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[Vidéo] Quels sont les enjeux de ces élections européennes ?


Les européens ne travaillent pas tous le même nombre d'heures par semaine.(Photo d'illustration)

Les élections européennes ont lieu le dimanche 9 juin prochain. Si l’inquiétude est grandissante dans de nombreux pays face à la montée des extrêmes, quels sont réellement les enjeux de ce scrutin, au niveau européen, mais aussi au niveau national ? Notre journaliste politique, David Marques, répond à cinq questions-clé concernant cette échéance.

(Vidéo : Myrthille Dussert, Camille Vari et Sophie Wiessler)

🧐 L’extrême droite peut-elle devenir majoritaire au Parlement européen ?

Certainement pas majoritaire, non, mais le résultat que vont faire les partis extrémistes, et plus particulièrement extrémistes de droite, sera l’un des principaux enjeux de ces élections européennes.

Si nous observons les sondages, nous constatons que les deux familles politiques qui tendent vers l’extrême-droite, plutôt nationalistes, pourraient réaliser plus de 20 % ensemble et former l’un des plus importants groupes politiques au prochain Parlement.

Le grand défi, c’est de savoir quels résultats vont signer les autres partis pro-européens, que ce soit les conservateurs de droite, les socialistes sociaux-démocrates ou les verts et les libéraux. Justement pour former une alliance, une coalition pro-européenne. S’ils n’arrivent pas à former une majorité stable, cela pourrait remettre en question ou au moins freiner le projet européen.

N’oublions pas que l’intention des partis extrémistes, c’est de détruire de l’intérieur l’Union européenne, voire de freiner la poursuite du projet.

🌳 Les Verts peuvent-ils espérer des sièges après leurs revers aux élections communales et législatives ?

On constate une certaine lassitude par rapport à tout ce qui concerne la politique, mais aussi vis-à-vis de tous les efforts à produire pour lutter contre le changement climatique. C’est en partie dû au concept de polycrises que l’on vit toujours depuis cinq ans : la pandémie de Covid-19, mais aussi avec un contexte géopolitique très tendu, surtout sur le continent européen avec la guerre russe en Ukraine…

Tout ça a pour conséquence une certaine fatigue pour s’attaquer au changement climatique. Ce qui peut expliquer peut-être aussi des sondages plutôt médiocres pour l’instant pour les verts. Il faut voir ce qu’il va ressortir des urnes, mais on ressent très clairement un changement d’attitude par rapport aux verts. C’est aussi le cas au Luxembourg : en 2019, les verts ont signé le troisième meilleur résultat lors des élections !

Cette tendance s’est clairement inversée si l’on regarde les résultats des dernières élections au niveau national : les verts ont dégringolé.

🤞 Quels partis peuvent espérer remporter des sièges cette année ?

Il faut déjà savoir que le Luxembourg compte uniquement six sièges au Parlement européen, ce qui rend le scrutin plus compliqué que pour des élections législatives. En effet, il faut avoir un pourcentage très élevé (entre 10 et 12 %) pour pouvoir décrocher un siège.

Il faut aussi rappeler qu’il y a quatre partis qui occupent pour l’instant les six sièges : le DP avec deux sièges, le CSV avec deux sièges (qui en avait longtemps trois), le LSAP avec un siège et les verts également.

Si on regarde les résultats par rapport aux législatives, il y a cinq partis qui sont dans la course pour décrocher des sièges, peut-être six si on prend en compte l’ADR, qui est le parti le plus à droite, nationaliste, populiste, qui vise un siège et pourrait l’avoir, peut-être au détriment des verts. C’est là tout l’enjeu de déi gréng au Luxembourg : défendre leur siège.

On peut aussi se poser la question de quel sera le résultat du DP et du CSV, qui forment depuis le mois de novembre dernier le gouvernement. Ces élections européennes pourront donc servir de « premier test » à l’échelle nationale pour cette nouvelle coalition.

🗳️ À quelle participation faut-il s’attendre, au Luxembourg et dans le reste de l’Europe ?

Ce qui est positif pour l’instant, au vu du caractère crucial de ces élections européennes, c’est que les intentions de vote, selon les derniers sondages, sont en hausse. En 2019, à l’échelle de l’Union européenne, il y avait plus ou moins 51 % des électeurs qui avaient participé au scrutin.

Cette année, les intentions de vote pourraient atteindre les 70 %, ce qui est positif. Et même si cela finit à 60 %, ce sera déjà très bien. Encore une fois, il faut savoir qui va bénéficier de ce surplus d’électeurs, et là, on revient à la question concernant les extrêmes : le virage à droite que tout le monde redoute va-t-il avoir lieu ? Ou les gens vont-ils voter pro-européen ?

Si l’on se penche sur le bilan de la Commission européenne et du Parlement européen sur les cinq dernières années, on a du mal à comprendre les tendances nationalistes, extrémistes : la gestion de la pandémie nous a permis de sortir renforcés, aussi bien au niveau sanitaire que financier et le soutien à l’Ukraine fonctionne assez bien également. Autour de ces deux crises, les 27 ont retrouvé une unité plus stable et plus importante qu’auparavant.

Les extrêmes proposent actuellement des solutions simplistes à des problèmes complexes, tout en s’attaquant aux partis de gauche qui sont accusés de tous les torts… surtout les verts, qui sont leur cible privilégiée. Le tout en stigmatisant les réfugiés.

🇪🇺🇱🇺 Les enjeux nationaux prennent-ils le dessus sur les problématiques européennes ?

Il y a toujours le risque que des thématiques et problèmes nationaux prennent le dessus lors des campagnes. Cette tendance, de se replier sur soi-même et de mener campagne sur ces sujets, est assez paradoxale pour des élections européennes.

Les 27 États membres ont en effet une force de frappe qui est plus importante : nous l’avons vu notamment pendant la pandémie de Covid-19, où certains pays ont voulu agir d’abord sur le plan national, pensant que ce serait plus efficace, mais ont finalement rapidement changé de cap au profit d’un partage européen.

C’est la même chose avec l’immigration et la gestion des flux par exemple : certains pays pensent qu’ils peuvent gérer cela seuls, mais il faut la solidarité européenne, c’est beaucoup plus simple à gérer. Le volet défense aussi, par rapport à la menace russe, est important : nous avons forcément une force de frappe supérieure !

Mais malheureusement, il y a souvent une tendance à dire que tout ce qui fonctionne bien, c’est grâce au gouvernement national, et ce qui ne va pas, c’est à cause de l’Europe. C’est un leurre.

👨‍💻 Quels sont les grands thèmes auxquels devront s’atteler les eurodéputés dès leur rentrée ?

On a vécu cinq années de crise, chahutées avec la pandémie et la guerre en Ukraine. Et justement, ce dernier événement qui concerne le volet défense, sera l’une des priorités certainement. Cela ne va pas changer du jour au lendemain, la paix en Ukraine n’est pas encore à l’ordre du jour.

Le fameux green-bashing sera aussi important, puisqu’il y a une possibilité de voir les verts perdre beaucoup de voix. Les autres partis, surtout pro-européens, doivent être conscients que tout ce qui concerne la lutte contre le changement climatique, dans le green-deal initié par la Commission sortante, ne pourra pas être mis entre parenthèse. Il faudra continuer les efforts à ce niveau-là.

Enfin, on peut parler aussi du volet migratoire. En fin de législature, le Parlement européen, avec le conseil des ministres, ont adopté le nouveau pacte migratoire, très contesté. Et justement, sa mise en œuvre sera une troisième priorité à garder à l’œil pour avancer le projet européen.