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Une matinée dans la peau d’un soigneur du zoo d’Amnéville


(Photo : Julien Garroy)

Nettoyage de l’enclos des rhinocéros, découverte de l’entraînement médical d’un éléphant, nourrissage de tortues et de girafes : le zoo d’Amnéville propose de devenir soigneur le temps d’une journée. Reportage.

8h30, un chaud lundi de juillet. Nous avons enfilé nos baskets pour découvrir un métier qui fait rêver beaucoup d’amoureux des animaux : celui de soigneur. Le zoo d’Amnéville propose en effet une activité pour découvrir les coulisses de cette profession, afin de «montrer la réalité du travail, sensibiliser les gens au rôle d’un parc zoologique et à la biodiversité qui est en train de disparaître», explique Tim, l’assistant pédagogique du zoo et notre hôte de la matinée.

Ce jour-là, Isabelle, passionnée par les animaux et spécialement venue des Ardennes pour l’occasion, ainsi que Julie, tout juste 15 ans, sont de la partie. «Depuis toute petite, je suis fan des animaux et j’ai toujours été attirée par le métier de soigneur», explique l’adolescente, qui a déjà eu l’opportunité de faire un safari en Afrique du Sud. «Comme j’hésite entre devenir soigneuse et travailler avec les enfants, cette journée va me permettre d’avoir un aperçu du métier.»

Environ 2 000 animaux à nourrir

La matinée commence par la découverte des cuisines du parc : la grange où sont stockés la paille et le foin; la cuisine à proprement parler avec les appareils électroménagers; les frigos avec des légumes et des fruits à foison; les chambres froides réservées à la viande. «Exception faite des vers, des criquets et des grillons, nous ne donnons pas de viande vivante, mais uniquement de la viande congelée, pour des questions éthiques : dans la nature, la proie aurait une chance de s’échapper», nous apprend Tim.

Chaque jour, plus de 300 gamelles sont préparées ici par les trois agents entièrement dédiés à la cuisine afin de nourrir les quelque 2 000 animaux du parc. La plupart des fruits et des légumes proviennent de la région et sont achetés à la Provençale, à raison de 3 000 kilos par semaine.

«Les vétérinaires calculent des rations alimentaires avec les fruits et légumes à notre disposition. Par exemple, un gorille dans le milieu naturel ne mange quasiment que des feuilles, environ 14 kilos par jour. Ici, il peut avoir d’autres apports, donc il recevra plutôt 10 kg de feuilles au quotidien», explique Tim.

Bien sûr, le régime alimentaire est adapté au rythme des espèces (les grands herbivores ont par exemple de la nourriture à volonté toute la journée). Mais nous découvrons qu’au sein d’un zoo, la nourriture est aussi utilisée pour stimuler les animaux.

«Dans la nature, un animal passe beaucoup de temps à marquer son territoire, à essayer de ne pas se faire manger et à manger. Il s’agit donc de compliquer l’accès à la nourriture et d’utiliser différentes odeurs pour l’occuper.»

Bien connaître ses animaux

Direction ensuite l’enclos des rhinocéros, pour retrouver leur soigneur, Sébastien. Comme lui, ils sont une cinquantaine de soigneurs dans le parc, répartis sur différents secteurs et titulaires d’un poste précis : rhinocéros, girafes, éléphants, etc. «Cela permet d’avoir toujours les mêmes animaux et de très bien les connaître, donc de voir immédiatement si quelque chose ne va pas», nous explique-t-il.

Malgré l’envie, il ne sera pas possible de caresser Cera, Mosl et Paxi, les trois bébés rhinos, et leurs mamans de deux tonnes chacune pour des raisons de sécurité et sanitaires. «Même les soigneurs ne rentrent jamais dans l’enclos. Ces géants au caractère sensible et affectueux peuvent parfois se montrer particulièrement agressifs. Cette réaction est une qualité requise pour survivre, car ils ont une très mauvaise vision. Dans le doute d’un danger, ils sont partisans du principe « la meilleure défense reste l’attaque »», nous fait savoir Sébastien.

Par contre, les soigneurs d’un jour sont invités à participer à l’une des tâches quotidiennes de Sébastien : le nettoyage de l’enclos. Râteaux et pelles à la main, c’est parti pour ramasser les excréments (volumineux) des rhinocéros, qui seront régulièrement récupérés par un fermier pour faire du chauffage à partir de la méthanisation.

Donner le goûter aux girafes

Un peu plus loin, avec les éléphants, c’est une autre facette du métier que nous découvrons : l’entraînement médical. Les soigneurs mettent en œuvre des techniques d’apprentissage pour renforcer des comportements naturels afin que les animaux se laissent soigner.

Grâce à un geste et un mot (toujours en anglais, afin que les animaux ne soient pas perturbés en cas de transfert dans un autre zoo), Inga, une petite femelle de 39 ans, va ainsi docilement accepter une pédicure : le parage. Une étape indispensable pour éviter tout risque d’infection.

Chaque action est récompensée par de la nourriture. Mais surprise ! Les soigneurs sont eux aussi récompensés puisqu’ils peuvent tendre quelques fruits à Inga qui les récupère avec sa trompe, en fixant le donneur d’un regard particulièrement intense ! La matinée s’achèvera par le nourrissage des tortues radiata et le goûter aux girafes, consistant en des branches qu’elles viennent dévorer avec une force surprenante.

La tête pleine de souvenirs et de précieuses informations, Isabelle et Julie ressortent visiblement enchantées de leur expérience. «La vie d’un soigneur, c’est physique ! On a pu approcher les animaux d’assez près et j’ai énormément appris. À refaire !», s’est réjouie Isabelle.

Le zoo d’Amnéville propose plusieurs formules pour découvrir le quotidien des soigneurs et approcher au plus près les animaux, les week-ends et les mercredis en période scolaire et tous les jours pendant les vacances :

Soigneur d’un jour – adulte (15 ans et +) : nettoyage de la plaine des rhinocéros, rencontre avec les girafes, nourrissage des tortues radiata…

Soigneur d’un jour – adolescent (11 à 14 ans) : préparation des repas des tigres blancs, des hippopotames et des tapirs, découverte des serpents…

Soigneur d’un jour – enfant (7 à 10 ans) : nettoyage de l’enclos de l’ours brun, préparation des repas des ratons-laveurs et des coatis

Visite en famille : préparation et distribution de la ration des ratons-laveurs, rencontre avec les lycaons, lancer de poissons avec les pélicans frisés

Soigneur une semaine (8 à 14 ans) : nourrissage de nombreux oiseaux, nettoyage des enclos, entraînement médical…

Toutes les informations et les tarifs sont à retrouver sur zoo-amneville.com, rubrique Animation.

Texte : Tatiana Salvan / Vidéo : Sophie Wiessler