Les élections législatives se déroulent ce dimanche 8 octobre au Luxembourg. À l’approche du scrutin, et alors que nous décortiquons les programmes sur les sujets phares qui touchent le Luxembourg, quels sont réellement les enjeux politiques de ces élections ? Notre journaliste politique, David Marques, vous apporte quelques éléments de réponse.
🍀 La coalition au pouvoir depuis 2013 (DP – LSAP – déi gréng) a-t-elle toujours ses chances ?
David Marques – Ce sera l’un des enjeux de ce scrutin. Il y a eu quelques tensions dernièrement, notamment pendant la campagne électorale, mais c’est normal. Même s’ils ont travaillé main dans la main ces dernières années, cela reste trois partis distincts, ils n’ont pas fusionné. Je pense qu’ils seraient prêts à prolonger l’aventure à trois. Tout dépendra du résultat final des élections.
Il faudra déjà observer le résultat du DP, parti du Premier ministre sortant, mais aussi celui du LSAP, avec une ministre de la Santé très populaire, Paulette Lenert. Mais le résultat de déi gréng sera également très important : ils sont mal en point dans les sondages, donc il faut voir s’ils vont réussir à nouveau à s’allier tous les trois.
🔁 Le CSV peut-il faire son «come-back» ?
C’est l’autre grande question de ces élections. En 2013, certaines affaires ont éclaboussé l’ancien Premier ministre, Jean-Claude Juncker, et ont finalement mené aux élections législatives anticipées d’octobre 2013. Pour la première fois au Luxembourg, nous avons eu une coalition tricolore avec un renvoi du CSV sur les bancs de l’opposition. Ce que le parti conservateur n’avait connu qu’une seule fois, rappelons-le, dans les années 70.
Ces dix dernières années, le CSV a toujours eu du mal à trouver sa marque dans l’opposition. Il avait l’espoir de revenir en force en 2018, mais a finalement perdu quelques sièges, alors même que les sondages le donnait grand gagnant.
Est-ce que le CSV va réussir cette année à convaincre les électeurs, à se montrer plus jeune, plus dynamique ? Tout dépendra du programme, mais aussi de la personnalité de la tête de liste (surprise !) choisie en début d’année pour représenter le parti : Luc Frieden, ancien ministre, qui est ressorti de sa retraite politique pour mener cette campagne.
Une autre question se pose aussi : en fonction du résultat, est-ce que le CSV va réussir à convaincre un, voire deux partis pour former une coalition ? Le parti préférerait une coalition à deux, mais cela risque d’être compliqué vu le nombre de partis qui sont en lice. Comme ils le disent eux-mêmes : «Seul un résultat très fort nous permettra de devenir incontournables ». À voir.
☹️ Quel parti a le plus à perdre ?
Comme à chaque élection, tous les partis ont quelque chose à perdre. Mais je citerai en premier surtout déi gréng, qui a sauvé la coalition sortante en 2018 en signant un très fort résultat, mais qui n’a plus le vent en poupe. Nous l’avons vu aux élections communales, ils ont perdu un certain nombre de sièges au niveau national.
Ils risquent de perdre leur place au gouvernement. Selon moi, s’ils ont un résultat moins bon, mais qu’ils repartent quand même avec le DP et le LSAP, ils devraient se poser la question de leur place au gouvernement.
L’autre parti, nous en avons déjà parlé, c’est le CSV. Si jamais ils sont renvoyés sur les bancs de l’opposition une troisième fois de suite, je ne sais pas à quoi va ressembler le parti en 2028 lors des prochaines élections.
👶 Les nouveaux « petits » partis vont-ils peser dans la balance ?
Nous partons dans un scrutin avec douze partis. Il faut savoir qu’il y a quatre circonscriptions électorales et une grande partie de ces nouveaux venus n’ont pas réussi à présenter des listes complètes dans les quatre territoires. Ce qui aura forcément un impact sur les résultats.
Donc le match pour former le prochain gouvernement va certainement se jouer entre les quatre grands partis (DP, LSAP, déi gréng et CSV), avec leurs têtes de liste respectives, où nous devrions trouver notre prochain Premier ministre. Et derrière, un ADR, déi lénk ou pirate qui pourrait jouer les faiseurs de rois. Mais je ne pense pas que les autres petits partis vont peser lourdement, c’est très improbable.
🤜🤛 Le rapport de force va-t-il être bousculé à la Chambre ?
Avec douze partis en lice… Les voix risquent de s’éparpiller ! Cela risque de jouer pour les plus grands, mais aussi ceux sortants de la Chambre des députés. Une différence de quelques points de pourcentage peut coûter un siège ou vous en faire gagner un.
L’élection porte sur la composition de la nouvelle Chambre, nous n’élisons pas un gouvernement, rappelons-le. Ce sera justement en fonction de ce rapport de force que va se former une majorité gouvernementale.
Il y a donc des chances que ça bouge ! Quel parti va sortir premier des urnes ? Même si les sondages indiquent que le CSV va perdre encore des sièges, il est fort probable qu’il sorte premier des urnes, mais faut-il encore que cela suffise pour intégrer un gouvernement.
Il n’y a pas de règle qui dit que le premier parti sortant doit obligatoirement intégrer le gouvernement. Il y a certainement un rapport de force qui va se jouer entre les trois partis de la coalition sortante : est-ce que le DP du Premier ministre va toujours sortir premier ou est-ce que le LSAP va le doubler ? Quel sera le score de déi gréng ?
C’est en fonction de tous ces éléments-là que va se décider la prochaine coalition : le nombre de sièges ne sera pas déterminant, ce seront surtout les compromis à trouver au niveau de l’accord de coalition futur qui va être décisif.
Le LSAP pourrait, pour la première fois de son histoire, revendiquer le poste de Premier ministre, avec sa tête de liste, Paulette Lenert, qui pourrait devenir ainsi la première femme à ce poste au Luxembourg ! Pour y parvenir, il faut qu’ils signent un résultat très fort et terminent devant le DP, ce qui pourrait leur ouvrir la voie de prendre la tête du prochain gouvernement.
😮 Quel parti peut provoquer la surprise ?
Un peu comme en 2018, cela pourrait être le parti pirate, qui avec deux élus, avait déjà créé la surprise. Les deux députés sortants se sont montrés très engagés, ils sont pressentis, dans les sondages, de doubler leur résultat, voire plus et c’est justement ça qui pourrait influencer la formation de la prochaine majorité gouvernementale.
Je ne sais pas à qui ils vont enlever des sièges : soit au CSV, soit aux trois autres partis de la coalition sortante, ce qui compliquerait encore la formation d’une majorité.
Le parti Fokus, de Frank Engel peut également créer la surprise.
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