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Vincent Thill, un talent « hors normes » selon son agent


Vincent Thill a fait sa première apparition en Ligue 1, mercredi face à Bordeaux.

Didier Philippe, désormais agent de Vincent Thill, nous a expliqué la joie du garçon au lendemain de sa première apparition dans le monde professionnel. Pour l’ancien coach du F91 Dudelange, cette grande première, mercredi soir, contre Bordeaux, est tout sauf un cadeau consenti par son coach, Philippe Hinschberger.

Le Quotidien : Voilà, c’est fait  : Vincent Thill a disputé ses premières minutes en Ligue 1, à l’âge de 16  ans et 6  mois. Surpris que ça vienne si vite ou vous vous y attendiez un peu?

Didier Philippe  : J’avais mangé avec lui la veille du match contre Bordeaux et je l’avais senti très concentré, prêt à jouer en Ligue 1. Sur le plan mental, il se sent bien parce qu’il est parvenu à passer ce cap entre le football de jeunes et le football des adultes. Il méritait d’entrer.

Didier Philippe (ici avec le F91) est ravi : un premier verrou a déjà sauté pour Vincent Thill. (photo archives LQ)

Didier Philippe (ici avec le F91) est ravi : un premier verrou a déjà sauté pour Vincent Thill. (photo archives LQ)

Cette première a été facilitée par le fait que les Grenats, à 0-3, n’avaient de toute façon plus rien à gagner…

Mais sa qualité, elle ne dépend pas du score! Moi, je dis qu’il peut désormais entrer n’importe quand. Philippe Hinschberger n’est pas du tout là pour lui faire des cadeaux!

Il serait prêt à faire des différences significatives sur un match de L1?

Je crois sincèrement que oui. On l’a bien vu déjà en fin de saison dernière avec la sélection contre le Nigeria. Il est entré en jeu et tout le monde l’a directement cherché pour lui confier le jeu. Il est précoce, il a déjà de la maturité, mais le chemin est encore long. À lui de montrer qu’il peut être décisif. Il a le potentiel technique et le caractère pour ça!

Le caractère justement  : il est aussi déterminé sur un terrain que réservé à l’extérieur?

Il a beau être réservé, sa force mentale est énorme! Il a conscience de son potentiel et il a confiance en lui. Rien ne lui fait peur. Son côté introverti disparaît complètement sur un terrain. Il y devient juste très réceptif. Il a envie de s’enrichir d’un maximum de choses.

Aurait-il eu raison de s’impatienter?

Il est issu d’une famille de footballeurs donc garde les pieds sur terre. Mais quand, comme lui, on voit tout deux fois plus vite que tout le monde, quand on a un tel talent, on ne peut pas s’empêcher d’avoir envie de le prouver. Cette envie ne doit pas être prise pour de la prétention. C’est tout simplement que son niveau exceptionnel exige qu’il soit lui-même exigeant.

Comment gérer un talent hors norme et surtout très précoce comme le sien? Hinschberger peut-il avoir envie de le mettre sur le terrain, mais ne pas le faire jouer pour le préserver, voire l’inverse?

Mais son objectif, à Philippe Hinschberger, ce n’est pas de le faire jouer juste parce qu’il a 16  ans! Son but à lui, c’est que son équipe prenne des points et c’est tout! Si Thill entre dans son chantier, c’est parce qu’il peut l’aider à en prendre et c’est tout. Lui aussi est passé par un centre de formation. Il sait comment ça se passe, même si Vincent n’est pas un jeune traditionnel, ça, tout le monde le sait. Si Hinschberger estime qu’il doit commencer, il commencera sans regarder son âge. Tout comme le public : personne ne va dire « oh, il a 16 ans » s’il commence à rater ses passes. Il n’a tout simplement pas le droit.

Vous l’avez vu après sa grande première?

Non. Au coup de sifflet final, je l’ai laissé avec sa famille. Ce moment exceptionnel leur appartenait. Ce qui lui arrive, c’est quand même assez énorme. Mais je l’ai eu au téléphone aujourd’hui (NDLR  : hier) et il était tout content. Le gamin de 16  ans est réapparu d’un coup, même si son premier réflexe a été de constater qu’il y avait défaite 0-3. Lui, il est déjà dans le truc. Je suis sûr que son cœur battait à 100 à l’heure quand il est entré et quand il a touché son premier ballon, mais ça y est, c’est déjà du passé, il s’est déjà tourné vers le prochain match. Il est très à l’écoute de ce qu’on lui demande et là, il doit déjà penser à Montpellier (NDLR  : demain).

De nombreux joueurs ont débuté à 16  ans. Très peu sont devenus des cracks. Qu’est-ce qui peut faire la différence pour Vincent?

Nous savons, et on le lui dit, qu’il doit se faire accepter. Il est passé en quelques mois des gamins au monde pro. L’intégration dans la vie d’un vestiaire pro, qui est très très différente d’un vestiaire d’U19, ça s’apprend. Tous les détails sont importants. Mais je sais qu’il comprend ça très vite, le fonctionnement d’un vestiaire. En ça, son expérience en sélection l’a aidé.

Votre expérience de cinquantenaire ayant joué à l’ASNL peut lui être utile, ou les choses ont bien trop changé?

J’ai quand même 350  matches en pros! Et si je n’ai, moi, commencé qu’à 20  ans, j’ai aussi été à cet âge meilleur buteur de D1 après six journées, donc… Même si je n’avais pas le même talent que Vincent et je le regrette, il m’a, moi aussi, fallu comprendre les ego des uns et des autres. Je peux le mettre en garde contre certains pièges.

Que va-t-il se passer pour Vincent Thill dans les semaines à venir?

Il a un talent hors norme. On va suivre son développement physique, même si en allant ouvertement dans les duels avec des gars de 90  kilos en sélection, il a déjà donné toutes les réponses qu’il faut. Il a le mental d’un sportif de très, très haut niveau. Ce qui a été fait hier (NDLR  : mercredi), c’est déjà du passé. Lui, il pense déjà à l’avenir!

Julien Mollereau

Une interview ? Patientons encore un petit peu…

En Bulgarie, l’avant-veille de la première rencontre des éliminatoires du Mondial-2018, la fédération luxembourgeoise avait indiqué à la presse que Vincent Thill ne donnerait pas d’interview avant ses 18  ans, en février 2018. Sans préciser d’où venait le blocus.

Après une brève entrevue avec Serge Thill, le père, on sait  : « C’est la FLF qui a décidé, on n’était au courant de rien. Mais je trouve personnellement que c’est une bonne solution. Luc Holtz fait très attention à lui, il veut le protéger. Mais j’imagine qu’à Metz, cela arrivera bien plus tôt. Il arrivera forcément un moment où il jouera ses premières minutes (NDLR  : l’interview a été réalisée moins de deux heures avant que le fiston fasse ses premiers pas sur la pelouse de Saint-Symphorien) et où il devra faire face aux questions des journalistes, c’est normal. Mais au moins, en sélection, on lui donne la chance de grandir tranquillement. De toute façon, un gamin de 16  ans, vous voulez qu’il vous raconte quoi? »