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Vins de Moselle : une soif de reconnaissance


Dans les cortèges, la star, c'est le vin. Ici, une cuvée spéciale 1968, s'il vous plaît! Photos : Jean-Claude Ernst

Nous sommes dans la région où les villages, couronnés de vignes, ne quittent pas la Moselle des yeux. Ce week-end, Machtum honorait le riesling et d’autres cépages, parfois injustement méconnus.

Les reines du jour

Les reines du jour…

Situé dans une brusque courbe de la Moselle, ce charmant village de vignerons a la réputation d’un vignoble aux vins pleins, mûrissant plus vite que les autres», peut-on lire dans le guide touristique du Petit Futé. Plus vite que les autres? Ce serait cocasse quand on sait que l’emblème de Machtum est l’escargot! (Schleek). D’ailleurs, pourquoi l’escargot? «Certains, les méchants, disent que c’est parce qu’on est lents ou parce qu’on va dans les vignes quand il pleut!», plaisante Marc Kring.

Le trésorier de l’Entente-Machtum nous accueille avec un sourire et un verre vide, deux invitations à aller découvrir les petites merveilles mises en bouteille par les producteurs locaux. Trois maisons ont en effet investi le village et ses ruelles au charme intemporel : les Domaines Vinsmoselle, le domaine Schlink et le domaine Pundel-Hoffeld.

Car la fête du Vin à Machtum, rappelle Marc Kring, «c’est la seule fête de ce genre dans la Moselle luxembourgeoise où vous pouvez déguster du vin avant même de l’acheter. C’est une tradition assez vieille, je crois qu’il s’agit de la 32e édition.» Avec une autre particularité : elle est organisée en collaboration avec le village voisin de Nittel, situé du côté allemand de la Moselle. Un bateau fait la navette entre les deux villages pour permettre à tous de profiter des festivités. «Ça aussi, c’est unique. D’ailleurs, il y a souvent des ministres et des députés luxembourgeois qui viennent à cette fête, ainsi que l’ambassadeur d’Allemagne au Luxembourg. C’est un symbole de l’entente entre les deux pays», remarque-t-il. Avec comme trait d’union, on l’aura compris, le vin : riesling, pinot, gewürztraminer, auxerrois, chardonnay, crémant…

On n'avait que l'embarras du choix!

On n’avait que l’embarras du choix!

La fête a commencé jeudi soir, avec un vernissage d’artistes. Elle s’est poursuivie vendredi avec l’Union des jeunes qui a organisé un festival de musique, le «Rock de Schleek». Puis elle s’est achevée ce week-end en musique et autour d’une bonne table, avec dégustations, fanfares, élection de la Reine du riesling…

Un gris de gris à vous faire aimer le rosé

Au détour d’une bouteille, on croise un habitant de Wormeldange, «amateur de bons vins», qui se dit désolé que les vins du Grand-Duché ne soient pas toujours appréciés à leur juste valeur par ses habitants : «Quand je vois des Luxembourgeois qui achètent du gewürztraminer d’Alsace ou du champagne, alors qu’on a de très bons gewürztraminer et crémants ici, je trouve ça dommage. Regardez, par exemple, chez Pundel, ils ont un gris de gris, c’est un pinot gris rosé, il est excellent», plaide-t-il. On confirme!

On croise justement Claude Pundel, héritier du domaine dont il représente la 8e génération. Une maison qui s’est spécialisée dans la production du «roi des vins», le riesling, mais qui ne délaisse pas pour autant les autres cépages comme, effectivement, ce gris de gris capable de «plaire à ceux qui n’aiment pas habituellement le vin rosé», se réjouit Claude Pundel.

La fête du Vin à Machtum? «C’est un moment important pour le village et pour nous, poursuit-il. Un jour comme aujourd’hui, il y a peut-être 2 000 personnes dans le village. C’est une chance pour découvrir ce que la Moselle luxembourgeoise produit comme vins. Mais je regrette, moi aussi, qu’il n’y ait pas assez de gens qui viennent goûter ces vins. J’entends parfois certains dirent qu’ils ne veulent pas de gewürztraminer parce qu’ils sont trop sucrés, trop liquoreux, mais ils ne savent pas que le nôtre a plus de fraîcheur.»

Pourtant, quelques touristes ont déjà eu vent de la qualité de la production locale. On rencontre ainsi deux Belges, Astride et Philippe Laumans, venus des environs de Martelange. «La semaine passée, on était en Alsace, pour la même raison, le vin», explique Philippe. Et alors, une préférence? «Les deux régions sont assez comparables, il y a de belles trouvailles des deux côtés. Là, je viens de goûter un pinot noir rouge (du domaine Schlink) qui est très bon. J’ai l’impression qu’ici les vignerons sont plus petits, donc ils font grimper le niveau, ils montent en qualité. Forcément, le prix s’en ressent, mais 16 ou 17 euros pour une bonne bouteille, je suis prêt à les payer. Ça les vaut!»

 Romain Van Dyck

Un commentaire

  1. Pas de fêtes sans gewürztraminer !