Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
À quelques encablures des fêtes de fin d’année, il est un produit luxembourgeois qui sera à coup sûr consommé un peu partout dans le pays : le crémant. Voici une sélection des meilleurs bouteilles à moins de 20 euros par notre expert de la Moselle.
La quête de la plus haute qualité a été entreprise par les vignerons luxembourgeois, cela ne fait plus aucun doute. Un des signes de cette tendance de fond est l’offre de plus en plus large de crémants haut de gamme qui dépassent les critères classiques de la production locale. La Champagne n’est pas loin et ce sont souvent les cépages des nobles bulles du vignoble français qui sont utilisés pour ces flacons d’élite qui méritent toute l’attention des amateurs.
Domaine Cep d’or, cuvée Signature (12,90 euros)
La cuvée Signature a été créée dès 1999, quatre ans seulement après l’acte de naissance du domaine d’Hëttermillen. Elle est le premier crémant haut de gamme produit au Grand-Duché. Le vigneron Jean-Marie Vesque avait de la suite dans les idées puisqu’il a planté dès le début des années 1990 du chardonnay et du pinot, dans le but d’élaborer un crémant d’inspiration champenoise. «Là-bas, le sol est crayeux alors qu’ici il est argilo-calcaire mais, climatiquement, c’est la même chose. Il n’y avait aucune raison que cela ne fonctionne pas!» C’est ainsi qu’est sortie cette bouteille au format «spumante», une forme déposée que seul le domaine a le droit d’utiliser au Grand-Duché.
À l’intérieur, le cépage majoritaire est le pinot noir (60 %), suivi du chardonnay. En fonction des millésimes, une petite proportion d’autres cépages ont intégré l’assemblage, mais jamais à plus de 5 %. Autour de 80 à 85 % des vins de base ont fait leur fermentation malolactique, là encore «pour s’approcher de la Champagne». Aucun vin ne passe en barrique : «Je ne suis pas amateur du boisé dans les crémants», justifie Jean-Marie Vesque. La règle est de laisser les bouteilles 24 mois sur lies, un laps de temps souvent dépassé. «En ce moment, nous vendons le 2014, qui a passé 36 mois sur ses lies.»
Petite coquetterie, la bouteille vient de s’offrir une nouvelle étiquette. Très chic, elle n’est pas imprimée sur du papier mais sur du Tyvek, cette matière créée par Dupont et fabriquée notamment au Luxembourg. Plus solide et plus élastique que le papier, il adhère parfaitement à la forme arrondie de la bouteille et sa structure de textile intissé apporte une touche du meilleur effet !
Caves Gales, G by Gales (17,78 euros)
Cette cuvée a été créée pour célébrer le centenaire de la maison de Remich, en 2016. Elle joue la carte du mystère puisque sa composition est un secret bien gardé! Isabelle Gales glisse simplement qu’il s’agit «d’un assemblage complexe et fin de cépages typiques de la Moselle». Les bulles fines et persistantes mettent en relief une matière riche, fruitée et complexe. L’élégance est là, l’amplitude également. Cette cuvée a été élaborée avec des vins de base vieillis en barriques après leur fermentation en cuve inox.
«Le millésime des bouteilles en vente actuellement est 2013», précise Isabelle Gales.
Cette bouteille anniversaire passera toutefois les années puisque la maison en poursuit la production. «La cuvée G by Gales est aujourd’hui une de nos priorités.» S’il s’agit d’un crémant gastronomique, Isabelle Gales explique que «sa complexité est telle qu’il se suffit à lui-même. Avant d’être un grand crémant, il s’agit d’un grand vin et il faut le déguster en conscience. Nous le réservons pour les grandes occasions et pour qu’il développe tous ses arômes, il faut le servir à une température légèrement supérieure à celle d’un crémant classique : plutôt 10/12 degrés que 8».
Domaine Sunnen-Hoffmann, cuvée Étoile filante (18,50 euros)
Depuis leur cave de Remerschen, Yves Sunnen et sa sœur Corinne sont les pionniers du bio au Grand-Duché. Ils cisèlent des vins d’une grande pureté, toujours très droits et expressifs. La cuvée Étoile filante reflète ce style. Pourquoi Étoile filante? «Parce que lorsqu’on en ouvre une, on peut faire un vœu!», sourit le vigneron. L’analogie entre la trace fugace d’une poussière d’étoile entrant dans l’atmosphère et celle de la bulle qui s’échappe du verre fonctionne aussi !
Cette cuvée ne souffre pas de mauvaises vendanges. Ainsi, le domaine n’en sort pas toutes les années et la rupture de stock est possible. La dernière année blanche avait été 2014. Toutefois, il en reste en cave : «Nous vendons le millésime 2015», précise Yves Sunnen. Et évidemment, il faudra se méfier les années qui viennent puisque les petites récoltes 2016 et 2017 n’ont pas permis d’en élaborer beaucoup… Car ce crémant sait se faire attendre. «Nous le laissons sur lie 18 mois au minimum, mais en ce moment, nous sommes autour de 30 mois, avance le vigneron. Cela lui apporte richesse et maturité.» L’assemblage est variable, mais à prédominance de chardonnay (un minimum de 60 %), complété par du pinot blanc et de l’auxerrois.
Pour le servir, Yves Sunnen insiste sur le choix du moment : «Il faut une belle occasion.» On peut l’ouvrir à l’apéritif ou même pendant le repas, «la matière du crémant s’accorde très bien avec un poisson dans une sauce riche».
Domaines Vinsmoselle, cuvée Vignum (19,50 euros)
Voici la toute dernière gamme produite par la coopérative qui travaille plus de la moitié des vignes du Grand-Duché. Une ligne haut de gamme au sein de laquelle les vins sont mis en valeur dans un habillage et des contenants du plus bel effet. Si les vins tranquilles (riesling, pinot gris, pinot blanc) sont produits en séries extrêmement limitées (100 magnums de chaque cuvée, pratiquement tous vendus), les crémants sont également en vente sous un format classique (75 cl) et en plus grande quantité.
Vinsmoselle a décidé de créer un nouveau style, plus riche que son crémant à succès Cult ou les différentes cuvées de sa marque phare, Poll-Fabaire. Le crémant Vignum, dont le nom tient à rappeler l’héritage romain de la viticulture mosellane, est composé de chardonnay et de pinot noir des millésimes 2015 et 2016. Les vins de base, partiellement vieillis en barriques, sont restés sur lies pendant au moins deux ans.
Les notes de vanille et les arômes légèrement toastés indiquent le passage sous bois, mais ils n’occultent pas des notes de fruits mûrs marquées. Ce crémant fait assurément davantage le pari de la complexité d’arômes puissants plutôt que celui de la fraîcheur des cuvées plus classiques de la maison. Il sait se faire remarquer! «Le Vignum est complètement différent des autres crémants que nous produisons, souligne le président de Vinsmoselle, Josy Gloden. Nous avons cherché à créer une cuvée exclusive et nous sommes ravis de voir que les clients suivent!»
Erwan Nonet
