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Une soixantaine de navires partis vers Gaza


Les bateaux sont partis après 15 h de Barcelone. (photo AFP)

La «Global Sumud Flotilla» espère arriver mi-septembre à Gaza pour apporter une aide humanitaire. Trois Luxembourgeois font partie de cette initiative.

Peu avant leur départ ce dimanche vers Gaza, les organisateurs de la flottille internationale baptisée Global Sumud Flotilla, menée notamment par Greta Thunberg, ont rappelé à Barcelone l’intérêt de ce mouvement. Dénonçant un «génocide en cours» et l’inaction des gouvernements, une soixantaine de bateaux appareilleront dans l’après-midi depuis Barcelone pour tenter de briser le blocus de Gaza et livrer une aide humanitaire.

L’initiative, qui bénéficie aussi d’un large soutien associatif se veut la plus vaste mission de solidarité jamais organisée, avec le renfort attendu de dizaines de bateaux supplémentaires depuis la Tunisie et d’autres ports méditerranéens.

C’est d’ailleurs depuis Tunis que trois résidents luxembourgeois représentant le Global Movement to Gaza, embarqueront le 4 septembre sur différents navires. Ils sont soutenus par des ONG locales comme Amnesty International Luxembourg, Greenpeace, Action Solidarité Tiers Monde et le Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient.

Deux avocates et un informaticien

Qui sont ces Luxembourgeois ? La première, Maya Garman, est une avocate franco-syrienne installée au Luxembourg depuis dix ans, qui a enseigné la rhétorique juridique à l’Uni. Militante de longue date pour les droits du peuple palestinien, elle dit vouloir «aider, apporter une assistance» face au blocus de Gaza. Le deuxième est Abdessamad Taqui, père de famille et analyste logiciel, qui vit au Luxembourg depuis près de vingt ans. Il embarque «en tant que citoyen engagé» pour «briser le blocus, apporter une aide alimentaire et témoigner de la solidarité» envers les Palestiniens.

Tous deux ont déjà participé à la marche mondiale pour Gaza en juin. Enfin, Nora Rosa Fellens Huberty, avocate luxembourgeoise, s’est engagée dès 2017 auprès de personnes exilées en Grèce, à Calais et à Bruxelles, notamment sur des bateaux de sauvetage en mer. Elle rejoint la flottille pour «briser le blocus, amener de l’aide humanitaire et maximiser la pression pour faire cesser le génocide». Leur arrivée à Gaza est prévue autour des 11-12 septembre.

Avant leur départ, ils auront suivi des formations pour savoir comment réagir en cas de panne ou si les soldats israéliens montaient à bord pour les arrêter. «Difficile de prédire ce qui va se passer», soupire Patrick Bosch, porte-parole du Global Movement to Gaza Luxembourg. Ces derniers mois, Israël «a intercepté et pratiqué un renvoi forcé» des bateaux humanitaires, rappelle-t-il. Des actes qui pour lui ne sont que de purs et simples «actes de piratage dans les eaux internationales».

Face à ce que subissent les Gazaouis, Patrick Bosch estime que «nos gouvernements ont failli à leurs obligations» : «nos gouvernements, notre gouvernement, sont signataires de nombreuses conventions internationales les obligeant à sanctionner et à intervenir de manière proactive. Ce n’est pas un choix politique. C’est une obligation», martèle-t-il.

L’ONU a déclaré la semaine dernière qu’un état de famine régnait dans la bande de Gaza, déjà dévastée par la guerre, après que ses experts ont averti que 500 000 personnes se trouvaient dans une situation «catastrophique». Pour Patrick Bosch, les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, qui avait fait part de son «inquiétude» sur ce qui se déroule à Gaza, sont «une non-assistance à personne en danger». «Cette flottille, résume-t-il, c’est une action de la société civile pour la société civile».

L’attaque du groupe islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a causé la mort de 1 219 personnes, pour la plupart des civils. Les représailles israéliennes à Gaza ont tué 63 371 personnes, elles aussi en grande majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza – sous l’autorité du Hamas –, que l’ONU considère comme fiables.

L’acteur Liam Cunningham. Photo : capture d’écran

«Des enfants organisent leurs propres funérailles»

Lors de la conférence de presse avant le départ de Barcelone, l’acteur irlandais Liam Cunningham – connu pour son rôle de Davos Mervault dans Game of Thrones – a pris la parole pour rappeler que la guerre à Gaza ne peut pas se réduire à des statistiques ni à des résolutions onusiennes. Il a diffusé un enregistrement du chant cristallin de Fatima, une fillette de Gaza : «Fatima chante ce morceau parce qu’elle prépare ses propres funérailles. Elle veut que ce chant soit interprété le jour de sa mort. Qu’est-ce que c’est pour un monde quand des enfants de cinq ou six ans organisent leurs propres funérailles?», dit-il la gorge serrée. Et de poursuivre en soulignant l’horreur d’un tel basculement moral : «Comment allons-nous regarder nos petits-enfants quand ils nous demanderont comment nous avons pu laisser faire cela?», demande-t-il avant de terminer par une conclusion glaçante. Fatima a été tuée quelques jours plus tôt dans une frappe israélienne. «Quelqu’un chantera ce morceau au-dessus du corps de cette enfant», glisse-t-il.