Si la culture est perçue comme essentielle par la plupart des résidents, selon leur commune, ceux-ci ne sont pas égaux en termes d’accessibilité ou d’offre culturelle.
Plus de quinze ans après la dernière enquête sur les habitudes culturelles des Luxembourgeois, le ministère de la Culture a présenté hier les résultats d’une étude de l’institut Ilres menée auprès de 1 981 résidents de plus de 16 ans et originaires des douze cantons.
Objectif : évaluer leur accès et leur participation à la vie culturelle du pays, alors que le gouvernement a promis, dans son accord de coalition 2023-2028, de sérieux efforts de décentralisation.
Si la culture est perçue comme importante par 82% des sondés, cette tendance globale cache de sérieuses disparités en fonction du contexte géographique et socio-économique : en effet, la culture est nettement plus consommée par les habitants de la capitale, de nationalité étrangère et ayant fait des études supérieures.
En revanche, les résidents du nord du pays, Luxembourgeois, ou les personnes avec des difficultés financières régulières, sont en moyenne moins intéressés.
Une offre jugée pas à la hauteur
En même temps, dans cette région, les participants sont nombreux à pointer une offre qui laisse à désirer : le Nord obtient ainsi le score d’attractivité le plus bas au niveau national (60%), loin derrière le Centre (81%), le Sud (74%) ou l’Est (67%). Et dans le détail, c’est dans les cantons de Clervaux, Vianden et Redange que les habitants se montrent les plus critiques.
À l’inverse et sans surprise, 83% de la population basée à Luxembourg-ville, où se concentrent de nombreux événements, juge l’offre culturelle attirante.
Le Centre nettement mieux loti
En termes de proximité, c’est le Centre qui est le mieux loti : les trois quarts de ses ressortissants vivent à moins de 5 km d’un site culturel ou historique, et cette zone se distingue par un accès systématique à tous les types de structures – centre culturel, école de musique, musée, cinéma, bibliothèque, salle de concert, etc.
Sur ce terrain-là, encore une fois, le nord du pays reste à la traîne, avec un accès plus limité à tous ces lieux.

Source : Ilres
Fêtes et arts de rue en tête
Alors, quels sont les pratiques culturelles les plus prisées des habitants du Luxembourg?
Ce sont les fêtes traditionnelles et les spectacles de rue qui remportent la palme : 89% des sondés y ont pris part au moins une fois dans l’année, en particulier les 16-34 ans (96%) et les nouveaux arrivants (95%).
Huit personnes sur dix disent avoir visité un site historique, et trois quarts ont assisté à un concert ou un festival de musique. Avec 72%, musées et expositions affichent une belle fréquentation, mais avec un profil de visiteurs plus favorisé.
Tous les sites en progression
Alors que la dernière étude de 2009 montrait déjà des taux de fréquentation en hausse par rapport à 1999, les chiffres recueillis cette fois-ci témoignent d’une nouvelle progression sur l’ensemble des lieux et évènements culturels recensés, souligne l’Ilres.
L’autre bouleversement qui s’est imposé est la consommation de produits culturels en ligne. On apprend que 75% des Luxembourgeois écoutent de la musique en streaming, avec un taux encore plus élevé chez les jeunes (84 %) et les 35-54 ans (81%).
L’avènement des plateformes
Ils regardent aussi des films (72%) sur les plateformes – gratuites ou payantes – et lisent la presse en ligne (72%). 46% des sondés sont adeptes des podcasts, les 25-34 ans en majorité, et un tiers jouent aux jeux vidéo en ligne.
Et pour trouver des informations sur les animations et événements du moment, ce sont les réseaux sociaux qui ressortent clairement, utilisés par plus de la moitié des répondants, et encore plus (66%) chez les moins de 54 ans. Notons que le bon vieux bouche-à-oreilles fonctionne toujours pour 46% des sondés.

Le Centre des arts pluriels d’Ettelbruck accueillera les assises culturelles le 25 juin prochain.
Un manque d’information pointé du doigt
Les principaux défis identifiés par les répondants pour améliorer l’offre culturelle dans leur région se réduisent à trois priorités : faire davantage connaître l’offre culturelle existante pour 37%, l’histoire locale pour 28%, et enfin, renforcer la présence d’artistes près de chez eux pour 26%.
Deux personnes sur dix, et notamment les 16-34 ans, citent le manque d’intérêt de ce qui est proposé, ou le prix des billets, comme obstacles à leur participation à la vie culturelle. Et ce peu importe la région!
Parmi les activités culturelles à développer au niveau local, quatre sondés sur dix plébiscitent les concerts et les festivals de musique ainsi que les fêtes traditionnelles et les spectacles de rue.
Des assises culturelles le 25 juin au CAPe
Avec un budget qui a gonflé de 12,8% en 2025, le ministère de la Culture se montre déterminé à progresser sur la question de l’accessibilité et de la participation citoyenne à la vie culturelle qu’il considère comme un maillon indispensable à la cohésion sociale.
Fort de l’étude sur les pratiques des 6-21 ans présentée en avril dernier, et de ce nouveau volet, le ministre Eric Thill rencontrera les professionnels de la scène culturelle lors d’une journée d’échanges prévue le 25 juin au CAPe à Ettelbruck. De quoi nourrir son futur plan d’action en préparation.