Le gouvernement a présenté un projet de loi visant à mieux lutter contre les violences domestiques, en particulier celles contre les femmes.
Les récentes révélations dans l’affaire Harvey Weinstein, puissant producteur d’Hollywood, accusé de harcèlement sexuel et de viols par plusieurs dizaines de femmes, ont montré au monde entier que les comportements dégradants envers les femmes n’ont pas disparu de nos sociétés et que la justice n’arrive pas à faire son travail lorsque l’omerta règne.
Vendredi, la présentation par les ministres Mutsch et Braz (resp. ministre de l’Égalité des chances et ministre de la Justice) d’un projet de loi sur l’implémentation de la convention d’Istanbul à Luxembourg tombait en quelque sorte à pic. Le texte en question sert d’instrument global de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Les efforts entrepris pour lutter contre ces formes de violence remontent aux années 1990 et l’élaboration d’un premier instrument juridiquement contraignant, à 2008.
Pas de pitié pour les «traditions»
Le texte détaille l’ensemble des mesures nécessaires à la lutte contre ces violences, fondée sur le genre et basée sur la prévention et la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les préjugés, stéréotypes ou encore les coutumes et traditions qui entravent cette égalité. Jusqu’à présent, la convention d’Istanbul a été signée par 45 États. À travers cette convention est reconnue la violence à l’égard des femmes comme une violation des droits de la personne et une forme de discrimination. Elle vise toutes les femmes, indépendamment de leur âge, statut ou identité de genre. Pour Félix Braz, il s’agit de montrer que le phénomène de la violence envers les femmes et les filles ne relève pas de la sphère privée, mais concerne l’État tout entier qui doit réagir en fonction. La convention prend donc surtout en considération les personnes les plus vulnérables, notamment dans un contexte d’immigration et d’asile. D’un autre côté, le Luxembourg serait déjà conforme avec la convention d’Istanbul de par l’existence, la mise en œuvre et le suivi de mesures, tant sur le plan législatif et procédural, que dans la pratique.
Frédéric Braun
-En 2016, 256 mesures d’éloignement pour violence à domicile ont été enregistrées, un peu plus qu’en 2015. -Dans 90 % des cas, les auteurs sont des hommes.
-Pris globalement, les taux de violence envers les femmes et les filles et de violence domestique sont en baisse. -La police a compté 789 interventions en 2016, un léger recul par rapport à l’année précédente. Entre 2006 et 2016, ces interventions étaient de 671 par an.
-En 2016, les autorités ont constitué pas moins de 453 dossiers pour violence d’un majeur vis-à-vis de ses parents.