministère américain de la Défense dans un communiqué. « Les données recueillies et les leçons tirées de ce test donneront au ministère de la Défense les informations nécessaires au développement de nouvelles armes de moyenne portée », conclut le Pentagone dans ce très bref communiqué.
Le missile testé est « une variante d’un missile de croisière d’attaque sol-sol Tomahawk », a précisé un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Robert Carver. Le test a été mené par l’US Navy, en coopération avec le bureau des capacités stratégiques du Pentagone, a-t-il précisé.
Des images publiées par l’armée américaine montrent le missile tiré à proximité du rivage, depuis un système de lancement vertical Mark 41.
Les États-Unis déploient depuis longtemps des missiles de croisière de moyenne portée embarqués, et ils sont généralement tirés depuis des systèmes Mark 41. Ce qui est nouveau avec ce test, c’est que le système de lancement était installé au sol. Selon le responsable militaire, qui a requis l’anonymat, le lanceur est d’un type différent de celui qui équipe le système antimissile AEGIS déployé en Roumanie et en cours de déploiement en Pologne, que la Russie accusait depuis des années de violer le traité INF.
Le missile testé dimanche est conventionnel, mais tout missile peut, par la suite, être équipé de tête nucléaire.
Recherches lancées en 2017
Les États-Unis ont quitté le 2 août le traité de désarmement INF qui abolissait les tests et l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5 500 km.
Le jour-même, le ministre de la Défense, Mark Esper, annonçait que les États-Unis allaient désormais accélérer le développement de nouveaux missiles sol-air, en réponse au missile russe 9M729 qui selon les Occidentaux viole le traité INF, ce que Moscou dément, insistant sur le fait que son nouveau missile a une portée maximale de « 480 km ».
« Maintenant que nous nous sommes retirés, le ministère de la Défense va poursuivre pleinement le développement de ces missiles sol-air conventionnels dans une réponse prudente aux actions de la Russie », expliquait Mark Esper.
Il avait précisé que les Américains avaient commencé en 2017 des recherches sur ces systèmes de missiles, tout en restant dans les limites du traité INF sur les Forces nucléaires intermédiaires.
Mais pour le député russe Iouri Chvytkine, vice-président de la Commission de la défense de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, « les essais de ce missile confirment une fois de plus que les USA violaient l’accord INF ». « Ils préparaient à l’avance d’en sortir unilatéralement », a précisé à l’agence russe Ria-Novosti cet élu de la chambre basse du Parlement russe.
Le traité INF avait permis dans les années 1980 l’élimination des missiles russes SS20 et américains Pershing, au cœur de la crise des euromissiles.
En visite en France, le président russe, Vladimir Poutine, a évoqué le sujet lors d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron, rendant Washington responsable de la mort du traité. « Ce n’est pas la Russie qui s’est retirée de manière unilatérale du traité », a-t-il dit. « Maintenant il y a la question de reconduire le traité Sart III. Pour l’instant nous ne voyons pas non plus d’initiative de la part de nos partenaires américains bien que nos propositions soient déjà sur la table ».
Le dernier volet du traité Start, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en-deçà du niveau de la guerre froide, arrive à échéance en 2021.
Vladimir Poutine a assuré que Moscou ne déploierait pas d’armes nucléaires de portée moyenne et de plus petite portée « tant que les systèmes américains ne seront pas déployés ».
AFP