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Une porte pour l’énergie nucléaire reste entrouverte 


Le souhait de David Wagner (déi Lénk) d’obtenir une réponse «sans ambiguïté » sur la politique nucléaire du gouvernement n’a pas été clairement exaucé.

Le CSV et l’ADR défendent le maintien de l’investissement dans la recherche sur l’énergie nucléaire. Le DP tergiverse, tandis que le veto des autres partis à cette «technologie du passé» est catégorique.

«Est-ce que sous ce gouvernement Frieden-Bettel il y a un revirement de la politique nucléaire luxembourgeoise ?», s’interroge David Wagner, député de déi Lénk, en ouverture d’un débat, mardi à la Chambre.

Il reproche au Premier ministre d’avoir qualifié l’«énergie atomique comme une technologie du futur, qui mérite le maintien d’un soutien financier public». Et, en effet, le CSV – sans nier le besoin d’investir dans les renouvelables – estime que «l’énergie nucléaire va aussi à l’avenir faire partie intégrante du mix électrique».

«Au vu de cette réalité, il nous importe de continuer à investir dans la recherche sur des concepts de gestion des déchets nucléaires et dans la fusion nucléaire. Il ne serait pas responsable de se mettre la tête dans le sable», reprend le député chrétien-social Jeff Boonen.

Le souhait d’obtenir une réponse «sans ambiguïté» à la question initiale de David Wagner n’a toutefois pas été clairement exaucé. Est notamment en cause le positionnement du DP, partenaire de coalition du CSV.

«On dit clairement non à l’énergie nucléaire et clairement oui aux énergies renouvelables. Elles constituent la seule alternative pour atteindre la neutralité climatique», clame Luc Emering.

Le compromis trouvé est finalement résumé dans une motion qui appelle le gouvernement à «soutenir, en matière d’énergie nucléaire, les investissements dans la recherche de la sûreté des réacteurs existants et dans la gestion sûre des déchets radioactifs», sans toutefois négliger «les développements en matière nucléaire dans nos pays voisins, en Europe et au niveau international».

Malgré un texte jugé «totalement flou», le LSAP a finalement supporté cette motion. Auparavant, Georges Engel avait pourtant estimé que «tout investissement supplémentaire dans l’énergie nucléaire est irresponsable. Les milliards d’euros investis vont directement dans les poches de lobbyistes. Cet argent du contribuable manque au développement de l’énergie renouvelable».

Le soutien s’explique notamment par le fait que la même motion invite le gouvernement à «continuer ses efforts pour aboutir à une fermeture définitive des centrales nucléaires de Cattenom, Doel et Tihange».

«Il faut accepter et respecter leur choix»

«Il est difficile de rester crédible si le Premier ministre clame en Europe que l’énergie nucléaire est une technologie d’avenir, mais qu’il qualifie, en même temps, le nucléaire comme une menace existentielle pour le Luxembourg», renchérit David Wagner.

Luc Frieden renvoie vers «le fait que bon nombre de pays européens, y compris nos voisins directs, misent sur d’autres moyens pour réussir leur transition écologique. Le gouvernement doit accepter et respecter leur choix».

Le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), plaide dans le même sens. «Un pays qui importe 84 % de son énergie se doit de rester prudent sur ce qu’il reproche à d’autres pays. Nous ne pouvons pas leur imposer le choix de leur mix énergétique.»

L’ADR applaudit tout en rappelant que «les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, le Japon, la Suède, la Finlande, la Pologne ou la République tchèque, tous ces pays, avec leurs milliers d’experts, ont pris l’engagement de tripler leur production d’énergie nucléaire. Mais un petit pays, le Luxembourg, pense tout mieux savoir», entonne Tom Weidig, jugeant que le nucléaire «présente un risque similaire à celui du crash d’un avion».

Du pur «cynisme» aux yeux de François Bausch (déi gréng) qui rappelle en outre que l’investissement dans l’énergie atomique «constitue aussi un risque de prolifération nucléaire». En d’autres termes : la recherche prônée par les défenseurs du nucléaire pourrait aussi contribuer au développement de nouvelles armes nucléaires.

D’où l’importance de continuer à miser sur l’énergie verte et durable. «On n’en est qu’au début des renouvelables. Les panneaux solaires et éoliennes de demain ne seront plus comparables à ceux d’aujourd’hui. En aucun cas doit avoir lieu un retour au nucléaire», insiste finalement Marc Goergen (Parti pirate).

Un commentaire

  1. L’électricité nucléaire est la seule -pour le moment- source d’avenir. En effet:
    – le pétrole finira bien par s’épuiser, beaucoup plus tard que les peakoileurs le répètent depuis 30 ans
    – les moulins à vent et les miroirs magiques ont besoin d ‘un backup quand il y n’y a ni vent ni soleil. Ils ne résolvent donc rien
    – l’hydrogène n’est pas une source d’énergie; il faut le produire avec…de l’énergie
    Reste le nucléaire, surtout à neutrons rapides qui utilise comme combustible les déchets des centrales actuelles.