Daniel jure avoir acheté le vélo qu’on l’accuse d’avoir volé. Il avait même la clé du cadenas antivol. La propriétaire assure ne pas avoir vendu son vélo et avoir toujours les clés.
«ON VOUS VOIT DÉTACHER LE VÉLO»
Le 28 juin 2021 dans l’après-midi, Marina se rend à vélo au commissariat de police de la gare de Luxembourg. Elle l’attache dans une zone qu’elle sait surveillée par des caméras. Marina est prudente. «On m’a déjà volé deux vélos avant celui-là», précise-t-elle à la barre. Jamais deux sans trois. Quand elle ressort du commissariat, son vélo a disparu. Les images de vidéosurveillance montrent Daniel en train de tripoter le cadenas antivol du vélo électrique et partir avec jusque sur les quais de la gare.
Sauf que Daniel prétend mordicus ne pas avoir volé le vélo. Oui, c’est bien lui sur les images, mais il avait la clé du cadenas. Il aurait acheté le vélo à une connaissance du quartier de la gare actuellement en détention. «J’ai encore les deux clés. Je les ai apportées», précise Marina qui assure ne jamais avoir vendu son vélo à quiconque.
Daniel, lui, jure n’avoir rien à se reprocher. Il a offert le vélo à son oncle. «Vous avez un casier judiciaire de cinq pages et on vous voit détacher le vélo», lui rétorque le président. «Et vous n’avez aucune preuve d’achat. Le tribunal pourrait donc arriver à la conclusion que vous avez volé le vélo de Madame.»
Quant à l’homme désigné comme vendeur présumé par le prévenu, amené de prison pour témoigner, il ne peut s’incriminer lui-même. Le tribunal l’a donc entendu pour information. «Je me demande ce que je fais ici», lance-t-il au juge et à ses deux assesseurs. «Je lui ai vendu un vélo une fois. C’était un vélo tout-terrain.»
Le prévenu s’est excusé auprès de Marina qui s’est portée partie civile et a demandé 500 euros de dommages et intérêts. Il lui a assuré vouloir arranger les choses. Le procureur a requis une peine de 3 mois de prison à son encontre ainsi qu’une amende. Aucune preuve ne permettrait, selon lui, de contester le vol de vélo. L’avocate du prévenu, Me Maldague, a plaidé l’acquittement. «Il connaît le quartier de la gare et jamais il n’aurait volé un vélo dans une zone qu’il savait surveillée par des caméras», a-t-elle tenté. «De plus, le témoin lui avait déjà vendu un vélo par le passé.»
DES BASKETS À 650 euros
«Si j’ai besoin de chaussures, je me les achète moi-même», conteste Joël. Il est accusé d’avoir volé deux paires de baskets de marque à un jeune homme en 2018 pour une valeur de 650 euros. «Un coup d’œil à votre casier judiciaire permet de conclure que vous n’avez rien fait du tout », ironise le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
À l’époque des faits, Elli vendait des baskets sur les réseaux sociaux. Il avait fixé rendez-vous à un acheteur potentiel, Apollo, près de l’église de Belair. Acheteur accompagné de Joël, le prévenu. Les deux hommes essayent les baskets. L’un aurait embarqué dans une voiture avec les chaussures aux pieds et l’autre avec une paire sous le bras, selon la victime présumée qui a eu le temps de prendre une photographie de la plaque d’immatriculation de la voiture.
Joël explique avoir joué les intermédiaires pour Apollo qui vivrait en France et être allé à un premier rendez-vous pour voir les baskets. Le jour des faits, le prévenu était envoyé par son père pour acheter du pain avec sa voiture à une station-service de Hollerich quand il a croisé la route d’Apollo qui avait justement rendez-vous pour récupérer les baskets.
À la barre, il indique avoir voulu lui rendre service en le conduisant au lieu du rendez-vous avec Elli. Apollo aurait, dit-il, pris les deux paires et en aurait placé une dans le coffre de la voiture à son insu. «Vous êtes un voleur malgré vous», lance le président. «Je l’attendais dans la voiture. Il m’a dit : « Roule! Roule! » Par réflexe, j’ai foncé», explique le prévenu.
«Si j’avais volé les baskets, je ne les aurais pas laissées dans le coffre de la voiture de mon père.» La police les y avait retrouvées. Apollo a rapporté la deuxième paire à la police une fois l’enquête de police démarrée.
Le représentant du parquet a estimé que le prévenu était au moins coauteur de vol qualifié. Il a requis une peine de 12 mois de prison et une amende de 1 500 euros à son encontre. «C’est un peu sévère. J’ai mes torts, mais cela peut me porter préjudice pour plus tard», note le prévenu. «Vous avez été condamné à une peine de neuf mois de prison avec sursis en février 2021.» Le président lui coupe l’herbe sous le pied. Le jeune homme de 26 ans semble véritablement tomber des nues. «Pourquoi je ne suis pas au courant?»
Les prononcés des deux affaires sont fixés au 19 janvier.