Si en cas de violences on parle beaucoup des blessures physiques, le traumatisme subi n’est pas à minorer comme le montre la dernière étude du Statec.
«Outre les possibles blessures physiques et le préjudice financier, les personnes exposées à la violence sont aussi touchées à un niveau plus profond, émotionnel.» Dans sa dernière étude, le Statec a décidé de s’intéresser aux traumatismes que peuvent subir les victimes de violences. Si les conséquences physiques et financières sont plus souvent mises en avant, au tribunal ou dans les articles de presse, lors des affaires de violences, ce ne sont paradoxalement pas elles qui marquent le plus les victimes. En effet, un quart d’entre elles affirme souffrir de blessures physiques tandis que 61 % déclare ressentir une perte de confiance.
Plus dur à repérer, cet impact émotionnel peut pourtant se manifester de manière très visible, par exemple par des troubles du sommeil (18 % de cas) ou un isolement social (12 %). Elles peuvent également mettre du temps à guérir et affecter durablement la vie de la personne. «A cet égard, il y a un véritable coût humain et social de la délinquance violente dans la mesure où elle dégrade le bien-être et la qualité de vie de la population», analyse le Statec.
Des différences selon le genre et l’âge
Mais les conséquences ne sont pas les mêmes selon le sexe. Près de 70% des femmes victimes de violence éprouvent de la peur, de l’angoisse ou de la panique contre 41 % des hommes. La perte de confiance est en revanche similaire mais un peu plus marquée chez les hommes (63 %) que les femmes (61 %). Néanmoins, celles-ci se sentent plus honteuses et coupables (24 % des sondées) que leurs homologues masculins (14 %).
L’âge des victimes a aussi son importance. Les moins de 35 ans déclarent souffrir plus souvent que le reste de la population de troubles
alimentaires ou du sommeil (22 %) et d’isolement social (17 %), tandis que le sentiment de honte et de culpabilité (22 %), la perte de confiance, le sentiment de vulnérabilité et d’insécurité (76 %) ainsi que les difficultés de concentration et la perte de mémoire (10 %) touchent plus durement les victimes entre 35 et 54 ans. Les plus de 54 ans sont quant à eux particulièrement enclins (67 %) à la peur et la panique que les plus jeunes.
Un impact à long terme différent selon les revenus
L’impact émotionnel à long terme n’est pas non plus le même selon les personnes. Il est plus marqué pour les femmes que pour les hommes et plus important chez les victimes de 35 à 54 ans ainsi que parmi les ménages disposant d’un faible niveau de revenu (moins de 2500 € par mois). «Ce dernier point semble plutôt logique vu que ces ménages n’ont pas les mêmes moyens pour prendre des mesures ou pour compenser les dommages subis», affirme le Statec.
Plus étonnant, le pays de naissance de la victime semble corrélé à cet impact émotionnel à long terme : les gens nés à l’étranger déclarent des conséquences plus importantes que celles nées au Luxembourg. «Tout porte à croire que les personnes nées au Luxembourg ont tendance à avoir des relations sociales plus importantes et plus stables. Les liens sociaux renforcent la résilience, qui à son tour, aide les personnes touchées à surmonter les épreuves qu’elles ont vécues.»