Accueil | A la Une | Université : une nouvelle loi pour plus de responsabilités

Université : une nouvelle loi pour plus de responsabilités


Marc Hansen insiste: l'université va devoir prendre ses responsabilités. (Photo : Archives Editpress)

La nouvelle loi définissant le fonctionnement de l’université va lui octroyer davantage de responsabilités. À elle de les assumer au mieux, avance le ministre délégué à l’Enseignement supérieur, Marc Hansen.

Alors que les tensions sont palpables dans les hautes sphères de l’université (le conseil universitaire a rejeté vendredi le budget présenté par le rectorat), le ministre délégué Marc Hansen a présenté lundi la nouvelle loi qui va régir son organisation.

L’université grandit et se développe année après année. Mais si le nombre d’étudiants stagne depuis 2013 (autour de 6 200), c’est du côté de la recherche que l’Uni souhaite faire la différence. «L’augmentation du budget n’est pas liée au nombre d’étudiants, indique Marc Hansen. Beaucoup d’efforts sont faits dans les domaines de la recherche et ceux-ci ont des répercussions importantes sur le financement de l’université.»

Effectivement, l’État la finançait à hauteur de 44 millions d’euros il y a dix ans et le pays débourse désormais 158 millions d’euros par an. Dans le même temps, le personnel de l’institution a été pratiquement multiplié par quatre (de 450 à 1 600 personnes : administratifs, enseignants et chercheurs). «Jusqu’ici, la loi promulguée à la création de l’université en 2013 était toujours en vigueur, explique Marc Hansen. Il était temps de l’adapter aux nouvelles réalités.» Et le fait est que l’actualité récente a laissé pas mal d’observateurs perplexes.

Les classements internationaux ont déjà pointé les déficits au niveau du fonctionnement interne. «Dans un classement européen, l’Uni est même 29e sur 29 en termes d’autonomie organisationnelle», souligne le ministre délégué. Mais vendredi, le conseil universitaire – un organe consultatif – a même marqué son désaccord profond avec le rectorat en refusant de donner son aval au budget 2017. Un acte fort, même si dénué de pouvoir coercitif, puisque le conseil de gouvernance a finalement approuvé le budget, samedi.

Paradoxalement, c’est dans ce climat délétère marqué par une vraie défiance que le gouvernement s’apprête à octroyer davantage d’autonomie à l’université. «Le projet de loi qui sera déposé avant les vacances de Pâques garde beaucoup d’éléments de 2003, mais il fallait le faire évoluer pour permettre à l’Uni de franchir les prochaines étapes», justifie Marc Hansen.

Le recteur ne sera plus nommé par l’État

Le changement majeur concerne la désignation du recteur. Jusqu’ici, celui-ci était nommé par le gouvernement. Désormais, ce sera au conseil de gouvernance de nommer le recteur, mais aussi le vice-recteur et le doyen. «Le gouvernement n’aura plus rien à voir là-dedans», a assuré Marc Hansen. Autre détail – qui n’en est pas un –, le directeur administratif et financier va quitter le rectorat et gagnera ainsi en indépendance, «ce sera une entité à part». Le conseil de gouvernance passera de sept à neuf membres. Il comptera un vice-président et un observateur, qui pourra être un représentant des étudiants. Cinq de ses membres devront venir du monde académique.

La nouvelle loi compte également renforcer le conseil universitaire, même si ces avis resteront consultatifs. «De manière cocasse, le président du conseil universitaire était jusque-là le recteur, glisse Marc Hansen. Désormais, les membres du rectorat n’auront plus qu’une voix consultative.» Répondant là aussi à la nécessité d’intégrer les étudiants dans les organes de l’université, ils seront 6 à y siéger (sur 21 membres).

Une délégation étudiante devra également être mise sur pied. La représentativité des facultés dépendra du nombre d’inscrits. Il s’agit d’un défi, les étudiants n’ayant jusque-là pas fait preuve d’un enthousiasme débordant pour s’organiser. «L’autonomie, ce n’est pas du papier, c’est davantage de responsabilités à assumer», a martelé le ministre délégué. À l’université de prouver que désormais, à l’âge de 14 ans, elle est capable de s’émanciper.

Erwan Nonet