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«Une pride historique» : à Budapest, l’UE a défilé pour défendre les valeurs démocratiques


Marc Angel et Tilly Metz ont participé à la Budapest Pride pour rappeler l’importance de défendre les droits humains et montrer la solidarité de l’UE aux responsables politiques hongrois.

Les eurodéputés luxembourgeois Tilly Metz et Marc Angel étaient présents à la marche des fiertés de Budapest. Ils racontent leur expérience.

C’est une Pride que l’on peut qualifier d’historique. La marche des fiertés de Budapest a non seulement permis de défendre les droits de la communauté LGBTIQ+, mais elle a aussi pris des airs de parade anti-Orban. Le Premier ministre hongrois avait en effet adopté une loi offrant une base légale à la police pour interdire les marches LGBTIQ+, en invoquant la protection des enfants. La police hongroise n’avait alors pas tardé à annoncer l’interdiction de la marche. Mais le maire de la ville, Gergely Karacsony, avait décidé de maintenir la manifestation malgré tout. Résultat : 200 000 personnes sont venues égayer les rues de la capitale des couleurs de l’arc-en-ciel.

En parallèle, cette interdiction avait placé la capitale hongroise au cœur de l’attention de l’Europe, amenant ainsi 70 eurodéputés à y participer. Et ce, malgré les menaces de poursuites du gouvernement hongrois. Les eurodéputés luxembourgeois Tilly Metz (Verts/ALE) et Marc Angel (S&D) étaient aussi de la partie. «C’est le moins que l’on puisse faire que d’aller sur le terrain», estime Tilly Metz. Celle qui a gardé un côté activiste voulait se retrouver au milieu de la foule pour échanger avec les participants de la marche. De son côté, Marc Angel travaille beaucoup sur cette thématique. Y aller était pour lui une façon de rappeler que les droits LGBTIQ+ sont des «droits humains» et non pas de la «propagande», comme l’affirme Orban. «J’y suis aussi allé pour montrer ma solidarité et mon soutien aux politiciens et maires hongrois», raconte-t-il.

Pour les deux eurodéputés, il était important que l’UE se montre à cette marche. «L’interdiction même de la Pride est surréaliste par rapport aux valeurs défendues par l’UE», appuie Tilly Metz. De nombreux responsables politiques venus d’Europe étaient présents. Et les drapeaux bleus aux douze étoiles d’or flottaient même au milieu des drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel. «Cette solidarité européenne prouve que les droits des personnes LGBTIQ+ sont une question européenne. Les attaquer, cela revient à attaquer nos valeurs», ajoute Marc Angel. «Si nous ne nous étions pas mobilisés, Orban aurait pu inspirer d’autres dirigeants d’extrême droite à faire de même.» La Budapest Pride n’était donc pas qu’une marche des fiertés LGBTIQ+, mais aussi une marche pour défendre les «droits humains fondamentaux» et les «valeurs démocratiques».

Une masse de monde inattendue

Mais avant la Pride, les craintes étaient tout de même présentes : «C’était la première fois que nous recevions un briefing de sécurité pour un tel évènement… Habituellement, nous en recevons un lorsque nous allons dans un pays en crise», dit Marc Angel. Numéro de téléphone écrit sur le bras, interdiction de parler aux groupuscules d’extrême droite ou encore nécessité de garder le contact via Bluetooth… Les consignes de sécurité étaient nombreuses. Pour cause : la police hongroise avait autorisé quatre mouvements d’extrême droite à manifester en même temps que la marche. «C’est surtout ça que je craignais, pas vraiment la police», souffle Tilly Metz. Mais fort heureusement, plus de peur que de mal : «Leurs rassemblements étaient assez minimes finalement», relate Marc Angel.

Et surtout, la mobilisation en nombre des participants de la Budapest Pride avait de quoi rassurer. «Une fois que nous y étions, que nous avons vu la masse de personne, la peur a disparu.» Les députés et ambassadeurs européens ne s’attendaient qu’à 30 000 participants, comme aux dernières marches des fiertés du pays, et ils s’attendaient même à devoir mener la marche. «Au final, plein de personnes courageuses, de tout âge et de tout horizon, sont venues marcher malgré l’interdiction… C’est la preuve que l’amour est plus fort que la haine», se réjouit Tilly Metz, l’émotion encore présente dans la voix. L’atmosphère à Budapest était à la joie et à la bienveillance, malgré la chaleur assommante et l’attente. «Les participants ne se sont pas laissé intimider. Les boulevards, pourtant énormes, étaient noirs de monde. J’en ai encore des frissons», sourit Marc Angel.

Certains avancent même que cette marche a été la plus grande manifestation de l’histoire de la Hongrie. Et s’ajoutait à ce succès une portée symbolique : c’est un 28 juin, en 1991, que les dernières troupes soviétiques ont quitté le pays. «C’est une Pride historique qui a fait de Budapest une capitale de la défense de la tolérance… Et c’est aussi une défaite historique pour Orban», termine Tilly Metz.

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