Le casier judiciaire de Fabrice ne joue pas en sa faveur. Le jeune homme de 26 ans clame pourtant, les larmes aux yeux, qu’il a voulu agir dans les règles et de manière responsable.
Hier matin, Fabrice a fait opposition à un jugement du 22 juin 2022 qui l’avait condamné par défaut à 9 mois de prison, 18 mois d’interdiction de conduire ainsi qu’à une amende correctionnelle et une amende de police pour des faits survenus le 30 mars 2021. Ce jour-là, Fabrice circulait dans sa voiture avec deux amis. Il a bifurqué dans la route d’Esch, à Luxembourg-Gasperich, et s’est glissé en biais derrière un taxi à l’arrêt à un feu rouge. Le chauffeur de taxi affirme que Fabrice a percuté son véhicule, l’a frappé au visage et a commis un délit de fuite. Le prévenu assure tout le contraire.
«Je ne pouvais pas avancer à cause du feu de signalisation au rouge. J’ai alors entendu des insultes derrière moi. J’ai relevé ma vitre et décidé de ne pas y prêter attention», a raconté le chauffeur de taxi à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Quand le feu est passé au vert, j’ai senti un choc. Je suis sorti de ma voiture et j’ai proposé au jeune homme de faire un constat. Il était agité et a insisté pour que nous nous rendions sur le parking du garage Goedert, juste à côté.»
«C’était une diversion»
Le chauffeur de taxi a refusé et la situation a, selon lui, dégénéré. «Un autre jeune homme et sorti de la voiture et m’a dit que si je ne bougeais pas, cela allait mal se passer», poursuit le chauffeur de taxi. «Monsieur s’est interposé. C’était une diversion. Il en a profité pour me donner un coup de poing au visage.» Et prendre la fuite en voiture dans la rue de Cessange en passant par le parking du garage. «J’ai juste eu le temps de noter la plaque d’immatriculation de sa voiture», précise la victime présumée dont l’outil de travail aurait été abîmé à la suite du choc.
Fabrice raconte une tout autre version des faits. «Je n’ai pas vu de trace de choc. Le pare-choc de ma voiture est en carbone. J’aurais remarqué immédiatement les dégâts s’il y en avait eu», rapporte le jeune homme. «J’ai voulu prendre des photographies de nos voitures, mais il a essayé de me prendre mon smartphone des mains.» Le chauffeur de taxi serait devenu violent verbalement et n’aurait pas souhaité déplacer sa voiture. «Il y avait beaucoup de trafic et nous bloquions la voie. Je lui proposais simplement de nous mettre à l’écart pour remplir le constat.»
Un casier judiciaire «problématique»
Pas question de prendre la fuite. Il aurait d’ailleurs attendu le chauffeur de taxi pendant une dizaine de minutes dans la rue de Cessange. «Cinq patrouilles de police sont arrivées. S’il avait attendu comme il le dit, l’une d’elle l’aurait retrouvé», s’est insurgé le chauffeur de taxi. Fabrice, lui, assure ne pas avoir vu le moindre gyrophare. Le taxi n’arrivant pas, il serait reparti. «Vous avez pas mal d’inscriptions à votre casier judiciaire pour des faits de violence. Ce dont vous accuse le chauffeur de taxi n’est pas improbable», a constaté le juge.
La représentante du parquet semble être du même avis. Elle a requis la confirmation du premier jugement, indiquant que le casier judiciaire de Fabrice était «problématique» avec ses inscriptions pour des infractions au code de la route et des faits de violence. Un coup dur pour le jeune homme qui jure : «Je ne suis pas là pour mentir. J’ai toujours avoué mes torts. Je ne comprends par pourquoi je me retrouve ici.»
Une version qui ne tient pas la route
Pour son avocat, la version du témoin «ne tient pas la route». «Il souligne lui-même que Fabrice s’est interposé et qu’il a proposé de se rendre sur le parking pour remplir un constat.» Et de poursuivre avec un nouvel argument en faveur de son client : «Il n’a pas voulu bloquer le trafic. Ce n’était pas un délit de fuite.» Quant aux violences reprochées au prévenu, l’avocat note qu’il aurait très bien pu laisser son ami s’emporter contre le chauffeur de taxi.
Il a par conséquent demandé l’acquittement de son client pour ces deux infractions avant d’ajouter que oui, Fabrice a un casier judiciaire, mais «il s’est montré exemplaire durant son sursis probatoire». Le renvoyer en prison ne serait pas très productif dès lors que le jeune homme tente de reconstruire sa vie.
Le prononcé est fixé au 15 juillet.
Il a mis le feu à sa cellule
Le 18 novembre 2021, Youssef a mis le feu à sa cellule de prison. Cité sur internet, il n’était pas présent à l’audience de mercredi matin. Il avait lui-même alerté les gardiens qui avaient découvert un important dégagement de fumée émanant du matelas du détenu. Le parquet a requis une peine de 6 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de Youssef dont le casier judiciaire est bien rempli. Le prononcé aura lieu le 15 juillet.