Le titre Orpea dévissait de 13% mercredi après-midi à la Bourse de Paris, plombé par des révélations de Mediapart selon lesquelles le groupe privé de maisons de retraite est menacé d’un « scandale financier » à cause d’une société luxembourgeoise qui investissait dans ses résidences et qui aurait procédé à des « opérations douteuses ».
Selon Mediapart et le collectif de journalistes Investigate Europe, la holding luxembourgeoise Lipany, créée en 2007, a « accumulé 92 millions d’actifs », « principalement des parts dans de nombreux Ehpad et cliniques gérés par Orpea » dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, et « mené des opérations financières douteuses ».
Lipany appartient, selon Mediapart, à Roberto Tribuno, un comptable et conseiller fiscal qui a été le patron d’Orpea en Italie. Cette holding « ne fait presque aucun bénéfice et n’a jamais distribué de dividendes », ses activités sont « entièrement financées par la dette », de manière « pour le moins opaque », affirme le média d’investigation.
Dans un bref communiqué, la direction d’Orpea a indiqué ne pas pouvoir faire de commentaire, « la justice étant saisie » : l’entreprise rappelle qu’elle a récemment déposé plainte contre X pour abus de biens sociaux, auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Soucieuse de « faire toute la lumière sur les accusations portées contre le groupe » depuis la parution du livre-enquête « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet, la direction dit avoir « décelé des faits potentiellement délictueux, qui mettent en cause des comportements individuels ».
Orpea souligne également avoir pris « de premières mesures disciplinaires, plusieurs personnes ayant déjà quitté l’entreprise ». Le groupe évoque nommément le cas de l’ancien directeur financier Sébastien Mesnard, qui selon Mediapart était en « étroite coopération » avec Lipany.
« Sébastien Mesnard ne travaille plus pour la société et n’a plus d’accès à sa messagerie », a affirmé la direction dans son communiqué. « Nous poursuivons nos investigations et nous prendrons toutes les mesures et sanctions qui s’avèreront nécessaires », a-t-elle ajouté, rappelant que « ces faits ne concernent en rien l’accueil et les soins des résidents ».
Sous le feu des critiques depuis la publication fin janvier des « Fossoyeurs », Orpea fait également l’objet d’une enquête ouverte à Nanterre, fin avril, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d’infractions financières.
D’autres investigations sont en cours depuis février, pour « faux et usage de faux et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée ».
Depuis le début du scandale, le 24 janvier, le cours d’Orpea a fondu d’environ 64%. À 15h25, dans un marché en recul de 0,81%, l’action plongeait de 13,05% à 29,26 euros.