La ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, a présenté mardi aux députés puis à la presse les chiffres relatifs aux actes de violence domestique pour 2016. Stables, donc inquiétants.
Les violences domestiques touchent majoritairement les couples, la victime est le plus souvent une femme, salariée, âgée de 35 à 40 ans, l’auteur est souvent alcoolisé et commet ses méfaits le week-end, particulièrement entre mai et juillet. Les statistiques nous parlent en chiffres bruts d’un phénomène qui touche toutes les nationalités, toutes les couches sociales.
Elle ne fléchit pas. La violence domestique continue de noircir des pages de statistiques qui composent le rapport annuel du Comité de coopération entre les professionnels dans le domaine de la lutte contre la violence domestique. Même si les chiffres restent stables, la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch, observe qu’ils sont «encore trop élevés» et que ce fléau touche «toutes les classes sociales et toutes les communautés». Et encore, ces chiffres ne reflètent pas la réalité car nombre d’actes de violence domestique perpétrés au Luxembourg ne sont ni communiqués ni détectés. Pour ce que l’on sait, au cours de l’année 2016, la police grand-ducale a procédé à 789 interventions, dont 256 ont donné lieu à une expulsion. Ces dix dernières années, le chiffre moyen annuel des expulsions s’élève à 283.
Il faut garder à l’esprit que lorsqu’une voiture de police fonce sur les routes, il y a une forte probabilité qu’elle intervienne pour des violences domestiques. En moyenne, tous les mois, la police grand-ducale intervient 65,75 fois et procède à 21,33 expulsions selon ses statistiques de 2016. Ce sont principalement les centres d’intervention de Luxembourg et d’Esch-sur-Alzette qui sont concernés. La majorité des interventions policières ont lieu le week-end avec des pics constatés pour la période de mai à juillet. À noter encore que 125 auteurs étaient alcoolisés au moment de l’expulsion, ce qui correspond à un taux de 48,82 %.
La police a constaté que le nombre des coups et blessures avec ou sans arrêt de travail s’élevait à 231 (40,4 % des délits répertoriés). Les menaces de mort sont en augmentation et passent de 42 en 2015 à 53 en 2016. Au cours de leurs interventions, les policiers ont encore relevé que 62,4 % des victimes étaient des femmes, alors que les auteurs étaient à 68,1 % des hommes. Ces chiffres ne diffèrent pas beaucoup de l’année précédente.
De toutes les nationalités
Si ces chiffres sont stables d’une année sur l’autre, il faut tout de même se réjouir de la diminution de 13 % du nombre de victimes mineures (146 victimes). Les tranches d’âge de 35-40, de 40-45 et plus de 50 ans représentent à elles seules 44,4 %. Relevons que 16 % des victimes avaient plus de 50 ans.
Si la violence domestique est un phénomène très répandu dans les relations de couple, les cas de violence exercée par un enfant à l’égard d’un adulte sont en légère progression avec 24 cas sur les 256 expulsions enregistrées en 2016, ce qui correspond à un taux de 10,16 % (15 cas/242 expulsions en 2015). En revanche, la violence exercée par un adulte sur un enfant a régressé par rapport à 2015 pour atteindre sept expulsions (douze en 2015).
Le Service d’assistance aux victimes de violence domestique note pour sa part que, au moment des 256 expulsions, 363 enfants (mineurs et majeurs) se sont retrouvés victimes ou témoins de violence domestique. En 2016, une prolongation de la mesure d’expulsion a été demandée dans 28 % des cas.
En 2016, 72,6 % des victimes sont originaires d’un État membre de l’Union européenne, dont 27,3 % sont de nationalité luxembourgeoise et 30,5 % de nationalité portugaise. Parmi les victimes issues d’un pays tiers, 8,2 % sont de nationalité cap-verdienne. Près de la moitié des victimes exerce une activité salariée contre 22 % qui sont sans revenu.
Le service Riicht Eraus de la Croix- Rouge luxembourgeoise a pour but d’accompagner et de conseiller des auteurs de violence domestique potentiels, présumés ou condamnés. Il a traité 453 dossiers et a été saisi de 256 dossiers d’expulsion qui concernent 231 personnes, dont 33 auteurs récidivistes. La moitié des 219 auteurs qui se sont déplacés n’ont pas souhaité un deuxième rendez-vous après la première réunion d’information.
Du côté des parquets de Diekirch et de Luxembourg, les expulsions autorisées augmentent de 5,78 % pour se chiffrer à 256 en 2016. Pour Luxembourg, 215 expulsions ont été autorisées, ce qui correspond à un taux de 31,4 %, alors que 468 demandes ont été refusées, ce qui représente un taux de 68,5 %. Pour Diekirch, le parquet a autorisé 41 expulsions, ce qui correspond à une augmentation de 57,6 % par rapport à 2015 (26).
Face à ces statistiques, la ministre n’a pu que rappeler les campagnes de sensibilisation menées et les actions qui sont organisées en partenariat avec des associations représentant différentes communautés pour mieux informer la population et encourager les victimes à dénoncer les actes de violence domestique.
Geneviève Montaigu