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La publicité de la Chambre des métiers jugée sexiste va devoir être retirée


La campagne publicitaire de la Chambre des métiers pour son brevet de maîtrise n’a pas plu au CNFL. (photo Chambre des métiers)

Pour promouvoir l’une des formations qu’elle dispense, la Chambre des métiers a créé un visuel que le Conseil national des femmes du Luxembourg a jugé sexiste mardi. Un avis que partage désormais la Commission luxembourgeoise pour l’éthique en publicité (CLEP) qui demande le retrait de cette campagne.

La photographie date de juin 2022, mais c’est pourtant ce mardi qu’elle a fait réagir le Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL). Sur le site internet de la Chambre des métiers, sous l’onglet formations, là où est détaillé l’enseignement dispensé pour obtenir le brevet de maîtrise, l’image apparaît, défilant parmi d’autres. Sur un fond gris, deux femmes et trois hommes, capuche sur la tête, sont revêtus d’une combinaison rouge, une allusion à La casa de papel, une série télévisée espagnole à succès. Chacune des personnes tient dans sa main un ustensile symbolisant un métier différent.

Après avoir regardé plus attentivement cette publicité, le CNFL, irrité, s’est fendu d’un communiqué de presse attirant l’attention du gouvernement sur «une possible plainte à introduire auprès du Centre pour l’égalité de traitement et la Commission luxembourgeoise pour l’éthique en publicité». «C’est une dame qui m’a interpellée au sujet de cette image, je ne l’avais pas vue», confie Claudine Speltz, présidente du CNFL, jointe par téléphone.

L’objet de la discorde? Des objets justement. Ceux empoignés par les personnages de la photographie : un fouet de cuisine dans la main de l’une des femmes et un sèche-cheveux dans celle de la seconde, tandis que les hommes sont les fiers détenteurs d’une tablette tactile, d’un marteau et d’une clé à molettes.

Ce qui fait dire au CNFL qu’il s’agit d’une publicité «qui renforce des stéréotypes sexistes, soulève des questions sur les types de représentations auxquelles les futures générations sont exposées et sur la manière de leur offrir de meilleures représentations non stéréotypées». «Ils auraient pu mettre le garçon tenant un sèche-cheveux, une fille avec le fouet ou un garçon avec un iPad, une fille avec des outils. Vous comprenez? Mais là…», soupire Claudine Speltz.

«À mon avis, c’est une maladresse»

Interrogé sur la question, le Centre d’égalité de traitement (CET), qui n’avait pas encore analysé cette publicité, a rappelé que «les stéréotypes peuvent amener une personne à penser qu’elle ne peut pas exercer un métier parce qu’elle pense, entre autres par le biais de publicités, qu’il s’agit d’un métier pour des personnes d’un autre sexe».

La Chambre des métiers n’a pas tardé à réagir, là aussi par voie de communiqué : «La campagne en faveur du brevet de maîtrise met en valeur les métiers et non pas les personnes», a rétorqué l’institution. «Ces dernières sont vêtues de manière uniforme (…) et restent ainsi anonymes dans une perspective de valoriser le message de communauté et de motivation pour le progrès professionnel», s’est-elle encore justifiée, concluant que «le but de la campagne publicitaire est ainsi de représenter les principaux métiers artisanaux par divers outils traditionnels utilisés dans le quotidien des maîtres artisans».

«À mon avis, c’est une maladresse, parce que je connais bien la Chambre des métiers qui nous a accueillies à bras ouverts lorsque nous étions les premières femmes à créer une fédération des cheffes d’entreprise», a tenu à tempérer Claudine Speltz. Mais alors comment faire pour «déconstruire les stéréotypes plutôt que de les renforcer», comme l’appelle de ses vœux le CET, d’autant plus que «les stéréotypes et les discriminations sont étroitement liés»?

«Il faudrait que dans les entreprises, avant qu’un document ne sorte, une personne le contrôle et se demande s’il est éthique par rapport à la réglementation en vigueur et par rapport au rôle des uns et des autres dans la société», suggère la présidente du CNFL. «Au Luxembourg, nous avons la chance d’être très avancés sur le plan législatif, se réjouit-elle, mais avant qu’une loi ne rentre dans les mœurs, dans la culture, ça prend beaucoup de temps.» Peut-être moins que prévu : passée inaperçue en 2022, cette publicité interpelle en 2024.

MISE À JOUR 

Le lendemain de cette prise de position du CNFL, la Commission luxembourgeoise pour l’éthique en publicité (CLEP) indiquait par voie de communiqué «partager (son) avis».

Après avoir rappelé que «la publicité doit éviter toute entrave à l’égalité des sexes en tenant compte de l’évolution de l’environnement social et des relations humaines ainsi que de la diversité des rôles assumés par les deux sexes», la CLEP considère «que la campagne en question ne respecte pas cette exigence».

Selon elle, «les stéréotypes et rôles genrés illustrés dans la campagne contribuent à la discrimination et aux inégalités entre les sexes». C’est pourquoi, elle invite la Chambre des métiers «à retirer la publicité concernée».

La CLEP est un organe consultatif dont la mission consiste à faire observer la déontologie selon les principes généraux du Code consolidé sur les pratiques de publicité et de la communication de marketing de la Chambre de commerce internationale.

2 plusieurs commentaires

  1. ALAIN SCHREURS

    Comme si on était revenu à l’époque de l’Inquisition. Il me semble qu’on veut absolument découvrir le prétendu mal et appeler l’Inquisiteur à la rescousse.

    • Quand meme une aubaine pour la chambre des metiers et le createur de la pub…car la photo sans doute vue par un nombre tres reduit de personne surfant sur le site de la Chambre vient de connaitre une diffusion considerable

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