Derrière la scène du Grand Théâtre se cachent des équipements de haute technologie qui seront bientôt étoffés par un nouveau projet, aujourd’hui en phase de développement.
Le Grand Théâtre de Luxembourg lève le voile, et son rideau. De la scène du grand plateau à la salle de commande, l’établissement culturel luxembourgeois est une machinerie complexe et impressionnante. À plus de 30 mètres de haut, au-dessus de l’arrière-scène où se déroule ce matin-là la répétition d’une pièce de théâtre, nous découvrons les équipements et dispositifs qui permettent de déplacer les décors et l’espace scénique.
Une machinerie de haute technologie qui a pris place en 2002 à l’initiative de Waagner-Biro Luxembourg Stage Systems, une entreprise luxembourgeoise, spécialisée dans le développement de technologies de contrôle de scène. «Nous avons fait un renouvellement du système en 2018 et installé des machines supplémentaires il y a deux ans de cela», indique Jean-Marie Schiltz, dirigeant et cofondateur de la société.
Un équipement de haute technologie qui sera bientôt étoffé. Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a en effet signé hier une convention de cofinancement dans le but de favoriser de nouvelles technologies innovantes de contrôle de scène, développées par Waagner-Biro Luxembourg Stage Systems. «On est en train de tester un système de chariots mobiles qui pourront être directement positionnés sur la scène. Derrière ce projet, le but est de préparer rapidement les décors avant et pendant les spectacles. On veut aussi créer un effet waouh et artistique pour les spectateurs», détaille Jean-Marie Schiltz.
Un coût total de 6,8 millions d’euros
Ce projet, entrepris conjointement avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et évalué à un peu plus de 6,8 millions d’euros, permettra à de nombreux théâtres et scènes de spectacle du Luxembourg de disposer de ces technologies de pointe.
Pour financer ce projet, la société a donc profité d’un cofinancement à hauteur de 57 % de la part du ministère de l’Économie. Une aide dont elle avait déjà bénéficié en 2014. «Cette entreprise contribue au rayonnement de l’expertise et de l’innovation luxembourgeoises auprès des acteurs de la culture et du théâtre à travers le monde. Le financement des activités de recherche, de développement et d’innovation est un aspect essentiel pour toute entreprise innovante, peu importe son secteur d’activité», a déclaré Franz Fayot lors de la signature de la convention.
L’Opéra de Sydney équipé
Si cette nouvelle technologie est encore en phase de développement, d’autres sont présentes depuis de nombreuses années au Grand Théâtre de Luxembourg. Des équipements qui ont tous comme point commun d’être reliés à une intelligence artificielle appelée le Computer Aided Theatre (C.A.T., en français le théâtre assisté par ordinateur). Une technologie qui entre aujourd’hui dans sa sixième génération de développement.
Concrètement, à l’aide d’un ordinateur, le technicien peut piloter toute la scène et chaque équipement l’un après l’autre. Il gère ainsi toute la machinerie scénique d’un théâtre, comme les décors. «Il peut mettre plusieurs consoles ou pupitres sur la scène. C’est très rapide et ça permet de rendre les spectacles plus dynamiques et plus modernes. C’est aussi une volonté du public», indique le cofondateur et dirigeant de Waagner-Biro Luxembourg Stage Systems.
Au Grand-Duché, plusieurs théâtres et salles de spectacle bénéficient de ces équipements : la Philharmonie de Luxembourg, le théâtre des Capucins ou encore la salle Ariston à Esch-sur-Alzette. «Nous aimerions développer ces équipements dans le théâtre municipal d’Esch», précise Jean-Marie Schiltz.
Ces équipements ne sont pas toujours simples à mettre en place
Au total, 85 installations semblables à celles du Luxembourg ont été mises en place dans le monde et plus de 200 théâtres et 40 pays en ont été équipés. On peut citer l’Elbphilharmonie à Hambourg, l’Esplanade Theatre dans la baie de Singapour ou encore l’Opéra de Sydney. «On a installé l’équipement dans les grandes salles de l’opéra. La première a été faite il y a cinq ans et l’autre plus récemment, l’année dernière», assure le dirigeant de la société luxembourgeoise. Des équipements de haute technologie qui doivent aussi s’adapter au lieu. «Il y a encore pas mal de théâtres qui fonctionnent manuellement. Ces équipements ne sont pas toujours simples à mettre en place, surtout dans les lieux historiques où nous devons respecter certaines autorisations. En fonction des théâtres, l’installation peut durer plusieurs mois voire plusieurs années, mais c’est quand même plutôt rare», ajoute Jean-Michel Schiltz.
Après l’Australie et Singapour, ces technologies développées au Luxembourg et fabriquées en Allemagne et en Pologne pourront bientôt équiper les salles de spectacle de Chine ou celles des pays du Moyen-Orient.
De l’industrie aux salles de spectacle
Fondée en 1987 à Rodange, cette entreprise développait au départ des systèmes de commande assistée par ordinateur pour le secteur de l’industrie.
Mais deux ans plus tard, Jean-Marie Schiltz et Roland Jacoby décident de délaisser ce secteur pour s’orienter dans le monde du spectacle. «Par chance et par hasard, on a trouvé ce système-là. On est vraiment tombés amoureux de ce type de projet», explique Jean-Marie Schiltz.
Détenue à 51 % par le groupe autrichien Waagner-Biro depuis 2002, la société emploie 53 personnes au Luxembourg et 4 en Chine. Son chiffre d’affaires varie entre 8 et 10 millions d’euros par an.