Au domaine Kox, à Remich, les vendanges ont battu leur plein pendant un mois. L’occasion pour les saisonniers de se retrouver en pleine nature et d’échanger tous ensemble.
Si la vallée de la Moselle luxembourgeoise est connue pour quelque chose, c’est bien pour son vin. Là-bas, le mois de septembre est marqué par la période des vendanges. Au bord des routes de Remich, les tracteurs sont légion. Ils longent les champs et sont pleins de grappes de raisin prêtes à partir au pressurage. Dans les dédales de vignes, les petites mains des vendanges s’activent. Et les vignes du domaine Kox n’échappent pas à la tradition. «Aujourd’hui, ce sont les premières récoltes de riesling pour nos crémants», explique Corinne Kox, actuelle gérante du domaine familial. Il exploite 11 hectares de vignes et 11 cépages différents. Pour vendanger tout ça, la propriété emploie une équipe de treize saisonniers, en plus de ses salariés. «Cela nous prend 30 jours pour tout vendanger!»
Pendant ce mois de travail, les vendangeurs ne chôment pas. «Nous récoltons à la main, ce qui demande du temps», précise la vigneronne. Cela leur permet de contrôler si le raisin est bon pour la récolte. «Il faut vérifier les signes de pourriture ou de maturité pour savoir quelles grappes on garde.» Et pour savoir si le raisin est bon, «il faut le goûter!». Les étapes de la vendange sont simples : couper le raisin, trier les grappes, remplir des bacs, puis les charger dans les tracteurs, et ce jusqu’à la fin de la ligne de vigne. Une fois une parcelle récoltée dans son entièreté, les saisonniers partent sur d’autres vignes du domaine.
Pour faire tout ça, les journées commencent à 7 h 30 au domaine. L’équipe se rassemble et discute de ce qui l’attend la journée, avant de partir vers les vignes pour la récolte. Mis à part une pause café dans les eaux de 9 h ou 10 h et la pause déjeuner, les saisonniers cueillent jusqu’à 16 h… Avant de recommencer le lendemain. «Si le vignoble est pentu au Luxembourg, la coupe est plus facile et moins physique qu’en Champagne, le raisin étant positionné plus haut sur le pied de vigne», indique Alain, vendangeur français de 64 ans.
«Rencontrer des personnes de différentes origines»
«Le vin a traversé l’histoire et représente une source de festivité et de partage», sourit Alain. Lui est un habitué de la vigne. Il fait les vendanges depuis 1996. Il a commencé par les faire en Champagne à Boursault, avant de venir les faire au domaine Kox en 2023. «Si aujourd’hui je vendange à Remich, c’est parce que les viticulteurs français n’hébergent plus le personnel et qu’ils recourent à des prestataires de service qui sont chargés de « vendanger« », explique le retraité. Il réside à Creutzwald et fait 130 km par jour pour venir au domaine.
Et si l’envie de les faire lui est venue parce qu’il aime se «retrouver à l’extérieur en contact avec la nature en cette période l’année», c’est bien la rencontre avec d’autres personnes qui lui fait apprécier ce moment : «Cela me plaît de profiter de l’état d’esprit qui anime cette période de récolte», confie Alain. En France déjà, les vendanges étaient l’occasion de vivre en groupe. «Les soirées repas pris en commun accompagnées d’une partie de cartes ou d’une soirée chant permettaient de sortir du quotidien», se remémore-t-il. Plus qu’un simple moment d’échange, les vendanges réunissaient, selon le retraité, toutes sortes de catégories sociales professionnelles.
Au domaine Kox, cette constatation se vérifie. Parce que si Alain est retraité, ce n’est pas le cas de tout le monde. Camilo, par exemple, est étudiant. À 27 ans, le Colombien vit ses premières vendanges. «J’ai de l’expérience dans la récolte d’autres produits, comme le café, dans mon pays d’origine et je trouve cela intéressant de voir comment ça se passe ici au Luxembourg pour le raisin», explique-t-il. Lui aussi aime être en pleine nature. Seule complication : le climat. «J’aime être en extérieur même si le froid complique le travail pour moi qui viens d’un climat tropical.» Il faut dire que le début de l’automne a commencé sur les chapeaux de roues et n’a pas épargné le travail dans les vignes.
Mais ça ne l’a pas empêché de profiter. «Je reste avec le souvenir d’avoir pu rencontrer des personnes de différentes origines et faire de chouettes connaissances», livre l’étudiant. Parmi ces personnes, il y a Arnis. Ce Letton de 53 ans vit dans la région depuis 2020. Pour lui aussi, les vendanges sont marquées par la rencontre avec des personnes de tous horizons : «Sachant que les vendangeurs sont internationaux, c’est assez amusant d’apprendre quelques mots dans différentes langues et de les utiliser car ils semblent très drôles et équivoques.»
Un projet d’huile de pépins de raisin
Le domaine Kox, c’est évidemment des vins, mais c’est aussi des produits annexes. Et le dernier projet en date, c’est celui de l’huile de pépins de raisin. «L’idée, c’est d’utiliser au maximum le matériel que nous avons et de valoriser la plante dans son intégralité», explique Corinne Kox.
Pour le moment, le projet n’en est qu’à ses débuts, l’idée ayant germé au mois de mai. Ils n’en sont donc qu’à l’étude de rendement. «Nous essayons de trouver une technique pour séparer les pépins de la peau.» Ce matin-là, ils essayent une machine qui déchire le marre et une autre, une bétonneuse agrémentée d’une passoire, pour faire sortir les pépins. «Ce n’est pas hyper-efficace pour le moment…»
Une fois les pépins prélevés et séchés par le domaine, c’est Norbert Eilenbecker et sa société qui se chargeront de les sélectionner pour les transformer en huile. «Pour un litre d’huile, il faut 40 kg de pépins, ce qui demande trois jours de travail dans la vigne», précise la vigneronne.