Lors des fêtes de fin d’année qu’on célèbre en famille ou entre amis, l’association SOS Détresse connaît un pic d’activité : les bénévoles se relaient pour apporter écoute et réconfort aux personnes isolées.
Pas évident de garder le moral lorsqu’on se retrouve seul pendant que tout le monde célèbre Noël et le nouvel an en profitant de ses proches. Si tout au long de l’année, le service d’aide et d’écoute SOS Détresse réceptionne plus de 3 000 appels (lire ci-contre), il observe une recrudescence de l’activité durant les fêtes.
«C’est une période sensible», confirme Susana Campos, l’une des cinq psychologues de l’équipe. «Les gens ressentent du stress, de la pression liée à tous les préparatifs. On s’attend à des moments de bonheur et parfois, ils ne sont pas à la hauteur des attentes.»
Un mal-être qui peut se muer en véritable souffrance : «Pour les personnes isolées, ce sont des jours délicats car elles se rendent compte que leur vie est différente, sans personne avec qui partager les fêtes. L’échange avec nos répondants est, pour certaines, l’unique conversation de la journée. Nous sommes là pour leur apporter cette présence», poursuit la jeune femme.
Au bout du fil, une cinquantaine de répondants, formés spécifiquement par l’association, se relaient pour recueillir la parole des personnes en détresse. «La mission, c’est l’écoute bienveillante, sans jugement, et le soutien émotionnel, à tous ceux qui en ressentent le besoin», indique-t-elle. «On tente de comprendre ce qui se passe et d’instaurer un dialogue basé sur la confiance. Ces gens ont avant tout besoin de se sentir compris.»
Certains veulent simplement parler, raconter leur histoire, leur ressenti. D’autres sollicitent une aide pour prendre une décision ou l’adresse d’un service spécialisé. Le service est conçu comme un coup de pouce ponctuel, mais il arrive que le suivi devienne régulier.
Parmi les thèmes qui préoccupent les appelants, la plupart concernent les relations interpersonnelles : des personnes qui sont confrontées à une crise ou une épreuve de la vie, dans leur couple ou leur famille. Il y a aussi celles qui souffrent de problèmes de santé, de maladies psychiques, d’addictions. Des soucis qui peuvent déclencher une crise suicidaire dans certains cas. D’où l’importance de SOS Détresse, accessible sans rendez-vous, rapidement, et directement depuis chez soi.
Ce qui ne veut pas dire que les bénévoles remplacent une prise en charge médicale : «Notre travail est complémentaire de celui des professionnels. Notre écoute ne poursuit aucun but thérapeutique mais se révèle précieuse dans l’attente d’un prochain rendez-vous chez un psychologue, ce qui peut prendre des mois», note Susana Campos.
Une nouvelle formation ouverte à tous
Pas question de décrocher le téléphone sans être solidement préparé : SOS Détresse dispense ainsi un cursus d’apprentissage complet qui peut s’étaler jusqu’à 18 mois. «Nous avons régulièrement besoin de renforcer nos rangs de bénévoles. Chaque année, nous lançons donc une nouvelle formation. Centrée sur la psychologie, la connaissance de soi, mais aussi les techniques d’entretien, et les grands thèmes comme le deuil ou les psychoses, elle permet à nos volontaires d’être bien outillés», détaille la psychologue.
Les apprentis répondants s’entraînent ainsi, à raison d’un cours chaque semaine pendant au moins un an, à poser les bonnes questions et à exprimer de l’empathie, tout en gardant la bonne distance pour préserver leur propre santé mentale. Car la mission peut s’avérer rude : «Eux aussi sont écoutés si nécessaire, ils ne sont jamais laissés seuls. Ils sont heureux de donner mais disent aussi recevoir beaucoup en retour.»
La prochaine formation (en luxembourgeois) débutera le 12 janvier après une présélection des candidats, qui doivent notamment faire preuve de stabilité émotionnelle et des qualités humaines indispensables pour leur future tâche (respect, tolérance, bienveillance, etc.) Une session en anglais sera aussi proposée au cours de l’année.
Contacter SOS Détresse
– Par téléphone au 45 45 45, de manière gratuite et anonyme, tous les jours de 11 h à 23 h et les vendredis et samedis jusqu’à 3 h en français, luxembourgeois et allemand.
– Par écrit, via le formulaire en ligne sécurisé, garantissant l’anonymat, disponible sur le site de l’association. Réponse dans un délai de trois jours ouvrés. En français, luxembourgeois, allemand, portugais et anglais.
– Prochainement via messagerie instantanée (déploiement de ce service en ligne prévu au cours de 2023, sur certaines plages horaires).
Soixante-douze pour cent des appelants sont des femmes, âgées de plus de 50 ans, concernées par des troubles psychiques.
Parmi tous les appels à l’aide reçus par SOS Détresse, les statistiques montrent que ce sont en grande majorité les femmes (près de trois quarts des échanges) qui décrochent leur téléphone pour trouver du soutien.
Si tous les âges sont représentés, de 15 à 70 ans, les plus de 50 ans sont, de loin, les plus nombreux à contacter l’association par téléphone. La moyenne d’âge est plus jeune parmi ceux qui optent pour la communication par courriel (moins de 30 ans).
Leurs raisons de chercher de l’aide sont multiples, et se croisent : 60 % des conversations tournent autour de troubles psychiques ou psychiatriques, la solitude, l’isolement, un état émotionnel intense, un traumatisme. Quarante-huit pour cent abordent des problèmes relationnels ou sociaux, avec les autres en général, ou avec le conjoint, la famille. Seize pour cent évoquent des problèmes de santé physique, le handicap, la douleur. Enfin, 10 % parlent de dépendance ou d’addiction et des conséquences.