Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’association a emmené ses nombreux bénéficiaires à la foire. Entre manèges et repas convivial, voici ce qu’ils y ont pu vivre.
Sous le panneau de la Fouer, s’amassaient trois groupes de personnes à la quête de bracelets orange, jaune et vert. Leur but? S’amuser au Glacis à moindre coût. Et pour cause, les personnes défavorisées accompagnées par la Stëmm vun der Strooss se sont offert une parenthèse de joie.
L’idée d’emmener les bénéficiaires de la Stëmm à la Schueberfouer remonte à une vingtaine d’années et on la doit à la directrice Alexandra Oxacelay. Depuis, la sortie s’est installée. «C’est ma troisième édition», confie Sarah, éducatrice, en distribuant à ses protégés leurs passe-droits, qui leur permettaient de «faire trois attractions grâce à un ticket et un bracelet pour manger». Ce carnet de tickets est acquis auprès de la Fédération nationale des commerçants forains qui les fournit habituellement aux entreprises. Et des tickets, il en faut! «On voit chaque fois des nouvelles têtes et toujours plus de sourires», s’amusait Sarah, notant le succès croissant de l’évènement.
Pour Brice, éducateur depuis plus de trois ans, l’importance de cette journée dépasse la simple sortie : «Pour les Luxembourgeois, la Schueberfouer, c’est culturel. Y participer, c’est une manière d’être un peu inclus dans cette société. Sur nos 70 bénéficiaires du centre d’Esch, une trentaine sont luxembourgeois. Cela reflète bien la parité entre locaux et étrangers.»
La convivialité avant tout
Dans les allées, Hadji, accompagné de son ami Jerry, ne cachait pas son enthousiasme : «C’est déjà ma deuxième fois ici. Je trouve admirable ce que font les encadrants. Ils s’investissent beaucoup et bien.» Ce cinquantenaire en a profité pour réunir ses trois enfants âgés de 17 à 21 ans, venus de Thionville. Plus loin, Isabelle, habituée des activités proposées par l’association comme celle au zoo d’Amnéville, observait les manèges à sensation avec crainte : «Moi, je préfère être le big boss et garder les sacs! Mais ce qui compte, c’est être en bonne compagnie, qu’on soit tous ensemble.»
Cette convivialité, c’est aussi ce qui a marqué Jos, qui participait pour la première fois. Ancien indépendant, victime d’un grave accident de travail, il a tout perdu : emploi, revenus, logement. «On se sent humilié. C’est pénible, quand on doit compter sur l’assistanat», confie-t-il, encore marqué par la honte. «Mais aujourd’hui, j’essaie de profiter, même si je culpabilise de m’amuser.» Ses mots en disent long sur la difficulté de se reconstruire et la réalité des bénéficiaires de l’association.
Au fil de l’après-midi, les rires résonnaient dans les attractions, les conversations se nouaient autour des tables. Derrière chaque sourire, une histoire plus ou moins marquée, mais toutes reliées par cette volonté d’oublier un peu les difficultés. «Ce n’est pas grand-chose, mais ça compte énormément», confiait encore Sarah.
(Photo Carole Theisen)
(Photo Carole Theisen)
(Photo Carole Theisen)
(Photo Hervé Montaigu)
(Photo Hervé Montaigu)
(Photo Hervé Montaigu)
(Photo Hervé Montaigu)
(Photo Hervé Montaigu)
«Une tradition qu’on compte bien poursuivre»
Depuis dix ans, des restaurateurs de la Schueb se joignent à la fête pour offrir un repas chaud aux bénéficiaires. Cette année encore, Jérôme Bigard, patron du restaurant Kessel, et Mick Loguercio, propriétaire de la mythique Friture Joslet, ont ouvert grand leurs portes. «Ma mère était bénévole à la Stëmm», rappelle Jérôme Bigard. «Elle m’a demandé de le faire, j’ai naturellement accepté et c’est normal maintenant pour moi de prolonger son engagement. Voir les sourires des gens, ça n’a pas de prix.»
Chez lui comme chez Joslet, les convives ont été reçus comme des rois : bouchées à la reine, frites, salades ou encore burgers végétariens. «On avait prévu une soixantaine de couverts», expliquait Mick Loguercio. «Et c’est une tradition qu’on compte bien poursuivre.» Avec son frère, ils avaient déjà levé des fonds à Noël et pour la Saint-Nicolas en faveur de la même association.
