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Une pétition pour généraliser le tiers payant bientôt débattue


La pétition a récolté plus de 4 500 signatures jeudi matin. (illustration le Quotidien)

Lancée le 22 décembre et signable jusqu’au 2 février sur le site internet de la Chambre des députés, la pétition de la citoyenne Jill Sterba a atteint ce jeudi le seuil des 4 500 signatures lui ouvrant, dans un futur proche, la voie à la tenue d’un débat public en salle plénière du Parlement.

La pétition publique n° 922 devrait continuer à faire parler d’elle dans les jours et semaines à venir. En effet, elle semble fédérer à vitesse grand V, depuis la date de son dépôt à la Chambre. Si bien que la pétitionnaire s’en est retrouvée quelque peu étonnée.

«Je ne m’attendais pas vraiment à cet engouement. Dès le premier jour, ma pétition a récolté autour de 700 signatures», relate Jill Sterba.

Alors que la pétition atteignait mercredi soir plus de 3 700 signatures, Jill Sterba préfère garder les pieds sur terre : «Certes, je commence tout doucement à me préparer à présenter mes arguments, si jamais je devais être conviée à un débat public à la Chambre des députés et ce, pour que soit introduit le tiers payant chez les médecins. Ceci dit, j’estime qu’il est trop tôt pour prétendre s’imaginer atteindre concrètement le but final poursuivi», explique humblement la pétitionnaire.

Car elle n’en est pas à son premier essai. En effet, Jill Sterba avait déjà écrit, il y a quelques années, à l’actuel président de la Chambre, Mars Di Bartolomeo, qui n’est autre que… l’ancien ministre de la Santé.

«Monsieur Di Bartolomeo m’avait expliqué que le tiers payant était déjà une réalité auprès des kinésithérapeutes et des pharmaciens». Bref, ce langage diplomatique équivalait à une «fin de non-recevoir».

Un bébé arrive, les factures s’accumulent

Tenace, Jill Sterba n’en est pas restée là, car son expérience personnelle l’a poussée à persister et à signer (sa pétition).

Sa motivation initiale? «Je suivais des études supérieures à Paris entre 2007 et 2012, et à chaque fois que je devais consulter un médecin, je le réglais directement et uniquement le tiers payant par le biais de ma carte vitale dotée d’une puce électronique. C’était très simple», raconte-t-elle.

Mais lorsque Jill Sterba a achevé ses études et qu’elle est revenue au Luxembourg, devoir avancer l’argent et risquer des fins de mois difficiles l’a tout simplement «énervée».

D’où son courrier à l’ancien ministre de la Santé. Loin de se décourager, la motivation de la pétitionnaire a ensuite été décuplée à la suite d’un heureux évènement survenu au mois de juillet dernier. «J’ai eu un bébé il y quelques mois et les factures de pédiatres se sont rapidement accumulées», relate-t-elle.

En conclusion, l’objet de sa pétition est donc double : permettre aux patients de mieux gérer leurs rémunérations mensuelles et aller dans la direction d’une sorte de simplification administrative. Ceci dit, l’issue finale de sa requête pourrait bien se heurter à l’avis des médecins, d’après les échos que Jill Sterba a eus.

«Je ne suis pas certaine que les médecins y soient favorables, contrairement à la Caisse nationale de santé», estime-t-elle. Gageons, toutefois, que l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) prendra position sur l’objet de la pétition en question lors du très prochain débat public au Parlement.

  • «Les médecins bloquent notre revendication de longue date»

Pour Carlos Pereira, membre du bureau exécutif de l’OGBL et du comité directeur de la CNS, la donne est on ne peut plus claire : «Nous revendiquons depuis des années la généralisation du tiers payant, mais les médecins bloquent cette revendication de longue date.»

En cause, le délai de remboursement par la CNS des consultations médicales, selon Carlos Pereira. La seule avancée obtenue par le syndicat est le tiers payant social, entré en vigueur début 2013.

Le dispositif s’adresse aux personnes à revenu modeste qui ont la possibilité de demander le tiers payant social auprès de l’office social en charge et qui ne doivent plus avancer leurs dépenses de soins de santé, pour ensuite en demander le remboursement, car les prestations médicales et dentaires sont directement prises en charge par la CNS.

«Mais, explique le syndicaliste, les médecins se sont toujours opposés à la généralisation du tiers payant, car apparemment la CNS prendrait trop de temps pour faire parvenir les remboursements.»

Sans parler des remboursements qui peuvent être effectués par chèques dans le cas où l’assuré aurait lui-même avancé les frais des soins et souhaiterait être remboursé directement par chèque, au lieu d’attendre le remboursement par virement : «Les chèques concernent des milliers de remboursements, mais il faut savoir que la démarche à faire est particulièrement « embêtante ». La généralisation du tiers payant permettrait de réduire considérablement le nombre de ces chèques.»

Cela étant, le point le «moins compréhensible pour justifier ce blocage des médecins», est, selon Carlos Pereira, celui des factures en milieu hospitalier, qui ne peuvent être acquittées de suite par certains patients : «Tout le monde ne peut pas payer directement une facture de plusieurs centaines d’euros après avoir par exemple consulté un cardiologue en milieu hospitalier!»

Claude Damiani

Un commentaire

  1. Ce n’est pas parce que la France fait sottise sur sottise, comme le tiers payant généralisé que le Luxembourg doit lui emboîter le pas.
    Déjà que les citoyens n’ont plus aucune idée du prix réel des médicaments, le tiers payant chez le médecin déresponsabilise encore un peu plus le citoyen pris en charge par un état-maman, qui en fait, volontairement, un handicappé mental, plus facile à manipuler ultérieurement.