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Violences conjugales, alcoolisme et perte de domicile : un couple en sursis


Malgré les épreuves et l’alcoolisme de Mark, le couple est toujours ensemble. (Photo : archives lq)

L’hiver 2024/2025 a été rude pour Linda et Mark. Entre deux disputes conjugales sur fond d’alcool, le couple est expulsé de son domicile et, inséparable, continue de se battre jusque dans la rue.

«Je suis nerveuse», prévient Linda en début d’audience. Elle ne parvient pas à se souvenir de sa nouvelle adresse et fouille désespérément dans ses papiers et dans son smartphone.

«Je sais que c’est à Metz», assure, pas vraiment convaincue, cette grande blonde d’une cinquantaine d’années. Interrogé à son tour par la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Mark, son époux également prévenu, vient à sa rescousse après de longues minutes.

Le couple d’Irlandais réside désormais à Saint-Avold. Toujours ensemble, malgré les faits de violences conjugales réciproques pour lesquels ils étaient convoqués hier après-midi.

La nuit du 4 décembre 2024, il bat son épouse avec le manche d’un couteau, la tire par les cheveux et profère des menaces de mort. Lassée de leurs nombreuses disputes, Linda s’empare d’une poêle à frire et d’un couteau de cuisine.

Pour dissuader son époux de continuer de la frapper et ne pas se laisser faire sans broncher, elle lui assène un coup de poêle sur le crâne.

Sobre depuis six mois

Dérangés par les cris et les disputes à répétition, les voisins du couple préviennent la police dans l’espoir d’un retour au calme. Linda se laisse convaincre de déposer plainte contre son époux.

Dans la foulée, il est expulsé du domicile et passe quelques nuits sous les ponts. Linda ne parvenant pas à vivre sans son époux, elle craque et lui permet de revenir. À la barre, elle explique avoir craint pour sa sécurité sans son grand gaillard de mari.

Les disputes reprennent de plus belle. Mark boit de plus en plus d’alcool «pour supporter les sautes d’humeur de Linda», précise-t-il, les mains dans les poches et les larmes aux yeux.

Aujourd’hui, conscient de sa dépendance, il ne touche plus une goutte d’alcool depuis six mois et se rend aux réunions des Alcooliques anonymes.

Un hiver dans la rue

La descente aux enfers de Linda et Mark continue. L’Irlandais perd son emploi. Sans ressources, il est finalement expulsé et se retrouve sans domicile. Son ancien employeur a arrêté de payer le loyer de leur logement, sanglote Mark.

Les Irlandais passent leurs nuits à la Wanteraktioun et à la belle étoile pendant six mois. Cette situation précaire ne calme pas Mark. Le matin du 23 mars dernier, un témoin l’aperçoit assénant des coups à Linda à un arrêt de bus du Findel. Il l’aurait maintenue au sol et traînée en la tirant par les épaules.

À la barre de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Mark exprime à plusieurs reprises ses regrets et promet de ne plus jamais toucher une goutte d’alcool. «J’ai honte et je m’en veux terriblement», sanglote l’homme de 60 ans. «Je ne suis pas une bonne personne quand je bois trop.»

Le couple qui a finalement réussi à retomber sur ses pieds, paraît dépassé par la situation. Il est venu affronter les juges sans avocat et n’a que peu d’explications à fournir quant aux disputes conjugales et aux blessures infligées à Linda.

Cette dernière relate succinctement les coups et les blessures comme si elle ne voulait pas accabler davantage son époux. Elle dit assumer sa part de responsabilité.

La représentante du ministère public, face aux aveux du couple, ne peut que confirmer les faits. Elle a requis une peine de 15 mois de prison à l’encontre de Mark et de 9 mois à l’encontre de Linda.

Elle ne s’est pas opposée à un sursis intégral en leur faveur. Il devra être probatoire pour l’époux et accompagné de conditions comme le suivi d’un traitement pour son alcoolisme. La magistrate a également requis des amendes appropriées pour les époux querelleurs.

Le prononcé est fixé au 2 octobre.