Accueil | A la Une | Visite d’État au Portugal : sur les pas de Charlotte

Visite d’État au Portugal : sur les pas de Charlotte


La voix de Charlotte résonne depuis le petit poste radio dans le coin de la pièce, appelant les Luxembourgeois à tenir bon. (Photos : sip)

En visite d’État au Portugal, le Grand-Duc Henri a vécu un moment particulièrement émouvant en revenant dans la bâtisse où sa grand-mère, la Grande-Duchesse Charlotte, trouva refuge en juin 1940, alors que les forces allemandes venaient d’envahir le Luxembourg.

Si une large partie de cette visite d’État de deux jours au Portugal est dédiée aux rencontres officielles et à la mission économique qui accompagne le souverain, la journée d’hier a revêtu un caractère plus intime pour le Grand-Duc Henri : dans la ville côtière de Cascais, le couple grand-ducal est retourné à la Casa Santa Maria, où la Grande-Duchesse Charlotte, alors en exil, séjourna plusieurs mois en juin 1940 avec sa famille, à la suite de l’invasion du Luxembourg par les forces allemandes.

Il y a douze ans, lors de leur dernière visite, ils avaient offert aux autorités locales un buste de la Grande-Duchesse, qui est aujourd’hui abrité dans cette bâtisse transformée en musée. Le Grand-Duc Henri a ainsi déposé une couronne de fleurs auprès de l’œuvre sculptée aux traits de sa grand-mère : «Nous avions déjà fait un petit pèlerinage sur place lors de notre venue en 2010, mais se retrouver à Cascais de nouveau a été un moment chargé d’émotion», a-t-il confié.

Le couple grand-ducal a également parcouru, aux côtés du président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, l’exposition «Portugal – Luxembourg, pays d’espoir en temps de détresse» au palais de la Citadelle de Cascais, à quelques pas à peine de la Casa Santa Maria qui surplombe l’océan.

La prestigieuse résidence d’artistes accueille, en effet, actuellement, cette exposition déjà présentée en 2020 à Luxembourg, au centre culturel de Neimënster : à travers de nombreuses photos et documents, elle évoque le rôle du Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que terre d’accueil pour les réfugiés luxembourgeois et la façon dont le Luxembourg, des décennies plus tard, est devenu la destination de nombreux Portugais.

Guidé par l’un des curateurs de l’exposition, Claude Marx, du comité MemoShoah Luxembourg, à l’origine de l’évènement, le couple grand-ducal a redécouvert les épisodes marquants de ces pages noires de l’Histoire, entendant résonner tout à coup, au détour d’une salle, la voix de la Grande-Duchesse Charlotte, elle-même, dans un message radio devenu emblématique, alors qu’elle insufflait l’espoir dans le cœur de ses compatriotes à travers les ondes de la BBC.

Retour au pays prévu cet après-midi

Dans la matinée, le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa ont été reçus au palais de São Bento à Lisbonne, où siège l’assemblée de la République, et se sont entretenus de longues minutes avec des représentants des partis politiques présents au Parlement. À l’heure du déjeuner, ils étaient attendus à la résidence officielle du Premier ministre, Antonio Costa, pour un repas officiel offert en leur honneur.

Cette deuxième et dernière journée de visite d’État s’est achevée par une grande réception dînatoire offerte par le Luxembourg, en présence du président de la République portugaise et des deux délégations. Le couple grand-ducal sera de retour au pays cet après-midi.

Le Grand-Duc : «L’accueil est extraordinaire»

En fin de journée, le chef de l’État a accordé quelques mots à la presse, pour souligner, une fois encore, les liens privilégiés tissés entre les deux pays : «L’accueil est extraordinaire. La Grande-Duchesse et moi-même sommes très heureux de revenir pour une deuxième visite d’État, alors que c’est quelque chose de tout à fait exceptionnel», a-t-il relevé.

Comme les quatre membres du gouvernement qui accompagnent cette visite officielle, le Grand-Duc a, lui aussi, émis le, souhait de renforcer les relations économiques : «Nos liens avec le Portugal sont très bons, on ne peut pas le dire autrement. Ce qui manque, au fond, ce sont les relations économiques, et je pense que c’est là-dessus qu’il faut appuyer dans les années à venir.»

Interrogé sur l’assimilation de la communauté portugaise au Luxembourg, le souverain a insisté sur l’importance, pour chaque individu, de garder ce qui fait son identité : «L’intégration est un thème qui m’est très cher : rassembler tout le monde, dans un territoire relativement petit, la notion de vivre ensemble est vraiment importante pour que toutes ces cultures, ces personnes venues du monde entier, puissent se retrouver et se sentir chez elles, tout en gardant ce qui fait leur spécificité.»

En juin 1940, la Casa Santa Maria à Cascais a abrité la Grande-Duchesse Charlotte et sa famille.
Le couple grand-ducal reçu par Augusto Santos Silva, président de l'Assemblée parlementaire de la République portugaise. Photo : sip
Le Grand-Duc a affirmé, dans son discours très applaudi, que ce premier forum économique est «une première pierre».