Après une année 2020 record, la Vëlosbuttik retrouve sa vitesse de croisière. Récupérer, réparer et revendre des vélos : un concept solidaire et antigaspi qui séduit.
Les petits vélos et draisiennes colorés mis en scène dans la vitrine attirent l’œil des passants de l’avenue Charlotte à Differdange. Depuis la porte grande ouverte, on distingue qu’à l’intérieur, l’allée bordée de bicyclettes est vide : en cette semaine de réouverture après quelques jours de congés annuels, la Vëlosbuttik est plutôt calme.
Au fond, au travail dans l’atelier, le gérant Haico De Munnik apprécie cette reprise en douceur. Rien à voir avec la frénésie du début de l’été dernier : «En 2020, après le confinement, ça a été l’explosion», se souvient-il. «On n’avait jamais vu ça ! On a même dû fermer pendant trois jours pour pouvoir gérer l’afflux massif de vélos et assurer toutes les réparations.» La crise sanitaire a en effet poussé un grand nombre de Luxembourgeois à préférer la bicyclette aux transports en commun quand d’autres ont ressorti leur vélo pour profiter du grand air en famille alors que tout était fermé. Un engouement soudain qui s’est maintenu, puisque le nombre de réparations est en nette augmentation cette saison, indique le mécanicien.
Pour faire tourner la Vëlosbuttik, ils sont deux professionnels aguerris, Haico et José, aidés au fil de l’année par différents collaborateurs en réinsertion professionnelle. C’est l’autre facette de ce lieu atypique dédié à l’économie circulaire : géré par le CIGL de Differdange, l’endroit sert de tremplin aux personnes sans emploi engagées dans un programme de formation avec l’association.
En ce moment, c’est Vera qui assure l’accueil et réceptionne les appels au magasin, en attendant le prochain pic d’activité qui aura lieu au moment de la rentrée. Le gérant anticipe déjà : «Début septembre, on reçoit beaucoup de familles qui cherchent un vélo pour leur enfant afin qu’il puisse aller à l’école à bicyclette.» Et pas de doute, les petits trouveront leur bonheur parmi les dizaines de vélos d’occasion révisés et réparés mis en rayon, tandis que les parents pourront profiter d’un prix bien plus bas que dans le commerce, tout en faisant un geste pour l’environnement.
«De bonnes comme de mauvaises surprises»
«Ici, tout se réutilise, on ne perd pas une seule pièce», se félicite le mécano, qui ne sait jamais à quoi s’attendre lorsque de nouveaux dons arrive. «On a de bonnes comme de mauvaises surprises, c’est le jeu ! Il arrive que certains vélos qu’on nous apporte soient attaqués par la rouille, alors on ne peut plus rien en faire, mais c’est rare», précise-t-il. D’autres fois, lui et José n’en croient pas leurs yeux : «Il y a quelques semaines, un monsieur qui venait d’acheter deux vélos électriques nous a fait don de deux vélos, dont un quasi neuf d’une valeur de 2 500 euros. Un très beau geste», tient à souligner Haico. Celui-là est actuellement affiché à 1 200 euros dans le magasin.
Pour fixer le prix auquel revendre ces vélos de seconde main, les mécaniciens s’appuient avant tout sur leur expertise technique mais aussi leur connaissance du marché : Haico vend des vélos depuis bientôt 30 ans! Bien sûr, l’état général compte aussi. Globalement, à la Vëlosbuttik, la fourchette haute des prix pratiqués se situe ainsi autour de 500 euros, 120 euros pour un vélo enfant.
VTT, vélos de route, de ville : tous types de cycles passent par l’atelier. Seuls les vélos électriques, encore récents, se font rares : les modèles qui rejoignent parfois la boutique ne font pas long feu : «On a des listes d’attente avec les recherches de nos clients. Dès qu’on rentre un vélo électrique, il est pratiquement vendu dans la foulée», prévient le gérant. Et certains n’hésitent pas à venir de loin pour faire de bonnes affaires : Mersch, Grevenmacher, Echternach, France, Belgique ou Allemagne.
Au-delà du prix bas, c’est aussi le concept antigaspi qui plaît : les consommateurs changent leurs habitudes et sont désormais prêts à mettre les mains dans la graisse pour réparer au lieu de racheter. Ainsi, les cours particuliers dispensés le samedi matin ne désemplissent pas : «Les cyclistes viennent avec leur propre vélo et on travaille dessus. Certains ont juste besoin de savoir comment changer une chambre à air ou régler le dérailleur. D’autres veulent apprendre à enlever le pédalier et la fourche.» L’un des nombreux services proposés par la Vëlosbuttik (lire encadré).
Christelle Brucker
Les services de la Vëlosbuttik
– L’atelier récupère tout vélo enfant ou adulte que vous n’utilisez plus : dépôt au magasin (2 avenue Charlotte à Differdange) ou service de retrait gratuit à domicile. Un dépôt-vente est également proposé moyennant une commission.
– L’équipe assure les contrôles de sécurité et les réparations de votre vélo. Service payant de collecte et livraison à domicile.
– Toute l’année, la Vëlosbuttik organise des cours de vélo pour enfants et adultes : pour apprendre à pédaler ou se perfectionner en «tout-terrain», les professionnels vous guident. Comptez 7,50 euros par heure pour les enfants.
– Atelier pour réparer soi-même son vélo les samedis matin. Prix maximum : 60 euros pour trois heures.