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Une Maison de retour pour réfugiés déboutés 


La Maison de retour encore provisoire va être installée dans les locaux de la structure d’hébergement d’urgence, installée au Kirchberg (SHUK). (photo archives LQ)

Les demandeurs d’asile déboutés seront placés et vont bénéficier d’un «encadrement social ciblé» dans cette nouvelle infrastructure, placée sous la direction du centre de rétention. La Maison de retour sera opérationnelle dès ce dimanche.

Comme annoncé, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV), compte se montrer plus strict dans la politique migratoire. L’expulsion renforcée des demandeurs d’asile déboutés qui se trouvent en séjour irrégulier au Luxembourg constitue ainsi une priorité. La mesure concerne à la fois les retours vers un autre État de l’Union européenne que vers les pays d’origine des personnes qui ont tenté en vain de trouver refuge au Grand-Duché.

En janvier, le ministre qui compte l’Immigration parmi ses attributions, avait mis en perspective la création d’une Maison de retour, réservée en priorité aux familles avec enfants. Depuis jeudi, de plus amples détails sur ce nouveau type d’infrastructure, complémentaire au centre de rétention, sont connus. L’idée est «d’offrir un encadrement social ciblé afin d’accompagner les personnes en amont de leur retour et d’encourager le recours au retour volontaire, ceci dans l’intérêt des personnes concernées».

Cette première Maison de retour sera provisoirement aménagée à l’intérieur de la structure d’hébergement d’urgence, installée au Kirchberg (SHUK). La direction sera assurée par le centre de rétention, où sont également placées des personnes en séjour irrégulier et forcées de quitter le territoire. La Maison de retour se doit néanmoins être complémentaire au centre de rétention, comme l’expliquait en début d’année le ministre chrétien-social. 

Le communiqué ne précise toutefois pas dans quelle mesure ce seront vraiment les familles avec enfants qui seront hébergées en priorité dans la nouvelle structure au Kirchberg. En juillet 2023, la direction de l’Immigration et les responsables du centre de rétention avaient expliqué en commission parlementaire que «le placement des familles au centre de rétention est le dernier recours». 

Nouveau concept pour les retours volontaires

Selon l’écrit diffusé jeudi, la Maison de retour est censée accueillir les demandeurs d’asile déboutés, ayant épuisé tous les recours judiciaires possibles, tout comme les personnes qui doivent être transférées vers le pays de l’UE.

Pour ces dernières s’applique le règlement de Dublin, nom d’un accord qui arrête que toute demande de protection internationale doit être traitée dans le premier État européen où une telle demande a été formulée. En clair, le Luxembourg n’est pas compétent pour statuer sur les dossiers introduits par des personnes arrivées au pays après avoir introduit une demande dans un autre État membre de l’UE.

La mise sur pied d’une Maison de retour, qui sera opérationnelle dès dimanche, serait une des mesures qui «s’inscrivent dans la volonté générale du gouvernement de promouvoir le retour volontaire et d’optimiser et rendre plus efficientes les procédures d’asile et d’accueil, ceci à toutes les étapes d’une demande de protection internationale». 

Devant les députés, le ministre des Affaires intérieures s’était engagé à pleinement respecter les droits de l’homme et la dignité humaine pour mener, le cas échéant, des retours forcés de demandeurs d’asile déboutés.

Le gouvernement se penche en parallèle sur un nouveau concept encourageant les retours volontaires de personnes faisant l’objet d’une décision d’éloignement du territoire. 

Est également impliqué le ministre de la Famille, Max Hahn (DP), qui est lui en charge de l’accueil et de l’hébergement des demandeurs d’asile.

Près de 200 demandeurs d’asile ont quitté le territoire depuis janvier

Les derniers chiffres de la direction de l’Immigration permettent de voir plus clair sur le nombre de demandeurs de protection internationale déboutés courant 2024 et qui ont déjà quitté le Luxembourg.

La plus grande partie concerne les personnes qui ont été transférées dans le pays européen où ils avaient introduit leur première demande d’asile. Il s’agit de l’application du règlement de Dublin. Depuis janvier, 132 demandeurs d’asile tombant sous ce régime sont retournés dans un autre État de l’UE. L’Allemagne arrive en tête (32 personnes), suivie de la France (23 personnes) ainsi que des Pays-Bas et de l’Espagne (19 personnes chacun). Des transferts ont eu lieu dans 15 pays différents. Dans le sens inverse, 23 demandeurs d’asile ont été renvoyés au Luxembourg.

Parmi les autres demandeurs d’asile déboutés, ils sont 62 à être retournés, pour la plupart, dans leur pays d’origine. La liste des États est très longue et variée. Parmi ces personnes, on note 48 retours volontaires et 14 retours forcés.

En tout, ce sont donc 194 demandeurs d’asile qui ont quitté le territoire depuis le début de cette année.

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