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Une stratégie ambitieuse pour promouvoir l’IA


De g. à d. : Elisabeth Margue, Stéphanie Obertin et Lex Delles mènent, avec leurs ministères respectifs, une stratégie nationale en faveur de l’IA.

Les ministres Elisabeth Margue, Stéphanie Obertin et Lex Delles ont présenté ce lundi une stratégie nationale afin de développer l’usage de l’IA, tout en assurant une souveraineté numérique.

À l’heure où l’Union européenne jure par le réarmement afin de devenir maître de sa défense militaire, une autre souveraineté se joue en coulisses : celle du numérique. Pour l’instant, le Vieux Continent dépend des géants américains et chinois qui dominent outrageusement ce milieu, dont la gestion des moteurs d’intelligence artificielle (IA).

Pour le Grand-Duché, à l’instar des 27 États membres de l’UE, le temps presse afin de se libérer de cette hégémonie tant l’IA gagne de l’importance à tous les étages de la société. Pour y parvenir, les ministres Elisabeth Margue, Stéphanie Obertin et Lex Delles ont présenté hier une stratégie nationale conjointe de leurs trois ministères intitulée «Accélérer la souveraineté numérique 2030».

Afin d’être à la pointe et d’atteindre une souveraineté numérique dans cinq ans, le gouvernement compte sur une enveloppe de 3 milliards d’euros histoire de maîtriser trois piliers : l’IA, les données et les technologies quantiques. Pour Elisabeth Margue, ministre chargée des Médias et de la Connectivité, l’enjeu autour de l’IA est évident : «Le but, c’est la diffusion de l’intelligence artificielle au bénéfice des personnes et des entreprises.»

«Que les gens sachent l’utiliser»

Bien que le grand public associe principalement l’IA à ChatGPT, «ce n’est pas que l’intelligence artificielle générative qui permet de générer des contenus, c’est aussi la valorisation des données». La ministre cite notamment l’usage possible en médecine «afin de prévenir des maladies» ou dans les domaines de la finance et de l’administratif.

Forcément, la popularisation de l’IA passera alors par «un grand volet de formation» afin «que les gens sachent l’utiliser de façon intelligente». En amont, quelques ajustements sur le plan légal sont également nécessaires, le plus notable étant le projet de loi 8476 qui vise l’application de certaines dispositions du règlement européen sur l’intelligence artificielle (Al Act) dans la loi luxembourgeoise.

In fine, l’objectif de la stratégie pour la souveraineté est de promouvoir l’innovation autour de l’IA et cette dernière «ne pourra que travailler si l’on dispose de données structurées et sécurisées», explique Stéphanie Obertin, ministre de la Digitalisation. Le Grand-Duché se doit alors de protéger au mieux ses données, «la matière première des nouvelles technologies», des failles ou des cyberattaques.

C’est dans ce sens que la ministre a déposé en juin dernier le projet de loi 8395 B. Actuellement en commission, «le projet de loi permet de définir comment partager les données à l’intérieur du secteur privé mais aussi avec le secteur public». En résumé, l’accès aux données dont dispose une administration ou un ministère sera autorisé, ou non, par une autorité en fonction du motif d’utilisation (recherche, intérêt public, vente).

La technologique quantique arrive

La sécurité dans les communications entre les institutions sensibles promet également d’être renforcée grâce à la technologie quantique, le troisième volet du plan présenté par Lex Delles. «Aujourd’hui, on parle de quelque chose qui est très mystérieux, avoue le ministre. Mais c’est justement la technologie de l’avenir.»

Encore émergente, l’information quantique permet aux ordinateurs capables de traiter et calculer d’énormes quantités de données. De quoi favoriser l’utilisation de l’IA puisque «demain, les entreprises ne pourront plus se concentrer uniquement sur la récolte de données mais aussi sur l’utilisation et le stockage».

Bien que «ce ne soit pas la semaine prochaine que les entreprises utiliseront l’ordinateur quantique», Lex Delles estime que l’installation d’un ordinateur quantique MeluXina-Q à Bissen est primordiale, car «si nous ne sommes pas dans les premiers à bouger alors, demain, nous n’aurons pas cette expertise».

Cet investissement permettra de regrouper sur un même site les trois équipements clés du Grand-Duché pour sa souveraineté numérique. Sur place se trouve déjà MeluXina, le premier ordinateur supercalculateur luxembourgeois, et d’ici la seconde moitié de 2026 sera opérationnel MeluXina-AI, un autre superordinateur optimisé pour l’IA.

Fort de ces outils et d’une politique en faveur de l’IA, le Luxembourg cherche à devenir une place forte du numérique et reconnue à l’international, car l’objectif est de «pouvoir donner cette résilience et tous ces moyens à nos entreprises luxembourgeoises et européennes».