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Valérie Bodson : « Mieux vaut être seule que mal accompagnée… »


Être seule en scène, une liberté qui permet "d'avoir une communication plus intense avec le public", estime Valérie Bodson. (©CNA)

Après y avoir joué à deux reprises, Valérie Bodson revient au Fundamental Monodrama Festival, cette fois-ci en tant que metteuse en scène, avec Jackie.

À deux occasions, au Fundamental Monodrama, on l’a vue dans des rôles bien différents : en 2013 (Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne, de Jean-Luc Lagarce) puis l’année dernière (Dans les yeux du ciel, de Rachid Benzine). Seul trait commun de ses deux pièces : le fait d’être seul en scène, spécificité du rendez-vous lancé par Steve Karier il y a dix ans.

Être seule, est-ce un vrai défi de comédienne ?

Bien sûr, c’est un défi, et si la rencontre se fait avec le public, c’est un grand plaisir ! Quand on est seul, on est plus en danger, et cette part de risque implique un sens plus aigu de l’ouverture.

Être seule, est-ce plus angoissant ?

(Elle hésite) Oui. Posez la question aux comédiens, et beaucoup vous diront qu’ils ne veulent absolument pas se lancer dans l’exercice du monologue ! Et puis, c’est angoissant avant, mais aussi après : avec qui boire une bière quand on est seule ?

Être seule, est-ce être totalement libre ?

Certainement. Cette liberté de plateau permet, à mes yeux, d’avoir une communication plus intense avec le public. Après, pour certains, elle est jubilatoire, pour d’autres, angoissante. On y revient !

Être seule, est-ce que cela ouvre de nombreuses possibilités artistiques ?

En tant que metteuse en scène, oui. Il suffit de voir la programmation du Monodrama Festival depuis ses débuts pour reconnaître une approche pluridisciplinaire. Après, ça dépend aussi du texte, s’il peut être chamboulé ou non. Par exemple, ma pièce, elle, reste dans une forte théâtralité. Je n’ai pas pu lui donner un autre sens que celui voulu par l’auteur, à savoir qu’elle soit fluide, et avant tout comprise par le public.

Être seule, est-ce plus simple à produire et à exporter ?

(Elle souffle) On croirait que c’est le cas, eh bien non, pas du tout! Du point de vue du coût, c’est évidemment moins cher, mais malheureusement, ici, au Luxembourg, sans appui des institutions, le résultat est le même : c’est la galère ! Pour preuve, avec ma dernière pièce, je n’ai que la représentation au festival. C’est maigre… Et ce n’est pas un cas unique : j’ai cinq monologues à mon actif, pour sensiblement les mêmes difficultés, à moins que les personnes qui ont été chargées de les vendre ont très mal fait leur travail (elle rit).

Être seule, est-ce mieux que mal accompagnée ?

Franchement, oui. C’est exactement ce que je pense ! C’est ma définition, pour tout. Après, ça implique d’avoir confiance en soi, en ce que vous faites. On monte sur une scène en se disant :  »Je porte seule la pièce, à moi de la défendre ! »

Être seule, l’est-on vraiment ?

Non, bien sûr. Il y a un texte qui vous accompagne, un auteur, un public aussi… Il y a le metteur en scène pas loin, comme le mec qui fait les lumières, l’autre qui a fait le son. Et le public, qui, à chaque solo que j’ai pu jouer, s’est montré à la hauteur. Grandiose.

Entretien avec Grégory Cimatti


Fundamental Monodrama Festival, du 7 au 16 juin.

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