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Une reprise économique timide, le marché de l’emploi toujours en recul


Le chômage pourrait encore augmenter ces prochains mois, et atteindre 5,9% en 2025 selon l’institut.

Si l’activité économique a repris des couleurs, la croissance devrait rester modeste cette année (+1,5%) avant de se renforcer l’an prochain. Le Statec prévoit toujours un index fin 2024, et un autre fin 2025.

Le Statec a présenté hier sa note de conjoncture pour le début de l’année. Ces derniers mois ont vu l’activité se redresser en zone euro comme au Luxembourg, un mouvement qui semble se prolonger au cours du 2e trimestre.

La croissance attendue ne devrait pas dépasser +1,5% sur l’ensemble de 2024, avant de se renforcer autour des 3% en 2025, a résumé le directeur Serge Allegrezza.

Dans le détail, en zone euro, après le calme plat de 2023, l’activité se redresse doucement, et un début d’amélioration est perçu. Idem pour le Grand-Duché, après deux années difficiles qui ont vu chuter les crédits, les investissements dans les fonds, l’activité et la productivité du travail.

Ce rebond observé au premier trimestre est généralisé, et profite au secteur financier, où la valeur ajoutée était orientée à la baisse en 2022 et 2023.

La confiance remonte

Et d’après l’économiste Bastien Larue, ça va se poursuivre : «On observe une remontée de la confiance des entreprises et des consommateurs, avec de bonnes tendances, même si on se trouve encore sous les moyennes historiques.

Cela bénéficie notamment au commerce de détail et aux services non financiers, alors que la construction reste déprimée», remarque-t-il. «La perspective d’une baisse des taux d’intérêt devrait redynamiser progressivement la demande, mais cela prendra du temps pour revenir au niveau d’activité antérieur.»

L’inflation reflue, mais des tensions persistent. En clair, les prix ne baissent pas encore, mais n’augmentent plus. Le secteur des services, en particulier, où les prix sont fortement liés au niveau des salaires, constitue le gros de l’inflation.

La masse salariale, qui a bondi ces deux dernières années au fil des index successifs, devrait se stabiliser à l’aune de la réduction des cotisations patronales en compensation de la 3e tranche indiciaire de 2023.

Le marché du travail tourne au ralenti

Une bonne nouvelle, après une nette dégradation de la compétitivité : «Au Luxembourg, ce que coûte un employé par rapport à ce qu’il rapporte, a sensiblement augmenté», poursuit Bastien Larue.

Ce qui a des conséquences sur le marché du travail : les créations d’emplois se sont tassées au premier trimestre. Un ralentissement observé dans de nombreuses branches, allant jusqu’à des pertes d’emplois dans la construction et l’industrie. «Et ça va se prolonger», glisse l’économiste.

Si, en zone euro, la croissance de l’emploi est suffisante pour stabiliser le taux de chômage à son plus bas historique (6,5% de la population active), au Luxembourg, les dynamiques démographiques et migratoires ont fait grimper le chômage en 2023.

Un phénomène d’inactivité

Paradoxalement, il s’est stabilisé à 5,6% depuis décembre, alors que l’emploi continue à perdre son élan. «Le phénomène de l’inactivité pourrait expliquer ça. Il s’agit de personnes qui ne sont plus en emploi, mais qu’on ne retrouve pas pour autant inscrits comme demandeurs d’emploi», éclaire Tom Haas, spécialisé en modélisation et en prévision au Statec.

Il anticipe un ralentissement global du marché de l’emploi, ce qui est loin d’être habituel pour le Luxembourg, avec un taux de chômage qui continuerait d’augmenter. Le Statec table sur un taux de chômage à 5,8% en moyenne cette année et à 5,9% pour 2025.

Le scénario central privilégié projette également des prix de l’énergie qui contribueront de nouveau à l’inflation en 2025, estimée à 2,6%. Deux tranches indiciaires sont ainsi attendues : l’une au quatrième trimestre 2024 et l’autre un an plus tard.

«Malgré un ralentissement de l’échelle mobile des salaires, le revenu disponible réel, lui, stagnerait, favorisé par la mesure d’adaptation du barème de l’imposition sur le revenu des ménages», précise Tom Haas.