Présenté le 30 juin, le rapport 2024 du Comité de coopération entre les professionnels de la lutte contre la violence est formel : au Grand-Duché, tous les voyants sont au rouge.
Interventions au domicile, expulsions, nombre de victimes : le rapport du Comité de coopération entre les professionnels de la lutte contre la violence, qui recense les chiffres de la violence domestique collectés au Luxembourg par la police, le parquet et les services d’assistance aux victimes, révèle une augmentation généralisée de ces faits en 2024.
En effet, la police grand-ducale a procédé à 1 178 interventions au domicile pour violences domestiques – suivies ou pas d’une expulsion de l’agresseur – contre 1 057 en 2023 (+11%), soit le pic le plus important enregistré depuis dix ans.
Si le comité voit là l’effet d’«un accroissement de la vigilance de la police» et de «l’impact des campagnes de sensibilisation», on ne peut pas écarter la multiplication des cas de violences au sein des foyers.
D’autant que les expulsions ordonnées par le parquet, 287 en 2024, sont en nette hausse elles aussi (+17%).
Au niveau de la répartition géographique, c’est au Sud du pays que les interventions des forces de l’ordre ont été les plus nombreuses (52%), loin devant le Nord, l’Est le Centre. Dans le détail, les communes les plus concernées, proportionnellement au nombre d’habitants, sont Rumelange, Schifflange, Esch-sur-Alzette et Ettelbruck.
Dans un tiers des cas, les infractions constatées sur place par les agents relèvent de coups et blessures (253 PV établis pour ces faits, contre 202 l’année précédente), mais ils rapportent aussi des menaces de mort. Deux catégories qui ont justifié aux yeux du parquet 287 expulsions de l’auteur présumé.

Alors que les autorités ont dénombré 2 058 victimes lors d’interventions policières (lire ci-dessous) en 2024, il est difficile, dans ce contexte, d’avoir des données fiables sur leur profil.
C’est le nombre de victimes présumées – femmes, hommes et enfants – recensées par la police lors d’une intervention au domicile pour violences domestiques en 2024, soit une hausse de 60 personnes par rapport à 2023 (+3%). Parmi ces victimes figuraient 493 mineurs, contre 451 en 2023 (+9%) indique la police.
Pour cela, il vaut mieux éplucher les observations des services systématiquement mobilisés pour accompagner les personnes à protéger suite à une mesure d’expulsion – SAVVD pour les adultes, PSYea et Alternatives pour les mineurs.
Les hommes auteurs dans 87% des cas
Ainsi apprend-on que les 287 cas de violences domestiques ayant entraîné l’expulsion de l’agresseur – un homme dans 87% des dossiers – ont généré 339 victimes :
- 244 femmes,
- 49 hommes
- et 46 enfants.
Dans 9 cas sur 10, c’est un conjoint ou un ex
Dans presque neuf cas sur dix, les femmes ont subi des violences de la part d’un conjoint, partenaire ou ex. Et dans un cas sur dix, c’est l’un de leurs enfants majeurs, un frère, un père ou un autre proche qui s’en est pris à elles.
Du côté des hommes victimes, la situation n’est pas comparable : seule la moitié d’entre eux (26) a subi des violences conjugales au sein du couple, tandis que 23 ont été victime de violences intrafamiliales, c’est-à-dire de la part d’un proche ou de l’un de leurs enfants majeurs.
Enfants : des statistiques loin de la réalité
Quant aux enfants, une fois pris en charge, certains s’ouvrent auprès d’un psychologue sur les violences qu’ils ont subies.
PSYea et Alternatives ont ainsi enregistré 68 cas de violences physiques parmi les victimes mineures qui leur ont été adressées par la police suite à une expulsion, et trois cas de violences sexuelles.
Les professionnels précisent même que ces statistiques sont loin de refléter la réalité au Luxembourg, «vu le seuil de tolérance à la violence élevé dans certaines familles» et le fait que les expulsions résultent de violences à l’égard des adultes.