Les livraisons pourront se faire avec un cargo-bike mis à disposition des commerçants, gratuitement, par la commune d’Esch-sur-Alzette.
Serait-ce la fin des camionnettes de livraison, qui, de bon matin, bloquent les rues d’Esch-sur-Alzette ? Pas tout à fait, mais au moins une alternative prend forme. D’ici à quelques jours, deux vélos-cargos à assistance électrique circuleront dans la Métropole du fer. Faciles à distinguer avec leur remorque aux bandes bleu jaune orange, ces «cargo bikes» seront utilisés par des commerçants eschois pour leurs livraisons.
Ce projet pilote – le premier du genre au Luxembourg – s’attaque à ce que le secteur de la logistique qualifie de casse-tête du «dernier kilomètre d’un colis ou d’une marchandise». Cette dernière étape d’un colis vers le consommateur final, lorsqu’elle a lieu en milieu urbain, implique des difficultés de stationnement et des ralentissements, et en plus, se révèle très riche en émissions de CO2.
«On veut offrir aux commerçants une alternative écologique et super pratique», a déclaré l’échevin Meris Sehovic, mardi, lors de l’inauguration du box contenant les deux vélos-cargos, rue du Brill. Non seulement livrer des clients avec le vélo-cargo représentera un gain de temps pour les commerçants, mais leur donnera aussi une image valorisante de personnes écoresponsables. D’ailleurs, ce projet a été conçu en concertation avec les commerçants, assure encore l’échevin : «Il y a eu des échanges en amont. Des fleuristes, des commerces alimentaires se sont montrés intéressés.»
Validés par les facteurs français
Entièrement gratuits, ces vélos-cargos sont stables et faciles à manier avec leurs trois roues, assure Sébastien Berthelot, CEO de Moovee, l’opérateur du service. Pas besoin de formation spécifique pour les prendre en main, tout au plus une petite démonstration, dit-il en renvoyant les personnes intéressées sur le site internet de la commune, où des vidéos sont disponibles. D’une capacité de 150 kg, ils peuvent pousser une pointe jusqu’à 25 km/h (pour aller plus vite, il faudra pédaler !) et parcourir entre 25 et 60 km avant d’être rechargés. «Ce sont des vélos professionnels, les mêmes que ceux utilisés par la poste française», précise-t-il.
Ce service est opérationnel dès aujourd’hui. Les commerçants intéressés doivent se faire enregistrer auprès de l’office de tourisme. Un badge d’accès ouvrant la porte du box de stationnement leur sera alors remis. Ils n’auront plus ensuite qu’à télécharger une application mobile sur laquelle il sera possible de voir la disponibilité en temps réel des trois-roues et d’en réserver un.
L’entretien des vélos sera effectué par un magasin local et en cas de problème, l’Automobile club Luxembourg fournira une assistance. Le coût du projet est de 75 000 euros : 40 000 euros investis dans les vélos et 35 000 euros dans l’infrastructure.
«Si la demande est là, d’autres emplacements suivront», s’enthousiasme Meris Sehovic. Il voit même encore plus loin puisqu’il envisage, après évaluation, une extension de ce service à tous les Eschois, «qui dans leur quotidien, peuvent aussi parfois avoir besoin d’un cargo bike pour faire des achats». Alors, bientôt un petit air d’Amsterdam dans la Métropole du fer?
Des fleurs à vélo
Parmi les commerçants présents lors de l’inauguration, Jo Metzler, fleuriste du centre-ville, entend bien tenter l’expérience.
«On fait beaucoup de livraisons, donc pour nous, ça peut être intéressant. Mais c’est un changement d’organisation : il faut que tout le personnel suive.» Avec le cargo bike électrique, il se voit bien contourner certaines difficultés bien connues des livreurs en camionnette : «Trouver une place, se garer, monter un bouquet au 3e sans ascenseur et pendant ce temps, on prend un PV. Avec le vélo, on se gare devant la porte et c’est réglé.»
Il est déjà monté sur l’un des deux vélos disponibles, pour tester : «C’est un peu de sport, mais tranquille. Non, c’est cool», conclut-il en souriant.