Handicapé par une première balle capricieuse, Gilles Muller n’a pas pu s’appuyer sur sa principale arme. Résultat, il n’a pas réussi à faire douter un Gaël Monfils souverain. Le Français n’a eu besoin que de 3 sets (6-4, 6-2, 7-6 (7/5)) et un peu plus de 2 heures pour l’emporter, lundi soir, à New York, au 1er tour de l’US Open.
Des trois finales disputées cette année (Rotterdam, Monte-Carlo, Washington), Gaël Monfils n’en a gagné qu’une et c’était sur le sol américain. Ce titre, le sixième de sa carrière, le Français l’a conquis après avoir écarté de sa route notamment Sam Querrey, en quarts de finale, mais aussi et surtout terrassé Ivo Karlovic. Deux victimes au profil quelque peu similaire.
Pas de quoi rassurer un Gilles Muller qui, dans notre édition de samedi, affichait respect et méfiance à l’égard du Français. «C’est sûr, ce n’est pas un tirage facile. Gaël a des qualités physiques et tennistiques incroyables», déclarait un «Mulles» bien conscient que l’actuel 12e joueur mondial n’est pas infaillible. Loin de là : «Il est irrégulier. C’est pour cela qu’il n’est pas à la place qu’il devrait être.»
Lundi soir, sur le coup de 19 h 35, polo bleu et casquette blanche vissée sur le crâne, le Luxembourgeois, faisait son entrée sur le court n° 17. Et ce avec une petite idée de la partition à jouer contre un adversaire évoluant loin derrière sa ligne de fond de court et qui est difficile à déborder. «Il apprécie qu’on joue dans sa filière, il faudra donc que je l’attaque beaucoup, que je lui mette la pression.» Seulement voilà, Gaël Monfils ne s’est pas fait prier pour annihiler ces bonnes intentions en prenant d’entrée le service d’un Gilles Muller, auteur de deux doubles fautes dans le premier jeu. Le Luxembourgeois parviendra à se reprendre en remportant un jeu blanc (2-1) mais aussi en étant à la conclusion de quelques jolis points comme après avoir remis un smash sauté de Monfils (3-2, 40-15).
La rencontre est plaisante à regarder entre deux joueurs qui comptent chacun un succès lors de leurs confrontations directes. Monfils s’est imposé en mai sur la terre battue de Monte-Carlo (7-5, 6-0), Muller l’avait remporté en 2015 sur dur au Masters 1000 de Toronto (6-3, 6-3, 7-6). De quoi donner bien des espoirs à ce dernier au moment d’aborder ce 1er tour de l’US Open. «J’ai le jeu pour l’embêter.»
Muller a une première balle de 5-5 sauvée par Monfils sur une merveille d’ace côté extérieur. Puis une deuxième. Également sauvée, mais cette fois grâce un coup droit pleine ligne. Et le dernier mot de la première manche reviendra à Monfils dont le smash lobera un Muller qui devait s’en vouloir de s’être montré aussi peu efficace comme en témoigne ses 39 % de réussite sur sa première balle.
Monfils sur sa première balle de match
Au moment d’aborder la deuxième manche, et alors que Muller s’apprête à servir, Monfils, agacé par les va-et-vient des spectateurs dans les travées, reste assis sur une chaise placée à l’ombre dans un coin du court, signalant à l’arbitre qu’il ne reprendrait place que lorsque les spectateurs en feront de même…
Cette attitude a-t-elle perturbé le Luxembourgeois? Celui-ci se fait breaker d’entrée (0-1). Contraint de courir derrière le score, Gilles Muller ne parviendra jamais à recoller et concèdera cette deuxième manche à un Gaël Monfils semble-t-il sûr de sa force mais qui ne peut que se réjouir de l’incapacité de son adversaire à faire mal sur sa première balle. Dommage car lorsque celle-ci trouve le carré de service adverse, c’est 85 % de points gagnés!
Pour la troisième fois de la rencontre, Muller se voit offrir le privilège d’ouvrir les débats. Mais cette fois, le Luxembourgeois réussit à prendre les devants (1-0). Avec une première balle retrouvée (60 %), il fait la course en tête et ne concède aucune balle de break (3-2).
À 5-5, mené 15-40 sur son service, Muller trouve les ressources pour écarter ses deux balles de break et s’offre une balle de 6-5 sur une volée maîtrisée. L’explication se fera donc au tie-break. Un tie-break âprement disputé que Muller, mené d’entrée (1-0), va ensuite mener 5-3. Mais le Français, sûr de son service, va finalement s’imposer sur sa première balle de match (7-5).
Charles Michel