C’est la Passacaglia du compositeur Kerry Turner qui, avec un an de retard en raison du covid, amorcera les festivités officielles de la fête nationale, jeudi à la Philharmonie.
Passacaglia, c’est le nom de l’œuvre qui ouvrira la cérémonie officielle de la fête nationale. Une composition de Kerry Turner qui était initialement prévue l’an passé. Le contexte en a décidé autrement et il aura fallu attendre un an de plus pour entendre son œuvre. Elle sera enfin présentée au public jeudi à la Philharmonie Luxembourg par l’Orchestre philharmonique du Luxembourg.
Une ouverture joyeuse, c’est le souhait du compositeur : «Pendant la grande pandémie de coronavirus de 2020 à 2022, j’ai composé plusieurs pièces différentes. Nombreux compositeurs et artistes différents créaient des œuvres d’art qui reflétaient ce que le monde a vécu à cette époque. Je n’ai pas commencé à travailler sur la pièce en pensant à la pandémie et à la tristesse que nous ressentions tous. Je voulais créer un morceau de musique qui célébrerait la fête nationale luxembourgeoise. En mars 2021, lorsque j’ai appris que j’avais reçu cette commission, le monde était encore un endroit incertain et sombre. Donc sans m’en rendre compte, ma musique a commencé à refléter le sentiment général que nous ressentions tous à cette époque. Après environ quatre minutes de morceau, l’orchestre atteint un point qui ressemble à une célébration, mais en réalité, le monde n’était pas prêt, et voila l’évènement a été annulé. Donc j’ai décidé de terminer la pièce avec un point d’interrogation géant.»
«Un immense honneur»
Heureusement, les six minutes pour orchestre symphonique vont pouvoir rencontrer le public. Le corniste Kerry Turner a été choisi parmi treize compositeurs et compositrices qui avaient répondu à l’appel à candidatures lancé par le ministère d’État et le ministère de la Culture en 2021. La commande est dotée d’un tarif de 5 000 euros.
Pour le musicien, c’est une grande joie d’avoir été retenu. «Je ne savais pas à l’époque combien de compositeurs avaient soumis des candidatures pour ce prix. Je viens de découvrir ça. Et donc maintenant je sens que c’était un immense honneur d’avoir été choisi. J’ai déjà composé des autres pièces pour l’OPL (NDLR : Orchestre philharmonie du Luxembourg), j’ai donc une bonne relation avec cet ensemble.»
Un travail accessible à tous
La carrière du compositeur Kerry Turner s’est accélérée au cours de ces dernières années. Ses œuvres pour cor, combinées avec les formations de musique de chambre les plus diverses, sont écoutées dans le monde entier. Il a reçu des commandes de composition de nombreuses organisations, notamment de la United States Air Force Heritage of America Band, de l’Ensemble de cors japonais, de la Richmond Virginia Chamber Music Society et de la Philharmonie du Luxembourg.
Une notoriété en partie due à un travail qui ne s’adresse pas qu’aux connaisseurs mais qui se veut accessible à tous, comme l’explique le corniste : «J’ai composé plus de 90 œuvres et j’ai développé un son et un style reconnaissables. Cependant, j’ai toujours essayé d’utiliser des formes conventionnelles comme plateforme pour chaque pièce que j’écris. Une Passacaglia (le titre de la pièce) est une forme musicale ancienne, que les compositeurs utilisent depuis des siècles. La forme traditionnelle aide le public à se sentir à l’aise avec une nouvelle pièce.»
D’ailleurs la Passacaglia (en italien, «passacaille» en français) est plus qu’un genre musical importé par les marins de l’Inde vers l’Espagne à la Renaissance, c’est aussi une danse.
Le plus luxembourgeois des Américains
Le CV du compositeur, né aux États-Unis en 1960, laisse penser que c’est l’œuvre d’un Américain de renom dans le monde du cor mais aussi des cuivres qui ouvrira les festivités. Il a étudié à New York où il a obtenu son diplôme à la Manhattan School of Music, mais s’il joue depuis sur quatre continents, il s’est ensuite tourné vers l’Europe. Il a poursuivi ses études avec Herrmann Baumann à la Haute école de musique et d’art dramatique de Stuttgart. Après ses études, il a remporté la cinquième place au Concours international de cor de Genève ainsi que la médaille de bronze au 39e Concours international de musique du Printemps de Prague.
Kerry Turner s’est produit notamment avec l’American Horn Quartet et le Virtuoso Horn Duo, il est aussi souvent invité en tant que soliste et très demandé en tant que professeur de cor.
« Les gens parlent encore de moi comme d’un Américain »
«Je suis né à San Antonio, Texas, raconte le compositeur. Cependant, j’ai étudié en Europe et j’ai déménagé au Luxembourg en 1985. J’ai donc vécu et travaillé toute ma vie d’adulte au Luxembourg et j’y ai également élevé deux enfants. Je pense que c’est drôle que les gens parlent encore de moi comme d’un Américain, parce que je me sens beaucoup plus comme un Luxembourgeois. J’ai même la nationalité luxembourgeoise.»
Alors forcément, le Grand-Duché est cher à son cœur : «Ce pays a été incroyable pour moi. J’aime la façon dont le gouvernement a toujours soutenu les arts. Même si je ne suis pas du tout une personne « patriotique« , j’ai toujours apprécié les célébrations nationales.»
Plus d’informations sur son site : www.kerryturner.com