Comme trop souvent, les joueurs hesperangeois n’écartent pas l’idée de faire valoir leur droit de retrait. Sur un match crucial pour le F91, la course à l’Europe en serait chamboulée.
On avait failli oublier que le Swift reste une équipe au bord de l’implosion et que son rôle de pestiféré dans ce championnat sans plus aucun intérêt pour lui, pouvait aussi tenir en un simple refus de jeu.
Personne n’ayant fait grève la semaine dernière contre le Fola, malgré l’ultimatum posé aux dirigeants de la nécessité de voir tomber sur les comptes en banque un salaire de retard toutes les deux semaines, on en avait peut-être conclu trop vite que le club avait pu satisfaire aux exigences de l’équipe. Or, non. Et vendredi soir encore, il devait en être question. «On n’a rien reçu avant le Fola, témoigne un joueur sous couvert d’anonymat. Et pourtant, on a joué. Mais là… On sait que le président va nous parler, le coach aussi. Après, on prendra nos décisions.» Les juniors contre Dudelange? C’est une éventualité qui est aussi une distorsion de concurrence.
On n’a rien reçu avant le Fola et pourtant on a joué. Mais là…
Frustré contre Pétange (1-1), qu’il a dominé de la tête et des épaules mais avec un manque de réalisme encore alarmant, Dudelange tient en Mika Pinto un coach qui ne se cache pas derrière son petit doigt et affronte les réalités. Pour le mesurer, une première question, sur le degré de stress actuel : son équipe, qui peut potentiellement tomber du podium ce week-end, a-t-elle bien plus d’expérience à faire valoir que d’autres concurrents? «Mes joueurs, bien plus que moi d’ailleurs, ont l’habitude de la bagarre des derniers matches.
Plus que certains autres effectifs. Je n’ai pas senti la moindre crainte à l’entraînement cette semaine.» Ceci étant posé, la perspective d’avoir à jouer le Swift, ce samedi, est-elle inquiétante? «À l’heure actuelle, Hesperange, c’est beaucoup d’individualités qui cherchent à rester en forme alors que la motivation n’est plus là. Alors que nous, on l’a. Et puis à l’aller, on avait fait le travail (NDLR : victoire 4-3) alors qu’ils avaient plus d’individualités et de la motivation. Donc…» Donc si, en plus, en face, il y a l’équipe allégée d’une version déjà light…
Depuis certains autres stades du Grand-Duché, on regardera quand même ça avec inquiétude. Les directeurs sportifs et présidents du pays s’insurgeaient déjà tout haut d’une éventuelle grève hesperangeoise, le mois dernier. Ils n’ont pas changé d’avis : ce serait un scandale pour l’équité sportive.
Sauf qu’à quatre journées de la fin, les coaches, eux, n’ont plus que le temps de se regarder le nombril en se persuadant que tout dépend de soi. «On ne veut surtout pas se planter» à Bettembourg, dit Yannick Kakoko, du RFCU. Quant à Stefano Bensi, lui veut croire que son équipe, et même mieux, son club, ont franchi le pallier qu’il faut : «À l’entraînement, j’ai bien vu que personne n’était stressé. Ils sont tous conscients de ce qu’on peut réaliser et ils sont sereins. Je crois qu’on est enfin prêts pour rester sur le podium.» Et ce n’est pas une grève à Hesperange qui changera ça?