Accueil | A la Une | Vendanges au Klouschtergaart : une nouvelle cuvée en préparation

Vendanges au Klouschtergaart : une nouvelle cuvée en préparation


Des employés du service des parcs de la Ville étaient chargés de vendanger les vignes.

Y goûter est un privilège. Depuis près de vingt ans, la Ville de Luxembourg produit son propre vin issu de vignes plantées au Grund. Ce lundi matin, le moment était venu de récolter leurs fruits.

Ah, le petit vin blanc qu’on boit sous le rocher du Bock! Un concentré de Moselle issu des terres sablonneuses de la vallée de l’Alzette. Qui l’eût cru, comme Montmartre, Luxembourg a ses vignes. Et les vendanges avaient lieu ce lundi matin. L’occasion de trinquer entre échevins et conseillers communaux et de déguster des grains de raisin dorés et sucrés au goût de revenez-y à même la vigne. Chaque année, ces vendanges d’un jour sont célébrées comme une fête.

Les 250 pieds de vigne donnent à peu près autant de bouteilles de ce vin blanc frais. Le goûter est un privilège. Et pour cause : le vin des vignes du Klouschtergaart de l’abbaye de Neumünster n’est pas destiné à la vente. «Nos vignes se trouvent en dehors du périmètre viticole. Le vin produit ici ne peut être vendu», explique Sonja Fandel, responsable du service des parcs de la Ville de Luxembourg. Le vin est donc offert en cadeau par l’hôtel de ville ou servi lors de réceptions.

La culture de vignes au beau milieu de la capitale ne date pas d’hier. Des gravures du XVIe siècle attestent qu’au Moyen Âge déjà les moines de l’abbaye voisine avaient reconnu les qualités du site et avaient choisi de planter des vignes en terrasse. «C’est une petite curiosité sur un site spécial», note Sonja Fandel. Une petite curiosité qui a tout de même attiré une équipe de journalistes de France 3 Lorraine jusque dans cet ancien faubourg historique.

Les vignes actuelles ont été plantées en 2004 à l’occasion d’un partenariat avec la Landesgartenschau de Trèves. Ces jardins en terrasse ont alors été restaurés pour y accueillir vignes et plantes médicinales en plus des cultures maraîchères qui y ont toujours été cultivées. On retrouve des cépages d’elbling, d’auxerrois, de pinot blanc et gris ainsi que de rivaner sur environ quatre ares baignés par un microclimat.

Nico Ries est l’artisan de ce cru annuel. «L’exposition du site est très favorable par son ensoleillement. Il est protégé des vents. Les roches et les pierres des anciens murs de fortification emmagasinent la chaleur durant la journée et la diffusent aux plantes pendant la nuit», explique-t-il. «Les vignes aiment les sols calcaires. Ici, le sol est sablonneux. Cela donne un goût du terroir au vin. Un goût différent de celui des vins de la Moselle.» Les grappes récoltées hier ont été transportées dans les Caves Ries à Niederdonven, où elles seront transformées en vin.

Des vignes protégées

Les bouchons sautent, tandis que Lydie Polfer et ses échevins s’essayent aux vendanges, sécateurs orange en main. Maurice Bauer, échevin chrétien-social, essaye même de porter une des hottes. Remplies, elles peuvent peser entre 40 et 50 kilos. Derrière eux, une douzaine d’employés du service des parcs de la commune font des allers-retours avec des hottes chargées de grappes fraîchement cueillies par leurs soins du vignoble au camion du vigneron stationné en contrebas de la rue Plaetis. Quant à savoir quel goût aura le cru 2023, Nico Ries ne se prononce pas encore. «Il y a eu du soleil. La pluie a tardé, mais elle a fini par arriver en quantité», note-t-il.

Le vin issu des vignes du Klouschtergaart ne prétend pas rivaliser avec un grand cru, il a davantage valeur de symbole. La production est biologique et disposée en terrasse. Les vignes s’épanouissent autour d’un poteau en bois et pas le long d’un fil. Leur culture est artisanale, comme celle des autres fruits présents au Klouschtergaart, ce beau jardin fleuri. Mais contrairement aux pommiers, par exemple, qui invitent à la maraude, les vignes sont protégées «des oiseaux et des gourmands par des filets».

Le jardin est entièrement dédié à l’agrobiodiversité et à la conservation des espèces de plantes luxembourgeoises traditionnelles par la récolte de semences. Les plantes utiles, rares et menacées font l’objet d’une attention particulière des jardiniers. Grâce à leurs bons soins et au microclimat, des espèces indigènes ont réussi à bien s’établir et à devenir plus résistantes. «La récolte de leurs semences permet de garantir leur pérennité et sauvegarde dans le temps», souligne la Ville de Luxembourg dans un communiqué.

Le Klouschtergaart sert également à la sensibilisation et au transfert de connaissances. Des visites guidées et des portes ouvertes y sont régulièrement organisées, de même que des distributions de semences sur les marchés de la capitale. «Cette approche permet également de réintroduire des variétés traditionnelles dans les jardins scolaires et jardins privés et de maintenir et développer la compréhension de l’agrobiodiversité traditionnelle et de son importance pour la survie des plantes traditionnellement cultivées dans nos régions», continue le communiqué. Les cépages en font partie.