Raouf sait reconnaître une opportunité quand il en voit une. Une vitre baissée lui suffit pour se servir à l’intérieur d’une voiture. Sauf qu’à ce jeu-là, on risque de se faire prendre.
Une ribambelle d’affaires ont été trouvées dans la voiture de Raouf. L’Algérien d’une trentaine d’années prétend qu’une partie d’entre elles lui appartenaient. D’autres étaient des affaires de son ex-compagne. «Je déménageais», indique-t-il vendredi matin à la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
«J’avais habité pendant trois ans chez une femme handicapée que j’aidais. Elle est décédée du covid. Je me suis retrouvé à la rue.» Sa compagne, au moment de son arrestation, a pourtant avoué aux policiers que les affaires provenaient de vols.
Parmi ces objets, un ordinateur portable et une paire de lunettes de soleil de luxe volés le 22 avril dernier dans une voiture à Leudelange. Deux mois plus tard, le 24 juin dans l’après-midi, Raouf est pris la main dans le sac à Lamadelaine. Il reconnaît avoir volé un paquet de cigarettes, 125 euros et une paire de lunettes de luxe dans une voiture.
Il est pris sur le fait par le propriétaire et son beau-frère qui ont tenté de le retenir jusqu’à l’arrivée de la police. «Il avait déjà volé les lunettes de la voisine», raconte le beau-frère à la barre. «Il ne voulait pas lâcher son sac et voulait partir à tout prix.»
«Il est parti comme une anguille»
«Je profitais de ma pause de midi pour aller embrasser ma femme et mes filles qui étaient chez ma sœur. Une affaire de cinq minutes. Je m’étais même mal garé et je n’avais pas pensé à remonter la vitre de ma voiture. En ressortant, j’ai vu un homme qui fouillait dans ma voiture. Il avait mon smartphone en main. Il l’a lâché tout de suite et a dit qu’il cherchait des cigarettes. J’avais de l’argent dans ma voiture», se souvient la victime.
Les deux témoins ont maîtrisé le prévenu qui se débattait, au sol. Dans le sac à dos de Raouf, la victime retrouve ses affaires. «Il est parti comme une anguille.» «C’est comme cela, quand on maîtrise son métier», commente la présidente de la chambre correctionnelle.
La police finira par le retrouver à la gare après avoir passé les environs au peigne fin. «Mon beau-frère et mon compagnon l’ont poursuivi seuls dans un premier temps, puis avec la police», indique une des témoins.
«C’est venu comme ça!»
Raouf reconnaît les deux vols. «C’est venu comme ça!», explique le prévenu. «Vous travaillez à l’opportunité. Vous essayez les portières des voitures et quand elles sont ouvertes, vous prenez ce que vous pouvez», rétorque la présidente. «Je ne suis pas un voleur», lance Raouf. «Il a déjà été condamné en 2020 pour vol. On en est à cinq», selon la présidente qui a fait le compte.
Pour ces deux derniers faits, le prévenu était sous le coup d’une interdiction d’entrer sur le territoire luxembourgeois depuis le 7 décembre 2019. «Je ne le savais pas. On m’a donné une feuille à signer, mais je n’ai pas compris ce que c’était», tente de se justifier celui qui a réponse à tout. «Il a été raccompagné à la frontière française à l’époque», précise le représentant du ministère public.
Le magistrat a requis une peine de 24 mois de prison à son encontre et une amende appropriée pour vol simple, vol avec violence ainsi que blanchiment et détention du produit des vols. «Les explications du prévenu n’ont aucune crédibilité», estime-t-il.
Il faisait la tournée des villes
«Son ancienne compagne a expliqué aux policiers qu’ils faisaient le tour de différentes villes pour voler dans les voitures.» «Il est en aveux pour les vols. Pourquoi mentirait-il en ce qui concerne les affaires qu’il dit être les siennes?», avance son avocat qui explique son parcours compliqué, «sa position juridique et sociale pas facile».
Me Hellal s’emporte contre les témoins «qui ont voulu se rendre justice eux-mêmes» et «ont roué Raouf de coups». «Ce sont les risques du métier», répond la présidente.
«Il n’a pas commis de vol avec violence. Il a pris la fuite parce qu’on le frappait. C’est aux policiers de retenir les gens. Ils sont formés pour cela», tente de justifier l’avocat qui demande une peine avec sursis et précise que le prévenu ne serait pas en mesure de régler l’amende s’il devait être condamné à en payer une.
Le prononcé est fixé au 9 novembre.