Le Planning familial luxembourgeois a dévoilé ce mercredi des chiffres à glacer le sang. Dans son dernier rapport portant sur l’année 2024, l’association révèle ainsi que près de 31 % des enfants victimes de violences sexuelles l’ont été avant de fêter leurs 12 ans.
Au Luxembourg, une personne sur cinq indique avoir déjà été victime de violences sexuelles ou psychologiques au cours de sa vie. Le Conseil de l’Europe a établi, il y a tout juste un an, qu’un enfant sur cinq a déjà été victime d’un abus sexuel. Pire encore, en France, un enfant est victime d’agression sexuelle toutes les trois minutes. Ces données ne sont pas nouvelles, et pourtant, restent très préoccupantes.
Les violences sexuelles touchant les jeunes demeurent en effet une problématique encore trop souvent banalisée. Qu’elles soient physiques, psychologiques ou numériques, ces violences portent atteinte à la santé, à la sécurité et à la dignité des jeunes. Elles surviennent dans des contextes variés — famille, groupe d’amis, milieu scolaire ou numérique — et sont exacerbées par des facteurs tels que la soumission chimique, l’accès précoce à la pornographie violente ou encore la pression sociale en ligne.
Selon les données du dernier rapport du Planning familial dévoilées ce mercredi 21 mai, 65 % des victimes de violences sexuelles accompagnées au Luxembourg durant l’année 2024 ont subi un premier abus avant l’âge de 18 ans. Et près d’une victime sur trois (31 %) avant 12 ans.
Un «fléau trop souvent ignoré»
Sans surprise, la majorité des agresseurs sont des hommes issus de l’entourage familial ou proche. Dans 59 % des cas, il s’agit du père, d’une figure paternelle, d’un conjoint, d’un ex ou d’un autre membre masculin de la famille. Plus d’un abus sur quatre (27 %) est commis par un homme extérieur à la famille. Les inconnus ne représentent que 10 %.
Une proximité, qui, – à l’image de l’affaire Pelicot ayant déferlé la chronique l’année dernière en France -, empêche bien souvent les victimes de s’exprimer. C’est simple, selon le Planning familial, plus de 16 ans s’écoulent entre le premier abus et le début d’une thérapie, soulignant le poids du silence et la difficulté de la reconstruction.
Les conséquences sont lourdes : anxiété, isolement, décrochage scolaire, troubles relationnels ou sexuels, sans oublier les difficultés d’accès à la justice. Le Planning réclame ainsi une réforme législative, dont l’imprescriptibilité des crimes sexuels, en ligne avec la Convention d’Istanbul, et insiste sur l’urgence d’intégrer l’éducation au consentement dès le plus jeune âge et de développer une approche globale de prévention.
«Les violences sexuelles subies par les jeunes sont un fléau encore trop souvent ignoré, minimisé ou mal compris. Il est essentiel de continuer à briser le silence qui les entoure et à se mobiliser collectivement», martèle l’équipe psychosociale du Planning familial. En 2024, 127 victimes de violences sexuelles ont été accompagnées par l’association: 125 femmes et deux hommes.
Quelques chiffres
Plus de 39 500 préservatifs et près de 3 900 contraceptifs ont été distribués au Grand-Duché en 2024. Le pays a d’ailleurs obtenu la première place au Contraception Policy Atlas Europe 2024. Le rapport du Planning familial déplore toutefois l’exclusion des préservatifs de la politique de gratuité.
1 030 interruptions volontaires de grossesses ont été réalisées au Luxembourg, dont 87 % au Planning. L’association soutient l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution luxembourgeoise, afin de garantir un accès durable, gratuit, anonyme et équitable à ce droit fondamental pour toutes les femmes.
Plus de 9 600 paquets de serviettes et 5 700 tampons ont été distribués l’année dernière. Le Planning a également lancé son projet éducatif «Sang Pourcent» dans les écoles, qui vise à fournir des kits de protections périodiques aux femmes en situation de précarité, en particulier aux jeunes et aux étudiantes.
Le Planning familial a traité 77 000 contacts en 2024 dans ses centres de Luxembourg, Ettelbruck et Esch. Il a réalisé 21 304 consultations médicales et sensibilisé ou formé 8 496 personnes à l’éducation sexuelle et affective.