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Visite d’État du président tchèque : unis dans la défense des principes européens


Petr Pavel et Luc Frieden s’allient pour «défendre les principes» chers à l’UE. 

Le président tchèque, en visite d’État au Luxembourg, et Luc Frieden ont réaffirmé vendredi leur vision commune pour défendre les valeurs européennes face à «l’agresseur russe».

Accompagné d’une délégation composée de représentants d’entreprises du secteur spatial, de l’IT et de la cybersécurité – des domaines dans lesquels la Tchéquie, l’un des centres névralgiques de l’informatique en Europe, excelle –, Petr Pavel, le président de cette république centrale, était en visite d’État pour deux jours au Luxembourg.

Vendredi, après un déjeuner de travail avec le Premier ministre Luc Frieden, les deux hommes ont tenu une conférence de presse conjointe. L’occasion pour eux de revenir sur les «points de vue» que partagent les deux nations, «des alliées solides», et leur forte adhésion à des organisations communes, l’Union européenne et l’OTAN, dont Petr Pavel fut général.

Au centre des échanges, la guerre en Ukraine. «La situation dramatique du continent européen, du fait de l’agression inacceptable de l’Ukraine par la Russie, nous amène à renforcer encore plus nos efforts communs», a déclaré Luc Frieden, insistant sur l’importance de «renforcer la dimension européenne de la défense et le partenariat au sein de l’OTAN».

«La Russie compte sur une fatigue de l’Ukraine et de notre soutien. Nous devons garder cette conviction que nous faisons ce qui est juste. [Notre soutien à l’Ukraine] est une question de principe, mais il en va aussi de notre future sécurité. Nous devons accélérer ce soutien», a pour sa part commenté Petr Pavel.

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité (17-19 février), le président tchèque avait proposé d’acheter des munitions et des équipements militaires produits hors de l’UE à destination de l’Ukraine, qui fait face à une pénurie d’obus d’artillerie.

L’UE, qui s’était engagée à livrer à Kiev d’ici mars un million d’obus, ne parvient pas à répondre à la demande – seuls 30 % ont en effet été livrés, a déploré lundi Volodymyr Zelensky. «La République tchèque essaie de fournir des munitions et des équipements issus de ses propres stocks, mais ils sont malheureusement limités. Nous tentons donc de regarder où, à travers le monde, l’équipement dont a besoin l’Ukraine est disponible», a répété Petr Pavel vendredi, qui avait dévoilé à Munich que Prague avait identifié 800 000 obus disponibles.

Augmentation des dépenses de défense

Selon le Financial Times, Prague cherche à rassembler 1,5 milliard de dollars (1,38 milliard d’euros). Un chiffre qui n’a pas été confirmé hier, tout comme n’ont pas été nommés les pays auprès desquels ces munitions pourraient être achetées.

«Il y a un certain nombre de pays qui sont prêts à vendre ce matériel, mais ils ne veulent pas être nommés, pour des raisons politiques ou économiques, parce qu’ils ont des relations avec la Russie. Nous respectons cela.»

«Une quinzaine de pays sont déjà prêts à participer à cette initiative», s’est réjoui le président tchèque. Dernier en date, la Belgique, qui a promis de mettre 200 millions d’euros sur la table, captés des intérêts des avoirs gelés russes en Belgique, ce qui devrait permettre d’acquérir 50 000 pièces d’artillerie, selon nos confrères de La Dernière heure Les sports.

Si «le leadership» de la Tchéquie sur la question ukrainienne est vivement salué par le Luxembourg, le Grand-Duché ne s’est pas prononcé sur «l’aspect pratique» de cette initiative qu’il soutient sur le plan politique.

«Je ne peux pas donner un chiffre aujourd’hui», a répondu Luc Frieden, assurant qu’il avait «demandé au ministre de la Défense de se pencher dans les jours qui viennent dans le détail [sur cette question] et voir comment l’implémenter au niveau du Luxembourg».

Si le Premier ministre promet «une augmentation de 2 % de nos dépenses en matière de défense endéans les dix prochaines années» – augmentation dont «la feuille de route sera présentée à l’occasion du prochain sommet de l’OTAN à Washington [NDLR : en juillet prochain» –, aucun montant n’est donc pour l’instant officiellement alloué à l’initiative tchèque.

«Mon gouvernement va travailler étroitement avec la République tchèque et les autres pays, pour assurer que l’Ukraine reçoive l’équipement, les munitions et autre matériel militaire dont elle a besoin», a toutefois martelé le Premier ministre, soulignant que les deux pays travaillaient l’un et l’autre sur un soutien à l’Ukraine sur le plan des infrastructures informatiques.

Quant à l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine, comme l’a sous-entendu récemment Emmanuel Macron, cette option n’est «pas sur la table pour l’instant», a insisté Luc Frieden, qui maintiendra cependant la présence «des forces luxembourgeoises dans certains pays de l’OTAN situés à l’est» du continent.

«Pour le moment, la priorité de tous les pays européens est de fournir à l’Ukraine ce qu’elle a demandé : plus d’armes. Personne ne sait comment la situation va évoluer, mais il faut se concentrer sur cela.»

«La Russie est l’agresseur, elle a violé les lois internationales. Il est très clair pour nous que la Russie ne doit pas gagner cette guerre», a martelé Luc Frieden. «Nous nous battons pour nos principes.»

La visite en quelques images