Tour d’horizon des réactions politiques au Luxembourg après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine.
Jean Asselborn : « Un vote plein de contradictions »
Contacté mercredi, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a effectué un parallèle entre la présidentielle aux États-Unis et le référendum sur le Brexit. « La tendance est qu’on vote actuellement contre l’establishment qui est en place », constate le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Pourtant, pour ce qui est des États-Unis, Jean Asselborn évoque « un vote plein de contradictions ». « Un milliardaire qui s’est enrichi sur le dos des petites gens est aujourd’hui choisi pour améliorer les situations de ces mêmes gens. De plus, la cote de popularité du président sortant, Barack Obama, est importante, mais on vote contre ses projets », fait remarquer le ministre.
Si Jean Asselborn avoue qu’ « un mauvais sentiment » l’habite, le diplomate en chef du Grand-Duché ne souhaite pas dramatiser. Du moins pas encore. «Le président Trump ne pourra pas unilatéralement se désengager de l’accord sur le climat ou de l’accord avec l’Iran. D’autres partenaires sont impliqués », insiste Jean Asselborn. « Pour l’instant, le camp républicain n’a pas vraiment de plan. Il faudra attendre le 20 janvier et son assermentation pour y voir plus clair », conclut le ministre.
Xavier Bettel : « C’est le programme qu’il faudra juger »
Le Premier ministre, Xavier Bettel, est arrivé à la réception de l’ambassade américaine peu après 7 h mercredi, après une très longue nuit passée devant la télévision pour suivre les résultats. La mine est loin d’être réjouie, et le Premier ministre attend les résultats définitifs avant de s’exprimer : « Je mentirais en disant que je saute de joie avec ce résultat. Je suis inquiet des propos tenus par Donald Trump, des propos misogynes notamment, qui divisent, mais qui ont trouvé un large public. Ce qui compte maintenant, ce sont les questions concrètes : comment va-t-il former son gouvernement, son programme. C’est sur cela qu’il va falloir se baser, au-delà de sa personne. La politique ne doit pas se faire contre les gens, mais nous assistons à un phénomène international. En tant que politique, il faut y être attentif, mais il ne faut pas vendre nos valeurs pour autant afin de capter l’électorat. Les États-Unis restent un pays partenaire et ami, je respecte le choix des électeurs bien entendu. Le choix du président est une chose, mais c’est sur son programme que l’on pourra juger. »
Claude Adam (déi gréng) : « L’ère du populisme »
Le député Claude Adam (déi gréng) s’est dit mercredi «inquiet» de la victoire de Donald Trump qui confirme une vague de populisme qui s’est abattue sur les pays occidentaux : « Le monde politique et réel est en train de changer. Nous sommes dans un mouvement qui pousse vers des hommes forts qui ont des solutions simplistes à des problèmes complexes. Je suis inquiet qu’on puisse penser que Trump apporte les bonnes réponses. Nous sommes entrés dans l’ère du populisme, le votre contre Clinton était clairement un vote contre l’establishment. »
Si selon Claude Adam, la vague ne risque pas d’atteindre le Luxembourg d’après le député, le pays n’est certainement pas à l’abri « d’un mouvement de ras-le-bol.» C’est pourquoi,poursuit-il, il faut répondre à ces inquiétudes, mais je suis partisan de rester dans un climat politique calme et loin des provocations xénophobes dont a pu abuser Donald Trump. »
Claude Wiseler (CSV) : « Respecter ce choix »
Le chef de file du CSV, Claude Wiseler, appelle à « respecter le choix » effectué par « une des plus grandes démocraties du monde » et ce « même si le vote ne s’est pas soldé par un résultat attendu ». Comme d’autres politiciens luxembourgeois, Claude Wiseler souhaite attendre que Donald Trump dévoile son programme avant de céder à toute panique. « Il faut espérer qu’il sera de la volonté du nouveau président que les États-Unis restent un partenaire fort », conclut le député CSV.
Fernand Kartheiser (ADR) : « Diaboliser n’est plus suffisant »
Fernand Kartheiser tire une principale conclusion de la présidentielle américaine : «Diaboliser son adversaire n’est plus suffisant pour remporter la mise. » Le député ADR enchaîne : « Il sera désormais intéressant d’observer si le président Trump va appliquer sa politique, qui risque de changer pas mal de choses au niveau de l’OTAN, des relations avec la Russie ou du libre-échange. » Fernand Kartheiser ajoute : « On constate un ras-le-bol concernant la politique gauchiste. »
David Wagner (déi Lénk) : « Ne pas se moquer des électeurs »
« Je ne suis pas étonné. En revanche, ce qui m’étonne, ce sont tous ces commentateurs européens qui jouent l’étonnement », a réagi hier le député déi Lénk David Wagner. «L’issue de ces élections ne me plaît pas du tout, d’autant qu’il y avait une alternative possible, celle de la candidature de Bernie Sanders. Il faut se garder de se moquer des électeurs américains. S’ils ont voté Trump, ce n’est pas par bêtise, mais parce qu’ils sont dans le désespoir dans un pays qui compte 100 millions de pauvres. »
Le Quotidien