Le tribunal n’a pas prononcé d’amende contre le voleur, donnant ainsi la priorité au dédommagement des victimes. Placé sous le régime du sursis probatoire, il devra leur verser au moins 100 euros chaque mois.
Luxembourg-Gare, Bettembourg, Ettelbruck… António a sévi dans une grande partie du pays entre mi-juillet 2017 et début 2018. En l’espace de sept mois, il a commis une vingtaine de vols dans les parcs à vélos mBox. Pour le vol de 14 vélos, il a été condamné ce jeudi matin en première instance à 12 mois de prison. Comme il n’a pas d’antécédents, sa peine a pu être assortie intégralement du sursis.
Conformément aux réquisitions du parquet, la 12e chambre correctionnelle n’a pas prononcé d’amende contre le sexagénaire, donnant ainsi la priorité au dédommagement des victimes. Placé sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, il a donc l’obligation d’indemniser cinq parties civiles d’un total de près de 1 800 euros. Disparition d’une remorque pour enfant, d’un vélo Scott, d’un autre de la marque Tern Link, récupération du vélo électrique, mais sans batterie… les vols dont avaient fait état les victimes à la barre avaient causé plus d’un embarras. Pour s’assurer qu’elles seront vraiment indemnisées, le tribunal a fixé le montant mensuel qu’António doit verser à au moins 100 euros.
C’est au mois de janvier 2018 que le SREC Esch avait été chargé de l’enquête. Le Verkéiersverbond, le gestionnaire des mBox, avait porté plainte après le signalement de plusieurs vols de vélos. Il avait constaté une certaine coïncidence entre la date des vols et l’utilisation de la mKaart que détenait António.
mKaart et caméras de vidéosurveillance
Autre particularité qui avait attisé les soupçons sur le sexagénaire : sur la carte multifonctionnelle sur laquelle était chargé l’accès aux parcs à vélos mBox, jamais aucun titre de transport n’avait été chargé. Son utilisateur ne s’en était jamais non plus servi pour prendre le train.
L’analyse des caméras de vidéosurveillance dont étaient équipés certains sites avait permis de pincer le suspect : muni d’un sac à dos, il entrait dans la mBox sans vélo ou entrait avec un vélo X et en ressortait avec un vélo Y… Lors de la perquisition à son domicile, les policiers avaient retrouvé un vélo, la batterie d’un vélo électrique, la fameuse pince coupante qu’il avait spécialement raccourcie afin de pouvoir la glisser dans un sac à dos… ainsi que la mKaart qui lui donnait accès à tous les parcs à vélos du pays.
Le sexagénaire avait parlé de vols commis par «frustration». Lui aussi se serait un jour fait voler son vélo. Il aurait utilisé les vélos pour faire ses déplacements. Ainsi lui arrivait-il d’en prendre un à Luxembourg-Gare et de le déposer à Bettembourg pour en piquer un autre qu’il déposait alors à Ettelbruck…
À la barre, le prévenu de 62 ans avait tenté d’expliquer son comportement par une «sévère dépression»… S’il avait déclaré ne pas avoir eu l’intention de les vendre, le parquetier avait eu du mal à le croire : «Il prétend avoir utilisé les vélos pour ses déplacements. Mais tous les vélos n’ont pas été retrouvés…»
Fabienne Armborst