Selon le syndicat SEW/OGBL, la situation financière de l’université du Luxembourg ne justifie pas un plan d’économies de 20 millions d’euros tel qu’envisagé par le cabinet de conseil McKinsey.
La démission du recteur Rainer Klump, mardi 2 mai, après deux années de mandat, révèle l’ampleur de la crise interne qui frappe l’université du Luxembourg et qui se cristallise dans les discussions budgétaires.
Le SEW/OGBL, « seul syndicat représenté au sein de la délégation du personnel de l’université », estime que Rainer Klump ne doit pas être tenu à tort comme « bouc émissaire ». « Le recteur démissionnaire n’a joué qu’une partie limitée dans les évolutions qui ont mené à la situation actuelle », écrit le syndicat dans un communiqué diffusé ce lundi.
L’OGBL voit deux explications à la crise que traverse l’Uni : « le surpoids des milieux patronaux » au sein du conseil de gouvernance (qui aurait abouti à une « approche utilitariste » de l’université), ainsi que des « lacunes » en matière de transparence et de dialogue social.
« Où est le déficit ? »
Le syndicat déplore ainsi que que le conseil de gouvernance ait refusé d’adopter la première ébauche de budget 2017 préparée par le rectorat, pour ensuite charger le cabinet de conseil McKinsey d’identifier des pistes d’économies. Selon l’OGBL, Rainer Klump aurait ainsi été « remplacé » par ce cabinet habitué aux « restructurations dans le secteur privé ».
L’OGBL conteste ainsi « le prétendu trou de 26,9 millions d’euros » avancé par McKinsey. Selon le syndicat, l’exercice 2016 a été clôturé sur un excédent de plus de 2,7 millions d’euros, tandis que le budget 2017 « est en équilibre » et que l’université « dispose au 1er avril 2017 de réserves de plus de 17 millions ». « Où est le déficit? », questionne l’OGBL. « En fin de compte, les 26,9 millions d’euros se réfèrent à la différence entre l’augmentation espérée de la dotation budgétaire de l’Etat par rapport à la dotation réelle, pas à une situation de déficit. »
« Du jamais vu dans l’histoire de l’université »
Le syndicat doute ainsi de la nécessité du plan de 19,7 millions d’économies proposé par le cabinet McKinsey. « Le gros des économies serait fait sur la masse salariale: pas moins de 5,6 millions d’euros, principalement par un gel de recrutements, le non-renouvellement de CDD et la suspension du versement de toute prime non-contractuelle. C’est du jamais vu dans l’histoire de l’Université », déplore l’OGBL.
Le syndicat fustige par ailleurs des propositions symboliques à savoir « introduire une participation des salariés aux frais de… café, à hauteur de 40 centimes par tasse, de limiter le nombre de fois que les bureaux sont nettoyés, ou encore de fermer l’Université pendant trois semaines par an ». Autant de mesures qui « donnent l’image d’une université proche de la faillite » et qui risquent de détériorer ses « capacités de développement futur ».
L’OGBL remet en cause l’utilité de telles coupes franches : « Est-ce que la situation financière de l’université est véritablement dans un état si catastrophique, alors que le gouvernement continue d’afficher son niveau élevé d’investissements dans l’enseignement supérieur et la recherche et s’est engagé pour une augmentation de ce budget pour les années à venir? »
Licenciements : « une ligne rouge à ne pas franchir »
Pour l’OBGL, il n’est en tout cas pas question de toucher à l’accord d’établissement signé avec l’université, ni aux emplois en place, ni au système de rémunération actuellement en vigueur. « Des licenciements dans l’établissement public qu’est l’université sont clairement pour nous une ligne rouge à ne pas franchir. »
Le syndicat plaide enfin pour une meilleure communication en interne, ainsi que pour l’inclusion des représentants du personnel (avec voix délibérative) dans le conseil de gouvernance. « Vu la situation actuelle, le remplacement du système actuel de rémunération par un système de rémunération basée principalement sur la performance individuelle, qui est préconisé par le rectorat, devrait être définitivement abandonné », conclut l’OGBL.
Le Quotidien