Au cours d’un évènement éminent à la Philharmonie jeudi, Google a annoncé le lancement d’un bureau Luxembourg ainsi qu’un partenariat et un financement en faveur de l’université.
Lorsque Anthony Cirot, vice-président de Google Cloud EMEA South, s’empare du micro pour un point presse réalisé ce jeudi dans le hall de la Philharmonie, sa voix résonne à travers l’édifice. «On dirait que nous sommes à l’église et que je suis le prêtre», plaisante l’intéressé, surpris par l’acoustique. La comparaison fait sourire puisque sa présence dans la capitale peut s’apparenter à une grand-messe au nom de Google, souverain d’internet.
Pour l’homélie, celle-ci concerne des thématiques plus que jamais d’actualité telles que l’IA, la cybersécurité et le cloud, mais l’essentiel se trouve dans les grandes annonces destinées au Grand-Duché. Sur le plateau du Kirchberg, un tapis rouge, ou presque, est déroulé afin que le géant américain dévoile le lancement de son bureau à Luxembourg, la mise en place d’un centre d’excellence à l’université et un investissement de 500 000 dollars afin de soutenir un programme d’études en cybersécurité.
Tantôt dans le hall, tantôt dans l’auditorium, la présentation en détail de ces trois annonces a attiré de nombreux spectateurs, entre les universitaires, partenaires, clients ou membres du gouvernement tels que le Premier ministre, Luc Frieden, pour ne citer que lui.
«Nous nous sentons aimés»
Pour le vice-président du cloud en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, l’importance accordée à l’évènement est une nouvelle preuve d’affection envers sa maison mère : «Nous nous sentons aimés dans ce pays, donc nous avons envie de montrer encore plus d’amour en réponse».
Se sentant bien aimé, le G multicolore s’est donc installé dans un bureau de la capitale, au 53, boulevard Royal et «avec des vraies gens», tient à assurer Anthony Cirot. Sur place, les employés, dont le nombre reste confidentiel, auront pour mission de se concentrer sur l’adoption du cloud et l’IA en se créant un carnet d’adresses de partenaires et start-up afin de leur proposer des formations pour utiliser lesdites technologies.
Pour l’entreprise américaine, c’est également l’occasion de refaire la promotion de son cloud souverain, de pointe et déconnecté développé au Luxembourg en mars 2023. Ce dernier, intitulé «Clarence», est le premier du genre en Europe et a été adopté en décembre 2024 par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) ainsi que par le gouvernement via un partenariat signé en janvier dernier.
L’avantage de «Clarence» ? Assurer la souveraineté et une meilleure protection des données du Luxembourg, à l’image de «caméras placés devant mais aussi dans une maison», illustre Anthony Cirot.
Aider les étudiants et les entreprises
Yves Le Traon, directeur du Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l’université du Luxembourg, a aussi mis l’accent sur la nécessité de travailler sur la cybersécurité, car «il y a beaucoup à faire et beaucoup d’attaquants». C’est à ce sujet que le centre d’excellence va réaliser, en partenariat avec Google, de la recherche ainsi que sur l’IA et l’ingénierie des systèmes cloud.
Le centre sera également un incubateur afin de permettre aux étudiants et entreprises luxembourgeoises d’utiliser les technologies américaines, de s’y entraîner et de bénéficier de crédits afin de mener à bien leurs projets. «C’est difficile pour des chercheurs ou start-up de réaliser leurs projets alors Google peut les aider et les faciliter», se réjouit l’universitaire. Google promet aussi de pouvoir permettre à certains de «vendre leurs projets à l’étranger et à travers le monde entier grâce au marketplace du cloud».
Les 500 000 dollars de Google.org, la branche philanthropique, serviront eux à financer le programme d’études en cybersécurité qui comprendra des stages, des mentorats et des hackathons afin de former les étudiants à la défense des organisations nationales.
Bientôt le dénouement pour Bissen ?
Impossible d’évoquer Google au Grand-Duché sans traiter du projet du data center à Bissen. Lancé en 2017, ce dernier s’est transformé en véritable feuilleton dont l’issue reste encore incertaine. Interrogé sur la question, Anthony Cirot a renforcé le suspense : «Je ne peux rien annoncer mais peut-être un jour, c’est à suivre».
Les élus locaux ont néanmoins voté le 13 janvier dernier une convention d’exécution pour l’installation d’un centre de données. Le représentant de Google s’est, lui, simplement contenter d’ajouter habilement que «plus on aura une opportunité dans le pays, plus on aura besoin de moyens proches».