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Une peine de quatre ans de prison requise contre Jawad Bendaoud


Selon le procureur, "il n'y a pas suffisamment d'éléments pour pouvoir affirmer que Jawad Bendaoud connaissaient et savaient que les deux fuyards avaient participé aux attentats» (photo: illustration AFP)

Une peine de quatre ans de prison a été requise mardi contre Jawad Bendaoud, le procureur estimant qu’il n’y avait « pas assez d’éléments » pour affirmer qu’il savait que les deux hommes qu’il hébergeait étaient des jihadistes des attentats du 13 novembre 2015.

Le procureur Nicolas Le Bris a demandé la même peine pour Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, qui avait joué le rôle d’intermédiaire: 4 ans de prison avec un maintien en détention. « On peut leur reprocher le recel de criminels, mais pas le recel de criminels terroristes », a-t-il dit.

Les deux hommes sont jugés depuis le 24 janvier pour « recel de malfaiteurs terroristes » devant la 16ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Ces délinquants multirécidivistes encourent 6 ans de prison.

Jawad Bendaoud comparait pour avoir mis à disposition d’Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats, et de son complice Chakib Akrouh, un squat où ils s’étaient repliés, à Saint-Denis. C’est là qu’ils sont morts dans l’assaut des policiers du Raid, le 18 novembre.

Il s’agit du premier procès en lien avec les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, au nord de Paris. « Ni Mohamed Soumah ni Jawad Bendaoud ne pouvaient ignorer qu’ils apportaient leur aide à des criminels en fuite », a déclaré dans ses réquisitions Nicolas Le Bris.

Mais « il n’y a pas suffisamment d’éléments pour pouvoir affirmer qu’ils connaissaient et savaient que ces deux fuyards avaient participé aux attentats », a poursuivi le procureur. Il y a « des éléments troublants mais pas assez d’éléments pour affirmer qu’ils ont apporté leur aide » à Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, a-t-il encore dit.

Tout au long du procès, Jawad Bendaoud a nié avoir su qu’il hébergeait des jihadistes du 13-Novembre. Il les croyait tous morts, ne savait pas que certains étaient en fuite, a-t-il répété. Le procureur a prononcé les réquisitions les plus sévères à l’encontre du troisième prévenu, Youssef Aït Boulahcen, qui comparait libre.

Il est jugé pour « non dénonciation de crime terroriste ». C’est le cousin d’Abdelhamid Abaaoud et le frère d’Hasna Aït Boulahcen, qui cherchait une planque pour les jihadistes et qui est morte dans l’assaut du Raid.

La peine maximale de cinq ans a été requise contre lui, avec un mandat de dépôt. Youssef Aït Boulahcen présente « pour moi le profil le plus inquiétant », a démarré le procureur quand il a commencé à évoquer le cas de ce prévenu.

« C’est quelqu’un qui adhérait parfaitement à l’idéologie de l’État islamique », a-t-il poursuivi. Pendant le procès, le prévenu a cherché à minimiser ses liens avec sa sœur. « On ne choisit pas sa famille », avait-il dit, en expliquant avoir changé de nom après les attentats du 13-Novembre.

Il a cherché également à se faire passer pour un musulman modéré, ce qui n’a pas convaincu. « On est dans la dissimulation », a critiqué Nicolas Le Bris. Le prévenu a cherché à « masquer un projet d’attentat d’Abdelhamid Abaaoud, qui voulait frapper à nouveau ».

Pendant l’assaut du Raid, il avait fait un montage avec un portrait de son cousin et des images de l’opération de police avec le message: « Qu’Allah le préserve ». « Il a eu un discours extrêmement lissé, calibré à l’audience. (…) Je me demande s’il ne vaut pas mieux les explications rocambolesques de Jawad Bendaoud que les explications très maîtrisées (de Youssef Aït Boulahcen, ndlr), un personnage qui fait froid dans le dos », a conclu le procureur.

Après les réquisitions ont démarré les plaidoiries des avocats de la défense. Le jugement doit être mis en délibéré.

Le Quotidien/ AFP